Vier

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Le lendemain matin, je me réveille et je ne sais pas trop comment je me sens. On aurait dit que ce rêve était plus réel que les autres. Comme s'il représentait mon futur ou je ne sais pas quelle autre connerie de ce genre. J'ouvre les yeux et regarde autour de moi. Toujours à l'orphelinat. Pas la chambre de rêve (petit jeu de mot). Le jour de mes dix-huit ans, le jour où on me met à la porte ce stupide orphelinat, ce jour est aujourd'hui. Je prends ma valise déjà prête, je vais à la cuisine manger mon dernier petit déjeuner et sort pour la dernière fois de cet endroit si horrible. Je ne regrette pas. Je suis mieux seule de toute façon. Je suis heureuse de partir, je suis libre.

Soudain, je vois une plume blanche, aussi blanche que celle de la colombe de mon rêve. C'est étrange elle me donne un sentiment de déjà vu. Puis, aussi vite qu'elle est apparue, elle s'éloigne.  Je décide de la suivre, pour une raison absolument tordue. Et si c'était mon destin? De toute façon je n'ai rien de mieux à faire alors pourquoi pas. Elle vole assez rapidement et prend des raccourcis que je ne connais pas. Remarque, je ne suis pratiquement jamais sortie de l'orphelinat ce n'est pas pour rien que je ne connais pas le quartier. Les gens me regardent comme si j'étais folle, peut-être ont-ils raison, mais je m'en fou. Une nouvelle vie commence et je ne vais pas la passer à me préoccuper de ce que les autres peuvent penser de moi ou pas. Je suis ce que je veux être pas ce que les autres veulent que je sois. Quoique... est-ce que je veux vraiment être folle? Naaan. Je suis pas folle, je ne fais que suivre une plume qui me mène je ne sais pas où. Peut-être que c'est de la magie ou bien de la sorcellerie ou seulement le vent. Mais j'espère que ça sera quelque chose de grandiose.

Finalement, au bout d'un certain temps la plume se pose sur un banc. Et je me tourne. Le banc est face à un parc d'attraction. Il est vieux et en décomposition pour certains manèges mais j'aime tout de suite cet endroit. Comme un coup de foudre. Je me penche vers la plume et m'aperçois qu'elle a changé de couleur. La base est devenue bleue. Comme un sortilège qu'on aurait jeté à la plume. Peut-être que plus mon destin se dessinera dans la bonne voie plus elle sera bleue? Je décide de conserver la plume et de la mettre dans la poche de mon manteau léger. Je m'assieds un moment sur le banc où la plume m'a guidé. Le soir commence à tomber et le soleil se couche dans un nid de nuage à l'horizon. Je l'envie, ce doit être plutôt confortable de dormir là-bas... et moi je vais dormir où? Certainement pas sur un banc comme les sans abris. Mais c'est ce que tu es maintenant, Larry. Une sans-abris.

Ça suffit. Je ne m'appelle plus Larry. Nouvelle vie, nouveau départ qui veut dire nouveau nom. Je suis Plume à présent. Je sors la plume et souris. Je sais où je vais à présent. Dans le parc d'attraction. Un coup de coeur ne se fait pas comme ça, pour rien. Il y a une raison à cet événement phénoménal qui n'est qu'un moment parmi tant d'autres plus grands. Je dois aller là-bas et voir. Je pourrais le regretter sinon... En plus, ce doit être plus sécuritaire de dormir là que sur un banc de parc où n'importe qui pourrait m'attaquer ou pire me tuer! Je m'emballe. Il n'y a personne qui fait ça. C'est juste dans les films.

Je grimpe sur la clôture rouillée et rendue au sommet, je saute pour traverser et atterrît sur mes pattes, aussi gracieusement que possible. Je me promène un peu pour visiter l'endroit et je me trouve un petit endroit pour dormir. Peut-être pas aussi douillet que des nuages, mais ça fera l'affaire. Un entrepôt remplis d'oursons gigantesques en peluche. Ils sentent un peu le moisit à moins que ça ne soit les murs, mais ça me va. Beaucoup plus confortable qu'un banc de parc. Et plus calme aussi.

Je suis tellement épuisée que je m'endors presque aussitôt que je suis couchée. Ce n'est que quelques heures plus tard qu'un bruit intense me réveille en sursaut.

Il y a quelqu'un d'autre que moi ici. Je regarde autour de moi et vois que j'ai tout. Seule une chose est étrange. La plume qui m'a guidé jusqu'ici luit d'une étrange lueur. Un bleu nuit plutôt foncé au centre et qui tire vers le blanc aux extrémités. Je sais aussitôt qui a causé tout ce bordel. L'homme de mon rêve, la colombe, Leo.

PlumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant