Épilogue

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Je laissai tomber la larme. La fin était proche, je devais me fermer à mes émotions. Je me retournai vers la porte et je pris une grande respiration. Leo s'approcha. Je sentis ses doigts glisser doucement entre les miens, puis il serra ma main pour me donner du courage. Il était là avec moi, mais il n'avait pas lu la lettre, il ne savait pas ce que je devais faire, mais il comprendrait peut-être. Moi, je savais. J'ouvris la porte, craignant ce que j'allais voir. En premier lieu, je ne remarquai rien, l'appartement semblait vide autant de vie que de quoi que ce soit d'autre. Puis, je remarquai, un peu plus au fond de la pièce, des chaînes et du sang sur les murs. Et une odeur nauséabonde. Je me retournai pour trouver sa provenance, mais à peine eus-je entamée le mouvement que je remarquai plusieurs corps empilés. Ils étaient à moitié dévorés et à moitié flambés, en cendre pour quelques-uns. J'eus un mouvement de recul. Leo me serra dans ses bras le temps que je me ressaisisse. Je n'avais aucune envie de me retourner pour voir ma soeur, la bête qui avait fait autant de victimes. Allait-elle être cruelle et sans pitié? Pourtant je devais me retourner. Et je le fis, avec assurance.

- Phoenix? Je sais que tu es là. Je... je ne sais pas dans quel état je vais te trouver et je suis sincèrement désolée de ce que tu as vécu. Je ne sais pas si tu savais, mais moi je viens d'apprendre que j'ai une soeur jumelle et c'est toi. J'aimerais bien te rencontrer. Je veux voir dans quel état tu es... j'espère que tu n'as pas trop souffert...

Puis, un mouvement rapide se fit dans l'ombre. Phoenix m'avait entendue et elle s'approchait. Elle rampait plutôt. C'était horrible à voir. On voyait bien qu'elle avait été maltraitée peut-être même qu'on l'avait laissé sans manger pendant assez longtemps pour qu'elle n'ait aucun regret et ne puisse pas contrôler ce qu'elle faisait. Ce qui me choqua le plus fut son regard. J'étais certaine qu'un jour il avait dû être flamboyant, mais aujourd'hui il semblait sans vie, sans espoir. Peut-être que nous aurions été semblable dans d'autres circonstances, mais il ne reste plus que l'ombre du phoenix qu'elle avait été. Ce qui me surprit, c'est qu'elle prit la parole et ce qu'elle me dit me toucha profondément.

- Larry, je suis heureuse de te voir, mais j'aurais aimé que ce soit avant que je cesse de vouloir vivre. Je sais ce que maman t'a dit de faire, j'ai eu une lettre également. Il y a quelques jours, je t'aurais dévoré parce qu'on m'a fait jeûner pendant un bon moment, mais là je n'en peux plus. Vas-y et ne regrette pas. Je t'aime et je suis sûre que nous nous reverrons.

Quelques années plus tard
Leo et moi nous sommes énormément rapprochés après la mort de Phoenix. Puisque je n'ai pas pu me résoudre à la tuer, elle l'a fait elle-même. Encore aujourd'hui je suis ébranlée lorsque j'y pense. J'ai tellement voulu avoir une soeur et alors que j'en avais une, je n'ai même pas pu la connaître. Mais je sais qu'elle a fait un don de soi. Elle savait qu'elle était dangereuse pour les autres alors elle a mit un terme à tout ça. J'espère qu'elle est heureuse et enfin libre là où elle se trouve. Néanmoins j'ai tenu à lui rendre honneur en nommant ma fille Phoenix, la fille de Leo bien sûr. Elle a déjà deux ans et elle semble avoir un caractère de feu. Chaque année nous retournons au cimetière pour prier et nous espérons que notre fille sera fière d'avoir eut le même nom qu'une grande âme.

PlumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant