10 - Retrouvailles

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Je passe une nuit courte et agitée, peuplée de silhouettes menaçantes.
A l'aube je me suis réveillé en sursaut alors que l'agitation reprenait de plus belle. Étrangement, les chevaux étaient nerveux et agités, comme s'ils avaient senti un grand danger.
Alors qu'on se remet en route, je questionne Symbel qui m'apprend avoir entendu un étrange appel résonner entre les montagnes.
Perplexe, je regarde le convoi se dérouler devant moi. Est-ce un bon ou mauvais présage ?
Difficile à dire...
Alors que je me mets en marche pour suivre mes compagnons, je vois les Hommes qui m'ont encerclés la veille rire aux éclats tandis qu'une femme aux yeux rougis les fusille du regard.
La colère monte à nouveau en moi et Symbel s'agite devant cette chaleur étrange pour lui.

– Elsil, pouvez-vous m'aider ? Fait alors Gimli visiblement agacé. Il n'arrête pas de bouger.

Je me retourne pour voir le Nain au prise avant Hasufel très agité. Je lâche la bride de Symbel pour aller au secours de Gimli. J'apaise le cheval gris puis je l'aide à se mettre en selle.
Je me demande vraiment ce qui inquiète autant les chevaux ?
On s'en va et je me contente de marcher au côté de mes compagnons.

– Vous êtes bien pensive aujourd'hui, souffle alors Aragorn tout proche.

Je lève le regard vers lui avant de me forcer à sourire.

– Je pense juste à pleins de choses mais ça va.

Aragorn m'adresse un sourire mais je doute qu'il soit convaincu. Un cavalier nous dépasse alors et je reconnais un des Hommes de la veille. Il me dévisage avec un sourire en coin. Ma colère est immédiate et rapidement suivi par la peur, j'ai du mal à me contrôler.
Me voilà de retour en arrière, juste à cause de ces Hommes...
Je les hais !



*****



Anar longe les barricades, le front barré d'un pli soucieux. Elles se montent doucement mais elles sont bien frêles, pourtant il encourage chaque jours les siens, les remerciant de leurs efforts.
A la nuit tombée, il en fait le tour. Il doute qu'elles tiennent bien longtemps mais il ne peut rien faire de plus.
Las, son regard s'échappe en direction de la forêt. Il est fatigué de devoir prendre des décisions aussi importantes sans jamais avoir la conviction de prendre la bonne. C'est frustrant.
Rêvassant, il marche un peu au hasard jusqu'à se retrouver non loin de l'orée de forêt marquée par une véritable muraille de troncs.
Anar lève les yeux vers le ciel où les étoiles luisent doucement, la lune ne va pas tarder, mais soudain un bruit semble s'élever de derrière les troncs.
Surprit, il se fige mais le calme règne. Il hésite puis se dirige vers le mur d'arbres, il a du mal à s'y habituer. Son regard parcourt les troncs accolés, impénétrables. Anar se détend, rien ne peut entrer, tout comme rien ne peut en sortir...
Il soupire de son angoisse puis se détourne. Rien ne peut les atteindre, hormis une puissance sans équivalent... chassant cette pensée, Anar se hâte.
Il ne fait que quelques pas quand « une chose » heurte les troncs dans un bruit sourd. Anar sursaute avant de se retourner. Il se maudit, il n'a qu'une simple dague sur lui.
Le silence retombe et le jeune Elfe prie pour s'être trompé mais déjà un nouveau coup résonne.
La peur fait accélérer son cœur mais il hésite. Doit-il s'enfuir, sonner l'alerte ?
Peut-être, mais si il se trompe ?
Il refuse d'alarmer les siens pour rien.
Tout à coup, les arbres s'agitent. Avec horreur, Anar les voit remuer puis se déplacer. D'un geste il tire sa dague avant de tendre son autre main vers la forêt.

– Non ! Crie t'il. Remettez-vous en place !

Anar projette son esprit vers les arbres. Il tente de les convaincre, de lutter, mais il n'est pas assez fort, seule Isil peut commander aux arbres.
Résigné et effrayé, Anar recule. Les ombres semblent se densifier comme si un brouillard noir s'échappait de la forêt et la peur le saisit au ventre.
Il n'est pas assez fort.
Il recule encore alors que les arbres s'agitent et se tordent devant lui. Il bat en retraite jusqu'à ce qu'il arrive sous la lumière de la lune qui se hisse avec difficulté au-dessus de la forêt agitée.
Il entend alors un souffle rauque, comme celui d'une bête sortant de son antre, puis il voit une ombre se glisser entre les troncs qui grincent de protestation.
Anar est tétanisé alors que « la chose » avance. Aussi haute qu'un Homme, aussi noir que les plus sombres ténèbres, son souffle créé des nuages de vapeur blanchâtre dans la pénombre.
Anar ressert sa prise sur sa dague mais ses mains tremblent alors que « la chose » avance lentement. Pas à pas, elle prend son temps.
Le cœur battant à tout rompre, Anar sait qu'il devrait s'enfuir, sonner l'alerte, mais cette créature dégage tant de puissance qu'il sait aussi qu'il ne pourrait lui échapper.
Mais alors que « la chose » s'avance encore, Anar voit son regard briller puis elle sort enfin des ténèbres.

Tome 2 - La Lune Ardente de FangornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant