Tome 2 - La Lune Ardente de Fangorn

39 - Saroumane le déchu

Être escorté par des Ents est plutôt sympathique.
J'aimerai m'en vanter mais ce que je vois m'afflige. Malgré le lavement à grande eau suite à la rupture du barrage, on voit encore les restes de la folie de Saroumane.
Partout flotte du matériel de guerre et toutes les inventions farfelues de ce magicien décadent. Le niveau de l'eau monte au fur et à mesure que l'on se rapproche de la touret je sens la tension agiter le cœur des Hommes.
Le Roi Théoden est passé en tête avec Gandalf. Derrière suivent Hàma, Aragorn, Legolas et Gimli, puis moi, Anar et les jumeaux Elladan et Elrohir. A côté de nous, Le Warg saute d'objets en ruine pour ne pas avoir à nager.
Bientôt la tour prend tout l'horizon. Nous arrivons.
Alors que je me prépare mentalement à confronter Saroumane, Anar me retient par le bras. Surprise, j'arrête Équinoxe et jel aisse les autres nous doubler.

– N'y va pas s'il te plaît.

Je ne peux cacher mon étonnement.

– Pourquoi ça ?

Anar s'agite et son mal être m'inquiète.

– Je... je crains que tu t'en prennes à Saroumane. Il est malfaisant, je ne le nie pas, mais tu ne dois pas te laisser pervertir par lui.

Je soupire en comprenant.

– Tu as peur que je le tue... Je dois avouer que j'y ai pensée, très sérieusement même, mais si je veux me confronter à lui je sais aussi que ce n'est pas à moi de décider de son avenir. Le Rohan a bien plus souffert que nous, c'est à eux de faire justice.

Anar me dévisage un instant avant de reprendre.

– Tes paroles sont pleines de sens, ma sœur, je ne peux cacher mon étonnement, tu as vraiment changée mais comprends mes doutes. Je crains que tu ais du mal à te contrôler face à lui. Il va tout faire pour te provoquer et provoquer ta colère.

– Je le sais bien, c'est encore ma faiblesse, mais toi, mon frère, tu seras là pour m'en empêcher, non ?

Anar sourit et je le sens se détendre.

– De nous deux c'est bien toi le sage, repris-je d'un ton plus léger. Tu es un peu mon garde fou.

Cette fois Anar rit et je suis soulagée d'avoir réussi, pour une fois, à apaiser son cœur. Plus serein, on se remet en route.
On rejoint les autres arrêtés devant la tour. Si moi je vais en avant avec mes amis, Anar fait le choix de rester en retrait, il ne tient pas à s'approcher plus que nécessaire.
Théoden et Gandalf sont déjà en train de parler avec Grima Langue-de-serpent et Saroumane piégé en haut de sa précieuse tour.

– Vous avez mené bien des guerres et tuez nombre d'hommes, Roi Théoden, déclare Saroumane de son ton mielleux. Et vous avez tout de même fait la paix ensuite, ne pouvons nous tenir conseil comme nous l'avons fait jadis, mon vieil ami. Ne pouvons nous faire la paix vous et moi.

Je déteste son ton lent et doucereux, il tente d'appâter Théoden comme s'il n'était qu'un vieillard sénile. Je sens la colère couver en moi mais je me contrôle. Je dois le faire. Je dois y arriver.

– Nous ferons la paix, souffle Théoden avant de lever un regard brillant de défi vers Saroumane. Oui nous ferons la paix lorsque vous répondrez de l'embrasement de l'Ouest de l'Estfolde ! Et des enfants qui gisent sans vie ! Nous ferons la paix lorsque les vies des soldats dont les corps qui furent dépecés devant les portes de Fort-le-Cor alors qu'ils étaient morts, seront vengés ! Lorsque vous pendrez à un gibet pour le plaisir de vos propres corbeaux. Là, nous serons en paix.

Le ton est donné. Je savais Théoden en colère mais ça maîtrise me force le respect. Il tient à régler ses comptes et je lui laisse libre cours, le sort de Saroumane ne dépend plus de moi.

– Des gibets et des corbeaux. Vieux radoteur, siffle Saroumane avec vergne. Et vous, que voulez-vous Gandalf le Gris ? Laissez moi deviner. La clé d'Orthanc ? Ou peut-être même les clés de Barad-dûr avec les couronnes des sept rois et les baguettes des cinq magiciens ?

– Votre traîtrise a déjà coûtée de nombreuses vies et des milliers sont encore en péril mais vous pouvez les sauver, Saroumane, car vous étiez dans les secrets de l'ennemie.

– Alors vous êtes venu quérir des informations, se joue Saroumane, moqueur. J'en ai pour vous : vous allez tous mourir.