26 - Bataille politique

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Le Crebain volait à tire d'aile sous le soleil de cette radieuse journée. Il était content d'avoir rencontré des têtes connues mais surtout d'avoir fait la connaissance d'Isil. Elle était comme il l'avait imaginé, douce et gentille.
L'oiseau monta haut dans le ciel, aussi haut que ses ailes pouvaient le porter. Il joua dans les courants d'air ascendants, savourant le survol de sa terre natale. Il regardait les arbres qui avaient envahi les laides constructions des Orques. Il préférait le monde ainsi, recouvert de végétations, même si celle-ci bougeait.
Le Crebain bifurqua vers les Monts Brumeux en se laissant planer. Il aimait ce vent de liberté qui effleurait son plumage ébène.
Il virevoltait quand soudain il vit une forme se détacher à l'horizon. Celle-ci tournoya puis vint vers lui mais il n'avait pas peur, dans le ciel rien ne pouvait l'atteindre.
La forme se précisa : c'était un aigle, un aigle géant.
Le Crebain accéléra pour le prendre de vitesse. Il le dépassa à toute allure et fonça vers la forêt. L'aigle se prit alors au jeu et fit demi-tour pour le suivre.
Les deux oiseaux se lancèrent dans une course virevoltante. Le Crebain sentait la puissance de sailes démesurées de l'aigle battre l'air et plongea dans la forêt. Il zigzagua entre les branches avec agilité tandis que le rapace le suivait au-dessus des frondaisons.
Le Crebain émergea d'entre les arbres puis longea l'orée du bois en battant des ailes aussi vite que possible, savourant sa vitesse et l'ivresse de cette course folle contre un aigle géant. Il poussa un croassement avant de bifurquer dans les plaines.



Anar marchait d'un pas tranquille vers les dépendances. Il était allé observer la forêt, il y avait toujours de l'agitation du côté d'Isengard mais il n'avait put se résoudre à y aller. Ce n'était pas encore le moment.
Alors qu'il était plongé dans ses pensées, il entendit un bruit juste avant qu'une chose ne lui heurte l'épaule. In-extremis, il rattrapa Fée qui s'ébroua entre ses mains.

– Qu'est-ce qui t'arrive, ma belle ? fit-il amusé.

Le Crebain croassa mais alors, durant une seconde à peine, une grande ombre cacha le soleil. Surprit, Anar se retourna brusquement pour voir un aigle géant se poser sur le haut du fort. Le rapace siffla tandis que Fée croassait de plus belle. L'aigle fit alors une légère révérence avant de s'envoler, laissant Anar stupéfait.

– Alors ça, ce n'est pas une chose que l'on voit tous les jours...

Ébahi, le jeune Elfe regarda l'aigle rétrécir jusqu'à disparaître à l'horizon puis il se reconcentra sur le Crebain.

– Que se passe t'il donc ?

L'oiseau s'agita alors, mélange de battement d'ailes et de croassements strident, puis il lui transmit des images. Dans son esprit, Anar vit des cavaliers en masse partir vers l'Est et les arbres se mouvoir dans la même direction. Il se passait beaucoup de choses au Rohan, et quand Fée lui montra les deux Elfes jumeaux d'Imladris, Anar ne put réprimander sa surprise. Que faisaient-ils ici, si près de ses terres ?

– Vont-ils venir ici ? Demanda t'il.

Le Crebain ne le savait pas et Anar en doutait mais déjà d'autres images envahissaient son esprit : Isil.
Elle était dans une forêt semblable à la leurs et ses nombreuses blessures inquiétèrent Anar.

– Salut, petit frère, te fies pas à ma tête épouvantable, je vais bien. Je sais enfin qui je suis.

Anar frissonna en entendant la voix de sa sœur. Elle semblait bien aller et surtout heureuse. Il savoura le souvenir de son sourire, il la trouvait belle et forte. Il n'osait se l'avouer mais il espérait qu'elle reviendrait bientôt le voir. Elle lui manquait.
Rasséréné, Anar retourna aux dépendances. Il croisa plusieurs personnes et s'étonna qu'ils n'aient pas vu l'aigle. Il était quand même démesuré...
Cette pensée le fit sourire mais sa bonne humeur se tarit en voyant Feaurl qui l'attendait devant chez lui.

– Alors quelles nouvelles de la forêt ? Demanda le vieil Elfe.

– Isengard est tombé, les Ents l'ont pris.

– Les Ents ? C'est impossible, ils sont... Ils ont disparus.

– Je ne sais pas par quelle magie mais la forêt s'est éveillée, et eux par la même occasion.

Feaurl fronça les sourcils et Anar se surprit d'être exaspéré par sa trop grande méfiance.

– Arriverons-nous à contenir et à canaliser cette puissance antique ? Il s'agit là d'une force qui nous dépasse et...

– Apaise-toi, Feaurl, répondit Anar serein. J'ai confiance en la forêt puis... Isil va revenir et elle saura quoi faire.

Le vieil se tendit avant de froncer à nouveau les sourcils.

– Savez-vous quelque chose ?

Anar sourit avant de répondre.

– Le monde a changé, il est temps pour nous d'y retrouver notre place.

La perplexité se lit sur le visage du vieil Elfe mais déjà Anar posait sa mains sur son épaule.

– Fais moi confiance, souffla t'il sans se départir de son sourire. Tout va bien se passer.

– Comment...

– Je le sais, c'est tout. En fait, je crois que tout était écrit depuis bien longtemps.

Feaurl resta un instant impassible avant de simplement hocher le tête. Il n'aimait pas cela mais il n'avait plus aucun contrôle sur les événements. Sa seule option : avoir confiance en Anar et surtout en Isil.

Tome 2 - La Lune Ardente de FangornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant