9 - Une peur nouvelle ?

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Il faut avouer que le Rohan est un pays magnifique.
Si on n'était pas si pressé et oppressé par la menace, je prendrai du plaisir à contempler ce paysage grandiose. Perdue entre montagnes et lacs miroitants de longues plaines s'étirent, balayés par des vents aux milles senteurs. C'est une terre sauvage, mystique et envoûtante.
J'aimerai que les gens qui viennent par chez moi soient happés par ce sentiment de puissance et de liberté et pas par l'angoisse et la peur. J'ai pas mal de changements à faire et maintenant j'ai hâte de m'y mettre.
Tout en chevauchant Symbel, qui s'avère être une excellente monture, je discute pas mal avec Eowyn. En fait, c'est surtout elle qui parle, moi je me contente de meubler. Elle me pose pas mal de questions, notamment sur Aragorn ce qui me met mal à l'aise. Elle est gentille mais nous n'avons pas vraiment de point en commun.
Par contre, elle me met face à une chose auquel je n'avais pas pensé : je ne me conduis vraiment pas comme une dame. J'ai plus le comportement d'un soldat, je ne suis pas avenante, ni vraiment serviable... je ne suis pas une dame...
Perdue dans mes pensées, j'effleure mon bracelet ce qui me fait penser à Elrohir.
Comment devrais-je me comporter envers lui ? Comme je suis ou bien comme je devrais être ?
Déjà il va falloir que je m'excuse et qu'il l'accepte puis...
Soudain j'entends un long gémissement suivit de pleurs. Surprise, je regarde autour de moi puis je vois une femme écroulée au sol, elle sanglote enlacée par ce qui semble être ses enfants.

– Que se passe t'il ? M'enquis-je en arrêtant mon cheval à leurs côtés.

– Rien, gente Dame, me répond un garçonnet en baissant le regard.

Étonnée, je mets pied à terre afin de m'approcher d'eux.

– Je vois bien que ça ne va pas, repris-je tout bas.

Une jeune fille qui semble être l'aînée se tourne vers moi.

– Elle est terrifiée, rien de plus. Nous le sommes tous mais pour elle c'est trop dure, elle s'attend à voir des monstres nous assaillir à chaque colline.

Je comprends. La longue route, la crainte des Orques, la peur, tout ça est trop pour cette pauvre femme. Je vais pour reprendre quand j'entends un cheval.

– Hé, relève la et fait la avancer, ma mignonne.

La jeune fille se tend, ses lèvres blanchissent alors qu'elle serre les poings. Je me retourne pour voir un homme monté sur un petit cheval bai. Je ne sais pas qui il est mais il appartient sans doute au peuple, rien de plus.

– Besoin d'aide ? Fait-il en découvrant des dents jaunâtres.

– Non et si j'en avais besoin j'appellerai la garde, pas vous.

Le type tique, un éclat mauvais traverse son regard avant qu'il ne sourit à nouveau.

– Vous devriez faire attention à ce que vous dîtes, jolie Elfe.

– Idem pour vous, à moins que vous ne vouliez constater à quel point je ne suis pas la plus patiente de ma race ?

L'homme perds son sourire. Il me regarde à nouveau de la tête aux pieds mais cette fois son regard se pose sur mes lames. Il mesure le danger.
Il humecte ses lèvres avec sa langue avant de talonner son cheval. Je le suis du regard aussi longtemps que je le peux mais il disparaît vite dans la foule.

– Merci... souffle alors la jeune fille dans mon dos.

Je me tourne vers elle, son visage s'est détendu et elle aborde même un léger sourire.

– Ce n'est rien, répondis-je. Essayez de lui trouver une charrette pour lui épargner la route et ayez confiance en nous.

– J'ai confiance envers le Roi et ses hommes.

Tome 2 - La Lune Ardente de FangornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant