Tome 2 - La Lune Ardente de Fangorn

7 - Funérailles et départ

Hormis celle de Boromir, je n'ai jamais assisté à des funérailles. Je ne sais même pas ce qu'il est advenu des corps de mes parents...
J'imaginais ça comme un long moment calme et emplit de chagrin, mais j'étais loin de la réalité. On dirait que le désespoir se propage dans l'air infectant tout le monde. Je ne connaissais pas Théodred, pourtant je suis triste pour lui et pour ceux qui le pleure.
En silence, je suis le cortège suivant le corps du défunt. Il est porté par six hommes et s'il n'était pas aussi pâle on pourrait croire qu'il ne fait que dormir...
Il ne porte pas de casque mais toutes ses armes sont avec lui pour cet ultime voyage. Il était si jeune...
On s'arrête devant un caveau s'enfonçant sous une légère butée.
Eowyn se met à chanter et sa voix, rendue tremblante par l'émotion, nous enveloppe. Je ne comprends pas les paroles, sans doute une sorte de prière pour l'âme de Théodred, mais je suis triste pour elle.
Lentement, le corps disparaît dans le caveau. Les hommes ressortent et la porte à nouveau scellée.
Le silence devient plus pesant alors que la foule commence à se dissiper.
Aragorn, Legolas et Gimli remontent alors que je demeure avec Gandalf auprès de Théoden.

On reste un long moment immobile et en silence.

– Une symbelmynë, reprend le Roi en ramassant une petite fleure blanche. Elle a toujours poussée sur les tombes de mes aïeuls. Maintenant elle va recouvrir celle de mon fils...

Le ton est donné.
J'inspire pour chasser la noirceur qui m'assaille tandis que Théoden se retourne vers Gandalf.

– Hélas, dire que ces jours de malheur sont pour moi. Le jeune périt et le vieux s'attarde... Devrais-je vivre pour voir les derniers jours de ma lignée...

– Ne dîtes pas ça.

Le roi se tourne vers moi comme s'il venait juste de remarquer ma présence. Je me mordille la lèvre mais je ne peux plus reculer.

– Vous avez toujours Eowyn et Eomer, ils sont votre famille à présent.

Théoden s'avance vers moi et j'hésite à reculer mais j'ai peur qu'il le prenne mal.

– Qui êtes vous ? Me demande t'il. Je... je vous ai vu dans les Ténèbres.

Je frissonne, ces paroles sont à double sens.

– Je suis Elsil d'Imladris envoyée sous le conseil d'Elrond le Semi-Elfe.

– Ce sont des noms de légendes.

Je souris.

– Il y a beaucoup de légendes qui foulent vos terres.

Je ferme les yeux et je me concentre. Les symbelmynë sont réceptive et avenante, elles aiment ces terres autant que ceux dont elles recouvrent les tombes. Je leur transmets un peu de mon énergie, je les sens croître et s'étendre.
Quand je rouvre les yeux, je vois le roi Théoden en train de regarder le tapis de fleur que j'ai fait apparaître. Il les regarde un long moment avant de tourner la tête vers moi. Ses yeux brillants de larmes me serrent le cœur.

– Merci...

Je détourne le regard, faisant mime d'observer les montagnes pour cacher mes larmes.

– La mort de Théodred n'est pas de votre fait, intervient alors Gandalf avec calme.

– Aucun parent ne devrait avoir à enterrer son enfant.

Une larme coule sur ma joue rapidement suivit par d'autre quand Théoden est secoué par un sanglot. Désemparée, je me tourne vers Gandalf qui a l'air peiné mais aussi pressé.
Je comprends qu'il a besoin de s'entretenir au plus vite avec le Roi mais il pourrait le laisser faire son deuil...
Gandalf doit voir le reproche dans mon regard, ou il sait maintenant lire les pensées, car il m'adresse un sourire compatissant.