Tome 2 - La Lune Ardente de Fangorn

48 - Pensées troubles

Je mets un moment à comprendre où je suis. Je cligne bêtement des yeux en fixant les formes floues qui se balancent au dessus de moi.
Je suis dans une cabane. La cabane de Radagast.
J'essaye de me lever mais une douleur me vrille le crâne. J'ai l'impression que ma tête va exploser. Je roule sur le côté puis je me redresse à quatre pattes sur le sol crasseux et recouverts de poussière.
Je suis sonnée, on dirait que j'ai prit un violent coup en pleine figure.
Chancelante, je me laisse tomber sur les fesses. Le décor autour de moi tourne un peu trop vite à mon goût et j'ai la nausée.
Des paroles me reviennent alors en mémoire.

N'oublie pas, tu es celle qui brille quand les Ténèbres règnent, mais quand ceux-ci sont vaincus, ta lumière s'éteint.

Qu'est-ce que ça veut dire ?
J'en sais foutrement rien.
J'ai besoin d'air. Je me redresse lentement, les jambes flageolantes, puis je titube vers la sortie. Des ombres emplissent ma vision alors que je m'enfonce entre les troncs. Je ne fais quelques pas avant de trébucher et de m'étaler de tout mon long.
Je ne sais pas ce qui m'arrive mais je ne suis pas au meilleure de ma forme. Je dois rentrer aux dépendances.
Je lutte pour rester consciente et je tente à nouveau de me relever. Soudain j'entends du bruit. Quelque chose approche.
Je peste avant de chercher à ta-ton ma dague. J'ai peur que ça ne soit encore des Orques et je ne suis clairement pas en état de me défendre. J'envisage d'user de mon feu alors que le bruit se rapproche.
A quatre pattes, je tire ma dague puis la main tremblante, je relève la tête. Je ne vois d'abord rien dans la pénombre accentuée par ma vision embrumée puis je perçois du mouvement.
On approche. Je resserre ma prise sur le manche de mon arme, je dois être prête.
Soudain une chose déboule à moins d'un mètre de moi et, surprise, je lâche ma dague. Je vais appeler mon feu quand je vois un éclat doré, tel du miel.

– Le Warg...

Je soupire de soulagement tandis qu'il se frotte à moi avec délicatesse.

– Qu'est-ce que tu fais là ?

Le Warg m'envoie toute son affection. Je le caresse quand soudain quelque chose sort des fourrés. De longues pattes noires puis des bottes.

– Isil, vous allez bien ?

– Non...

Je me laisse glisser sur le côté tandis que des bras m'enlacent. Je me blottis contre Elrohir, savourant sa chaleur et son odeur apaisante. Il me laisse quelques instants pour me reprendre puis il me recule pour me regarder. Il a l'air si soucieux que je me sens coupable.

– Qu'est-ce qui s'est passé ?

Je me sens mieux mais je n'ai pas très envie de m'expliquer, pourtant je sens que je n'y échapperais pas.

– Je.... J'ai touchée un truc bizarre qui flottait dans les airs. Ça m'a donné des visions. C'était Radagast qui m'avait laissé un message.

C'est la vérité même si j'occulte une partie.

– Vous aviez raison, je n'aurais pas du douter de lui...

Je remarque alors que je pleurs. Elrohir me serre à nouveau contre lui. J'ai honte d'avoir ainsi doutée du magicien. Comment ai-je put croire qu'il me voulait du mal ? Il est mort, en partie à cause de moi.
Un sanglot me secoue et Elrohir me murmure de douces paroles tandis que Le Warg et Équinoxe m'apportent leur soutien.
Le Warg vient se coller contre nous et enfouit son museau dans mon cou. Soudain je tique.

– Comment ? Comment saviez-vous que j'avais besoin d'aide ?

Elrohir rougit avant de détourner le regard.

– Je ne sais comment mais votre état a atteint votre frère. Il a perdu connaissance, alors je me suis inquiété pour vous.

Je suis partagée entre émotion et inquiétude. Je suis toujours aussi surprise qu'il se soucis autant de moi et je suis inquiète pour mon frère. Avec des gestes maladroits, je me redresse. Équinoxe vient se coller à moi pour me soutenir de sa masse.

– Ça va, je me sens mieux, fis-je en voyant Elrohir secouer la tête. C'est juste le contre coup de la magie de Radagast, ça m'apprendra à toucher à n'importe quoi.

Elrohir sourit puis m'enlace à nouveau. Je me blottis contre lui avant de chercher ses lèvres et on échange un long baiser.

– Je ne peux décemment plus vous laisser vous éloigner de moi, me souffle Elrohir à l'oreille.

Je souris avant de répondre.

– Hâtons-nous, je voudrais m'assurer qu'Anar va bien.

Elrohir acquiesce, dépose un nouveau baiser sur mes lèvres puis m'aide à grimper sur le dos d'Équinoxe. Il monte devant moi et on prend le chemin des plaines.
La joue collée contre le dos d'Elrohir, je savoure ce moment. Je ne sais ce qui c'est passé mais je vais mieux à présent, pourtant les paroles de Radagast tournent toujours dans mon esprit.
Vais-je mourir ? Est-ce cela qu'il voulait me dire ?