— Hélène, s’il te plaît, pardonne-moi ! Non ! cria Alexandre en se réveillant brusquement d’un cauchemar.
Zakaria, son fidèle serviteur, arriva rapidement au chevet de son maître, qu’il trouva en sueur. Depuis qu’Alexandre l’avait trouvé sur un champ de bataille, démuni en tant qu’esclave de leurs ennemis, tous décimés ; comme il ne savait pas manier les armes, il a été épargné, et sa liberté lui avait été accordée. Cependant, il refusa pour servir Alexandre ; ce dernier, après avoir écouté sa triste histoire, l’accepta au près de lui. Zakaria le connaissait, il était fidèle, dévoué et il le comprenait. C’est pourquoi il demanda avec tristesse :
— Sire, avez-vous encore fait un cauchemar ?
— Oui, Zakaria… Et toujours le même que depuis sa mort, répondit-il, las et fatigué.
— Mais vous n’êtes pas responsable de sa mort, Sire ! répliqua le serviteur.
— Merci d’essayer de me convaincre, et d’alléger mon esprit, mais tu sais aussi bien que moi que si j’avais été présent ce soir-là, elle et son père seraient toujours de ce monde, dit le torturé.
— Arrêtez de vous morfondre, Sire ! Il est tout à fait normal que, parfois, vous n’étiez pas avec eux… commença Zakaria.
— S’il te plaît, laisse-moi seul, coupa Alexandre afin de le congédier.
Zakaria, peu convaincu, obéit, laissant son maître repenser à sa vie jusque là. Cela faisait déjà quatre ans qu’il avait quitté l’Angleterre pour le Proche-Orient, suivant ainsi son roi en tant que simple écuyer. Après avoir démontré sa bravoure au combat, le roi Richard lui a octroyé le grade de chevalier. Depuis, il n’a cessé, avec le concours de ses hommes, de combattre l’ennemi et de libérer des terres. C’est ainsi que, deux ans auparavant, ils avaient délivré le père d’Hélène ; en guise de remerciement, il offrit à Alexandre, le plus gradé de l’escouade l’ayant délivrée, sa fille en mariage.
George, le père d’Élizabeth, a continué à utiliser toute sa fortune pour soutenir le roi Richard lors de la guerre. Cependant, sa mère, Éléonore, les a quitté un an seulement après sa rencontre avec l’homme qui l’avait bouleversée. Trois ans plus tard, le père d’Élizabeth a aussi touché à la dot de sa fille, mise de côté. Mais depuis que le frère du roi, le prince John, a accédé à la régence le temps que le roi soit au combat, les impôts ont atteints des sommets. George, ne pouvant plus subsister aux besoins d’une demoiselle devant être présentée à la cour, demanda à sa fille de devenir la demoiselle de compagnie de sa cousine, Alice de Fleurebleue, fille du Comte de Fleurbleue. Alice est une demoiselle comme il faut, d’une beauté éclatante, avec ses cheveux blonds comme les blés et ses yeux noisettes, perçants ; mais elle possède un caractère hautain. Sa beauté n’a d’égale que son orgueil et son arrogance.
Alice n’a jamais vraiment apprécié sa cousine, et si elle l’a accepté, ce n’est que par égard pour son père le comte, qui lui a demandé. C’est pourquoi elle traite Élizabeth plus comme une domestique, qu’elle habille en haillons afin de se divertir, que comme une dame de compagnie. Les jours passaient, s’égrenant, semés de solitude et de honte s’accumulant, jusqu’à ce que Raphaël, le fiancé d’Alice, annoncé à sa dulcinée une nouvelle qui la bouleversa. Les deux jours qui suivirent permirent à Liza d’avoir un peu de repos ; en effet, Alice était certes contrariée, mais elle était trop occupée par son problème pour humilier sans cesse sa cousine. Un jour, Élizabeth surprit Raphaël dire ces mots à sa fiancée :
— Je ne le permettrais pas, Alice ! Je ne permettrais pas à ce bourreau, qui a une sale réputation, de t’enlever à moi ! Nous trouverons une solution, je te le promets.
Une fois seule dans sa chambre, Élizabeth se questionnait sur la nature de cette nouvelle, qui, depuis trois jours, bouleversait sa cousine et le fiancé de celle-ci. Mais le répit fut de courte durée, car, dans l’après-midi, Alice la fit appeler. Cette fois, elle parlait respectueusement et si gentiment à Liza, que cette dernière comprit qu’elle avait une idée sournoise en tête. L’écoutant, elle resta silencieuse jusqu’au bout :
— Ma chère cousine Liza, commença-t-elle, vous savez que j’ai promis à mon père de vous octroyer une bourse pour votre dot - et je compte bien le faire. Mais, cependant, j’aimerais, ma chère, que vous me rendiez un service, pour lequel je serais prête à vous payer 50 pièces d’or.
— De quoi s’agit-il ? questionna prudemment Élizabeth.
— Je ne puis vous en dire plus pour le moment, mais j’aimerais beaucoup pouvoir compter sur vous, ajouta Alice, sibylline.
— Eh bien, j’essayerai de ne point vous décevoir, Alice, accepta Liza, mitigée.
— Alors, je vous demande de vous préparer : nous rentrons en Angleterre demain, et ainsi, vous pourrez rendre visite à votre père.
Élizabeth se retira dans sa chambre sur ces paroles. Elle repensa aux paroles d’Alice, lorsque, le soir après le dîner, elle surprit une conversation :
— Comment comptes-tu faire, si, le moment venu, femme refuse ? s’inquiéta Raphaël.
— Ne t’inquiète pas, j’ai tout prévu. Elle n’aura pas d’autre choix que de m’obéir, lui répondit sournoisement Alice.
— Alors, je compte sur toi… mais tu ne m’as toujours pas exposé ton idée, continua le jeune homme.
— C’est très simple et tout réfléchi : Élizabeth prendra ma place et apportera la rançon de 500 pièces d’or à ce monstre de Comte. Ainsi, mon père sera libéré et nous pourrons nous marier, sourit Alice, machiavélique.
— Sans oublier que ce ne sera pas toi mais elle qui perdra sa dignité, son honneur et qui devra subir les atrocités du comte, rigola Raphaël.
À ces mots, Élizabeth comprit pourquoi sa cousine avait été gentille, plus tôt dans la journée. Elle s’éclipsa sans se faire voir, et décida de jouer l’ignorante face à sa cousine, du moins jusqu’à leur arrivée en Angleterre. Et de là-bas, elle rentrera chez son père, décida-t-elle.
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Prisonnière et Promise
RomanceÉlizabeth de Melvile, jeune aristocrate sans dot, est sacrifiée par sa cousine pour sauver son oncle. Ainsi, elle se retrouve captive et promise au jeune Comte Alexandre de Montay, celui qui l'avait fait chavirer, quatre ans auparavant... Mais ce de...