Ce matin, levé tardif : 11h08. Mois d'août entamé depuis trois jours. CHALEUR!
Et puis sa longue absence...
Je descends dans la cuisine, je peux encore prendre mon petit déjeuner, c'est pas l'heure de manger !
J'entre dans la pièce, ma mère prépare le repas et ma grande sœur est déjà rentrée de la bibliothèque, où elle se rend chaque samedi matin pour travailler avec sa copine « A.» qui n'est autre que le beau M...
Je m'aplatis sur la chaise pour me verser un bol de céréales au chocolat, tout en boudant légèrement en m'imaginant ma sœur et M. entrain de s'embrasser.
Ma sœur me dévisage : normal : j'ai ma tête du matin.
Elle passe derrière moi et coiffe de sa main ma tignasse de cheveux bruns.
Elle regarde sa montre.
"- Tu devrais aller t'habiller mon cœur (oui, j'ai beau lui dire elle continue de m'appeler comme ça après presque quinze ans)
Elle marque une pause avant d'ajouter avec un sourire en coin.
Ta copine ne va pas tarder
- L. ?
Ma mère répond par dessus son épaule, l'air crispé, beaucoup moins enthousiaste que ma sœur.
- Non ta nouvelle copine.
Je sursaute et laisse tomber ma cuillère par terre, ce qui fait rire ma sœur. Elle continue, me jetant un regard complice. Elle me connait comme personne.
- Elle a appelé ce matin, et a demandé si c'était possible de te voir, parce que ça faisait longtemps... Très polie, bien élevée...
Oui, ça je le sais déjà.
- Et tu lui as dit quoi ?
Ma mère la devance pour mon répondre, la voix presque brisée.
- Que tu dormais.
Je tape ma main sur mon front, ma sœur rigole. Je ne prête même pas attention aux réactions de ma mère, cela fait quelques jours qu'elle est d'humeur désagréable, alors j'évite de me trouver sur son chemin.
- Tu comptes la recevoir comme ça ?
- Ah mais elle vient ICI ???!!!
Ma mère s'empresse de répondre, faisant volte face :
- Je ne suis pas présentable, sortez plutôt jouer dehors d'accord."
Je soupire et me lève de la chaise pour aller me préparer.
Je n'ai pas touché à mes céréales.
Je passe devant la glace et je m'arrête pour me recoiffer.
Ma sœur laisse échapper un petit rire et un clin d'œil complice.
Je l'aime tellement.
Je monte les escaliers.
Quand j'arrive dans ma chambre,
Je m'assois sur le lit, et moi aussi je ris. Parce que j'ai peur.
Les heures sont affreusement longues à attendre...
J'attends impatiemment que le bruit strident de la sonnette retentisse. Il n'est pas aussi mélodieux que le sien, mais tout aussi utile.
J'ai HATE!
N'empêche, pas autant que je le devrais...
D'abord, après avoir visité sa maison, je n'ai vraiment pas envie de lui montrer mon taudis.
Et puis je ne crois pas à son excuse, ce n'est pas pour ça qu'elle veut me voir...
Elle a quelque chose à me dire.
Mais quoi ? ...
J'entends le bruit de la sonnette.
Je me jette dans l'escalier en m'époumonant pour éviter que ma sœur n'ouvre avant moi.
- C'est pour moi !!!
Ma mère lève les yeux au ciel et ma sœur éclate de rire, interloquée par cette intervention subite.
Je m'avance vers la porte d'entrée, mais me retiens subitement d'ouvrir. Je me jette sur ma sœur, affolé.
- Recoiffe moi, vite !
Elle éclate à nouveau de rire, et dompte ma houppette en deux coups de mains, avant de claquer un bisou sur ma joue.
- Vraiment beau gosse.
Je la remercie du regard et en ouvrant la porte, je m'attendais à trouver ses yeux verts, purs, et profonds, tel que je les avais laissés, mais je me retrouve face à des yeux remplis de larmes, dont un bordé de bleu.
Je sors dans le jardin.
Je vois bien qu'elle n'en peux plus. Maintenant, elle va me raconter.
Je l'emmène derrière la maison et elle se laisse tomber dans mes bras, tremblante.
C'est plus grave que je ne le pensais.
Elle reste un moment dans mes bras, cœur contre cœur, et je la laisse étouffer son chagrin contre mon torse,
Puis, sa main dans la mienne, nous nous éloignons de la maison. Je m'apprête à lui montrer la colline. MA colline. Mon repère, ma cachette quand j'ai besoin de me vider, parce qu'elle a des choses à me dire.
Quand nous arrivons enfin au sommet, je n'ai même pas le temps de comprendre, elle se remet à pleurer, sans plus de retenue. Elle rompt enfin le ceinturon qui l'oppressait jusque là.
Je tends la main pour la prendre dans mes bras quand elle lève brusquement le bras pour se protéger.
Mon sang se fige.
Elle a eu peur. Peur de moi. Peur que je la frappe.
Je crois que je comprends.
"- C'est qui. C'est QUI !!! Dis moi qui c'est, je vais aller l'éclater, je te jure !!!
Je l'attrape par le bras.
- Il t'a fait quoi ?! Qui ?!!!!
Elle me regarde pétrifiée.
- Arrête !!!
Je la lache.
Elle baisse la voix.
- Tu me fais peur...
Je vois ses larmes couler, et je suis dans l'impuissance de l'approcher. Je prends un ton plus posé.
Je passe mon doigt sous son œil.
- Qui ? Le quel ?
- Aucun."
Je ne comprends pas...
Si ce n'est pas quelqu'un du collège.. Alors c'est...
Elle a lu dans mes pensées.
Et là, je comprends que j'aurais dû l'écouter, que je n'aurais pas dû m'emballer quand elle m'a dit ça,
qu'elle détestait son père.
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En fuite
Teen FictionEn ouvrant la porte, je m'attendais à trouver ses yeux verts, purs, et profonds, tel que je les avais laissés, mais je me retrouve face à des yeux remplis de larmes, dont un bordé de bleu. C'est à ce moment là que j'ai compris que fuir était à prése...