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Cette nuit, je me suis réveillé en sursaut. Une toux grave, suffocante. Pas la mienne. Mais c'était comme si. J'ai vraiment cru, un instant, qu'elle allait cracher ses poumons. Je la voyais partir.

 Je me suis levé en hâte pour lui servir un fond de sirop de fraise que j'avais dans le sac à dos, en espérant que ça pourrait apaiser un peu sa gorge. A la lueur des quelques braises qui survivent encore dans le cercle de pierres, je soutiens sa tête avec ma main et lui en fait boire quelques gorgées. Le sirop fit l'effet escompté. Sa voix était enrouée mais au moins, elle ne s'époumonait plus.

Un instant, j'ai eu envie de la prendre dans mes bras, de la ramener au village, que tout soit fini, que ça rentre dans l'ordre, qu'elle puisse avoir un vrai repas (et pas des chips / truites pleines d'arrêtes), qu'on puisse lui prescrire un VRAI médicament. Oui, j'ai failli.

Puis mon regard s'est posé sur des cicatrices dans sa nuque et j'ai serré les poings.

C'est de ça dont elle aenvie ?

Est ce que c'est le mieux pour elle ?

S'il lui arrive quoi que se soit, je ne me le pardonnerai jamais.

Alors je pèse le pour, le contre.

Mais sincèrement,

je ne sais pas.

C'est comme si cette décision allait changer nos vies.

Comme si elle pouvait faire basculer le destin.


Elle est de plus en plus faible. Et moi avec.

Deux nuits que je passe à la calmer, à la tenir penchée pendant qu'elle vomit, deux nuits que je passe sans fermer l'œil.

Je ne sais plus quoi faire.

Est ce que je dois poursuivre, et risquer de la mettre en danger ?

Est ce que j'ai le droit de la jeter à cet homme ? Mais est-ce que je peux la garder ici éternellement ?

Un jour viendra où on nous retrouvera, un jour tout sera fini. Demain peut être ?

D'ici là, je dois la maintenir en vie, ce qui, évidemment, est primordial.

Mais je veux surtout avoir pu la rendre heureuse.

En fuite Où les histoires vivent. Découvrez maintenant