CHAPITRE 12

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Nous venons d’entrer dans la forêt. Elle était magnifique, sans doute la plus belle que j’ai vu de toute ma vie. En même temps tout paraît si beau après ce qu’on vient de vivre. J’étais encore recouverte de sang, de la tête au pied. Nous nous arrêtâmes à l’entrée de la forêt.
« Il faut trouver un coin d’eau pour les chevaux et pour Alice, révéla Livaï sur un ton un peu ironique, comme s’il voulait tourner la catastrophe en blague.
- Tu crois qu’il y en un près d’ici ? Questionna Ken
- Je pense. Dans mes souvenirs cette forêt mène tout droit à Shiganshina. Je l’ai emprunté plusieurs fois. Dans quelques kilomètres on devrait trouver une rivière.
- Je… On ne fait pas demi tour ? Demanda Aki inquiète. On ne devrait pas rejoindre le district de Trost ?
- Je vais te dire clairement ce qu’il arriverait si on retourne à Trost. Déjà on est pas sûr de ne pas recroiser l’attroupement de Titans et donc d’en ressortir vivants et après imaginons on arrive à échapper à tout ces voraces, on va juste réussir à les attirer vers Trost ! Donc on va éviter tout ça en allant vers Shiganshina, en économisant notre gaz et nos lames, on va accomplir la mission et après on va revenir.
- Tu connais la mission !? m’exclamai-je. Euh pardon… Vous connaissez la mission ?
- Oui mais je ne peux pas en dire un mot. Maintenant on y va, on a déjà perdu assez de temps. »
Nous avançâmes dans la forêt. Les rayons de soleil transperçaient le feuillage des arbres et éclairaient la route.
« Combien avez vous de lames et de gaz ? Nous demanda notre chef.
- 3 lames et peu de gaz, répondit Ken.
- 2 lames et presque plus de gaz, déclara Aki »
Je fus soucieuse un instant. Il ne me restait qu’une lame de réserve mais plus de gaz.
« Alice j’attends, s’impatienta Livaï.
- Une lame. Murmurai-je »
Le caporal se retourna pour me fixer puis souffla un grand coup.
« Tu n’as pas retenu tous les cours toi.
- Désolée…
- Si on fait bien attention on ne devrait pas se faire attaquer. Mais restez sur vos gardes. »
Un silence régna au sein de notre petit groupe. Je sentais l’impatience monter en Livaï : il ne regardait pas devant lui et serrait les harnais de toutes ses forces. Nous passâmes 2 heures à traverser la forêt dans cette ambiance triste et stressante avant d’apercevoir une rivière. Je souris en voyant l’eau glissé le long de la terre : le sang du cheval commençait à sécher et me coller à la peau. Nous nous arrêtâmes au bord du cour d’eau. Je descendis de Charbon, m’étirai et pris un grand bol d’air frais. Mes coéquipiers allèrent abriter les chevaux pendant que je commençais a cueillir des mûres dans les buissons qui entouraient la rivière. On avait tous faim. Les mûres me faisaient gargouiller le ventre. Elles avaient l’aire sucrées et juteuses. J’en avais seulement une poignée quand Livaï s’approcha de moi, il me prit les mûres, les posa par terre et sans explication, me poussa dans l’eau. Je fus prise par surprise. J’eus un mouvement de défense et m’accrochai à lui. On tomba tout les deux. L’eau était glacial mais me faisait un bien fou. Je sortis la tête de l’eau et vis Livaï me fixer, un léger sourire aux lèvres. Il s’approcha de moi et me caressa doucement la joue pour enlever une tâche de sang. Je le regardai au plus profond de ses yeux, il était magnifique, même les cheveux mouillés. Livaï enleva sa veste, son équipement ainsi que ses chaussure. Il alla les poser sur la rive et revînt vers moi. Il était encore plus proche qu’avant. Il mit ses mains sur mes hanche et commença à déserrer mon équipement.
« Il peut rouiller si tu ne le sorts pas tout de suite et si tu ne le laisse pas sécher. »
Il glissa ses mains dans les harnais des cuisses et les fit descendre le long de mes jambes, sans mettre la tête sous l’eau. Il récupéra mon équipement et le posa sur ses épaules sans arrêter de me fixer. Il posa ses mains sur mes épaules et fit lentement descendre ma veste le long de mes bras.
« Donne tes chaussures. »
J’obéis en les enlevant et en lui tendant, n’osant trop rien dire. Il les saisit et posa tout sur la rive. Il se redirigea vers moi pour me porter. Je pensais que c’était romantique mais au lieu de ça, il me jeta dans l’eau avec son sourire sadique. J’eus un rire surpris.
« Allez lave toi. m’ordonna-t-il »
Je commença ma toilette pendant qu’il s’assit sur la rive. Il me regarda passer mes mains dans mes cheveux. Ça lui donna un côté un peu pervers sur les bords mais ce qui me surprenait  c’était le fait que je ne sois pas gênée par cette situation.
J’eus finis en très peu de temps et j’allai m’installer à côté de Livaï, m’étirant les bras et frottant une dernière tâche tenace. Aki et Ken nous rejoignîmes avec les mûres. Aki s’empressa de se mettre à côté de Livaï et Ken vînt doucement à côté de moi en me chuchotant :
« Je te l’avais dis, ça pète aux yeux vous deux »
Je souris après cette petite phrase. Elle m’avait apporté tant de bonheur en si peu de temps. Mon ami me tendit les mûres qu’il venait de cueillir. J’en pris quelques-unes pour les avaler. Elles étaient excellentes. Je ne savais pas si c’était la faim qui leur donnait ce goût doux et sucré.
Nous partageâmes toutes les mûres en silence. On observait l’eau brillante s’échapper vers la sortie de la forêt, glissant sur les pierres lisses. Une quinzaine de minutes plus tard, Livaï  prit la parole :
« Nous devons repartir. Alice, remet ton équipements, ta veste et tes chaussures. Nous on va préparer les chevaux »
Nous nous exécutâmes. Il ne fallait pas oublier que nous étions dans une forêt non-protégée et qu’un Titan pouvait surgir de nul part. Je renfilai mes affaires et me dirigea vers le Caporal. Celui-ci me fit monter sur Charbon et s’installa derrière moi à son tour. Et nous commençâmes la route
« Tu peux te reposer. m’avoua Livaï. Je sais que tu n’as pas assez dormi cette nuit. »
Je m’adossai sur son épaule et fermai les yeux. Je m’endormis sur le coup.

Je me réveillai en sursaut 30 minutes plus tard : je venais d’entendre un bruit sourd. Je me redressai et fixa Livaï.
« Qu’y a–t-il ? Me demanda-t-il.
- Tu… tu n’as rien entendu ?
- De quoi tu parles ?
- J’ai entend un bruit de pas »
Livaï arrêta le cheval. Aki et Ken firent de même.
« Il y a un Titan pas loin. Préparez vos armes au cas où mais surtout évité le. »
Il s’adressa ensuite a moi :
« Alice passe derrière moi maintenant. »
Je lui laissai ma place et m’accrochai à son dos le temps de bien me positionner. Je sortis mes sabres et maintenus mon souffle. Charbon avança à toute vitesse. Elle avait sûrement sentie le danger. Les pas se rapprochaient. Je cru comprendre qu’ils venaient de derrière nous. Les pas s’accéléraient. Le stresse montait. La mauvaise adrénaline apparut. Puis d’un coup. Plus rien. Plus un pas. Je ne trouvai pas ça normal. Je me retournai et découvrit un Titan de 16m tenir Ken du bout de ses doigts et le poser délicatement dans sa bouche. Ken me regardait, il pleurait. Il s’accrocha à une dent du montre et essaya de sortir. Je criais, je pleurais. Je n’avais plus de gaz pour aller le sauver. c’était trop tard. Le Titan ferma violemment sa bouche et le haut du corps de mon ami tomba par terre accompagné d’une fontaine de sang. Charbon augmenta sa vitesse et Aki nous suivait de près. Celle-ci pleurait aussi mais était aussi très concentré sur la route.
« Profitons-en pour fuir ! Rentrons dans la forêt. Vite ! s’écria Livaï »
Les chevaux changèrent de direction. Je pouvais voir au loin, le Titan me fixer avec un sourire de psychopathe. Il bavait du sang, le sang de Ken.
« Alice arrête de le regarder ! Ça te fait plus de mal qu’autre chose ! »
Mais rien à faire. Je ne pouvais pas enlever mon regard de cette chose infâmes et sans cœur. Je ne pouvais bientôt plus rien voir mais l’image de Ken demandant de l’aide revenait sans cesse et me brisait le cœur. Je pleurais tout ce que je pouvais. Je m’étais servit de lui. Il m’avait pardonné. Il m’avait fait voir les choses en face. Et je n’ai rien fais pour le remercier. J’aurais pu essayer de le sauver. J’aurais dû. C’était trop tard. Il est mort. C’était beaucoup trop tard.

Alice, Livaï Et Les TitansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant