Malencontreuses mésaventures d'un garçon amoureux. (TodoMomo)

"Double-Face s'est fait friendzoner !"

Je me demande comment j'en suis arrivé là...
Debout dans ce couloir, complètement abasourdi à côté de Bakugo, les bras ballants, et le cœur en miettes.

Si l'on prend cette question - "Comment Shoto Todoroki en est arrivé là ?" - au sérieux et que l'on remonte le fil de ma vie, on pourra se rendre compte que tout a commencé le jour où elle m'a dit bonjour. Assise au bureau à côté du mien, fière et droite dans son uniforme gris et vert, c'est elle qui m'a adressé la parole en premier. Si elle n'avait pas fait le premier pas, je pense bien que je ne serais jamais allé vers elle, vu ma nature froide et renfermée. Et donc par conséquent, je ne me serais jamais rapproché d'elle, je n'aurais jamais voulu travailler avec elle, et je ne serais jamais devenu ami avec elle.

Des fois je me demande si ça n'aurait pas été mieux pour moi qu'elle me considère juste comme un mec froid et asocial qui déteste profondément les gens. Qu'elle me voit comme tous les autres me voient, en somme - excepté Midoriya, je me demande vraiment comment il a fait pour vouloir un jour me venir en aide -.
Ainsi je ne serais pas tombé amoureux d'elle.
Et les chances pour qu'elle me considère comme un très bon ami - seulement un très bon ami ; bon sang ce que cette phrase me fait mal - auraient été quasi inexistantes.

Il y a à peine quelques minutes, c'était avec elle que je me trouvais dans ce couloir isolé du lycée Yuei, et non pas avec Bakugo. En me levant ce matin, j'avais décidé qu'il était temps que je lui avoue mes sentiments, que je ne pouvais plus rester comme ça, à l'observer à la dérobée en cours en attendant que par un miracle, elle tombe soudainement amoureuse de moi et vienne se déclarer en premier. Je ne suis pas du genre à tergiverser de longues heures durant, alors tout a été décidé très vite : je la prendrai à part durant la pause, et lui dirai tout ce que je ressentais à son égard. Je pensais avoir au moins une chance avec elle.

- Je voulais te dire que j'ai beaucoup d'estime et de respect pour toi. Tu es une fille belle et forte et je... je t'apprécie beaucoup. Vraiment beaucoup...

C'était un euphémisme. Pour une raison étrange, les trois petits mots qui composent la phrase "Je t'aime" ne voulaient pas sortir.

- Oh... Todoroki, c'est très gentil ce que tu me dis. Je... je ne m'attendais pas à ça.

C'est ce qu'elle m'a répondu en premier lieu, émue et attendrie. Elle rougissait légèrement avec un petit sourire timide en baissant la tête, sans doute pour se cacher derrière sa longue mèche brune. Ça la rendait encore plus adorable.

Au début, j'étais heureux que ma déclaration lui fasse plaisir, même si le stress et l'appréhension étaient toujours présents. C'est la suite qui est plus ou moins désagréable.

- Moi aussi je t'apprécie beaucoup, tu sais. Tu es vraiment un très bon ami pour moi, en qui j'ai beaucoup confiance. J'espère que ça continuera ainsi entre nous !

"Un très bon ami"

Cette phrase a résonné dans ma tête en boucle, tandis que je me statufiais devant elle, le cœur serré par un désagréable sentiment.

"Un bon ami"

J'avais l'impression de me liquéfier sur place tant la douleur était grande. Je l'ai regardée, figé. Elle m'a souri. Un sourire magnifique, comme d'habitude, mais qui me faisait cette fois-ci tellement mal.

"Un ami"

Elle ne devait pas remarquer l'état dans lequel je me trouvais. J'ai dû lui sembler fidèle à moi-même, calme et inexpressif. Mais à l'intérieur, j'étais effondré.
Je n'ai plus eu la force de ne rien dire. Un grand silence s'est installé entre nous, et je n'ai pas eu le courage de le dissiper. Je suis resté là, devant elle, les lèvres closes, jusqu'à ce que ce soit elle qui parle.