Malencontreuses mésaventures d'un garçon amoureux. (TodoMomo)

Être un galérien au sombre passé

Mon père est Endeavor. L'actuel numéro un des super-héros du Japon. Le plus puissant. Le plus fort. Le plus grand. Bref. Le meilleur.
Haha... Et on peut dire qu'il n'a que ça pour lui. Car si Endeavor est un super-héros de prestige qui a sauvé des centaines de vies, Enji Todoroki, lui, est un terrible mari qui a brisé le destin de sa femme, et un horrible père que ses fils ne pourront pardonner. Que je ne pourrai pardonner...
L'histoire de la famille Todoroki – de ma famille – n'est jamais été rendue publique, fort heureusement. Personne, ni moi, ni mon frère, ni ma sœur, ni mes parents n'ont envie que ça se sache. C'est notre douloureux secret.
Quand je suis né, Endeavor ne me voyait pas comme son fils, mais plutôt comme un outil qui lui permettrai de surpasser All Might, l'ancien numéro un. Il m'a élevé dans cet unique but et m'a fait subir un entrainement intense dès l'apparition de mon alter, me coupant de toutes relations avec mes frères et ma sœur et frappant ma mère lorsqu'elle s'opposait à lui pour me protéger. Ce fut une période qui nous a tous fait souffrir, et qui, quelque part, nous fait encore souffrir aujourd'hui. Mais tout a empiré quand ma mère, ne supportant plus toute cette violence, y a elle-même cédée en me jetant de l'eau bouillante sur le côté gauche de mon visage, car je commençais à trop ressembler à mon père. Elle a fini à l'hôpital psychiatrique et y réside encore. Et j'ai continué ma vie seul, avec un parent que je détestais plus que tout au monde, et des frères et sœur qui m'étaient totalement inconnus.

Mais pourquoi est-ce que je parle de mon père ? N'est-ce pas la personne qu'au contraire, je souhaiterais effacer de ma vie plus que tout au monde ? J'y viens, j'y viens.
Durant toutes ces dures années, mon père m'a enseigné beaucoup de choses. Parmi elles, il m'a notamment montré ce qu'il ne faut surtout pas faire à une femme ou à ses enfants. Mais jamais il ne m'a appris ce qu'il faut faire pour plaire à une personne de la gente féminine, ou encore comment se faire des amis.
Si je le savais, je ne serais pas là, comme un idiot, à fouiller avec un insoutenable désespoir mon esprit pour trouver un sujet de conversation qui me permettrait de chasser ce silence oppressant qui s'est installé entre Momo et moi...

Aujourd'hui, j'ai décidé de faire ce que m'a conseillé Bakugo hier après-midi. Il est vrai qu'attendre sans rien faire ne va pas m'aider à devenir plus qu'un ami pour celle que j'aime. Il faut que j'agisse avant qu'un autre ne le fasse. Momo est une fille magnifique et admirable, il est impossible que je sois son seul prétendant. C'est pour cela qu'il faut que je me magne un peu. Ma déclaration n'a pas eu l'effet escompté, alors je dois désormais être plus clair dans mes actions. Je dois lui faire comprendre, par un moyen ou un autre, que je l'aime.
C'est mon nouvel objectif. Plus de clarté, moins de non-dit !

C'est dans cet état d'esprit que je me suis dirigé vers le lycée ce matin, déterminé à faire bouger les choses. Ma volonté m'aveuglait alors ; j'aurais dû savoir qu'on ne se change pas d'un jour à l'autre. Pourtant, ça n'avait ni mal commencé, ni bien commencé. Lorsque j'ai ouvert la porte de la classe, j'ai vue Momo assise à sa place, et pour une fois, le duo de filles hystériques que forment Ashido et Hagakure ne gravitait pas autour d'elle. Elle était seule, c'était parfait. Je me suis avancé jusqu'à ma place, à sa gauche, d'un air nonchalant, puis me suis assis. Elle n'a pas eu l'air de se rendre compte de ma présence car elle n'a pas réagi.
Je suis resté silencieux plusieurs minutes, essayant de garder un air décontracté tout en lui jetant des petites coups d'œil discrets. Je ne savais absolument pas comment l'aborder. Mais ce que je savais également, ce que rester à farfouiller dans mes pensées n'allait pas beaucoup m'aider, alors j'ai décidé de foncer sans réfléchir. Disons-le maintenant, c'est une décision qui ne m'a apporté rien de bon. Rien de mauvais non plus, mais rien de bon.
Je me suis tourné vers elle. Dans ma poitrine, mon cœur dansait sur une musique au rythme bien trop effréné pour moi. Mes yeux se sont posés sur son beau visage ; elle ne me regardait pas, son regard voyageait à travers le paysage derrière la fenêtre. Mes poings se sont serrés instinctivement. J'ai inspiré un grand coup.