Malencontreuses mésaventures d'un garçon amoureux. (TodoMomo)

Secret à trois

Dix-sept heures passées : la sonnerie annonçant la fin des cours a déjà retenti depuis longtemps. De retour à la High Alliance, notre internat, je prends ce dont j'aurais besoin pour les cours de Momo. A cause de – ou grâce à – Bakugo, elle croit désormais que j'ai des difficultés avec le cours actuel de mathématiques. Malgré ma petite joie de me retrouver seule avec elle, je m'en veux de lui avoir menti à ce sujet... Même s'il s'agit d'un minuscule mensonge, je me sens mal de lui faire ça. Et surtout, je ne sais pas comment je vais me débrouiller. Depuis tout à l'heure je me demande qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire... Faire semblant de ne pas comprendre risque d'être difficile pour moi. J'aurais préféré que Bakugo me soumette une autre idée. Enfin... le mal est fait. Je n'ai qu'à me dire que c'est pour la bonne cause. Que c'est pour Momo.

Dans le couloir de l'internat, je ne croise personne ; tous sont dans les espaces communs ou dans leur chambre au calme, à se détendre après les cours de la journée. Comme Momo se trouve au même étage que moi, je n'ai pas besoin d'utiliser l'ascenseur pour arriver devant sa chambre. Je n'ai qu'à aller au bout du couloir, jusqu'à la cage de l'ascenseur ; au premier tournant se trouve la porte et le petit encadré métallique dans lequel il est inscrit « Yaoyorozu ».

Je suis un peu stressé. Ce sera la première fois que je pénétrerai dans son espace privé. La première fois que j'y serai seul avec elle... J'ai déjà eu l'occasion quelques fois de voir sa chambre, mais toujours de l'extérieur – la première fois je m'en moquais d'ailleurs grandement, n'étant pas encore amoureux d'elle. Jamais je n'y ai mis un pied. Je suppose que Momo a voulu qu'on s'y retrouve pour être au calme. En effet il est assez dur de travailler dans la salle commune, avec les bruits de la télévision et des bavardages, ou encore les amis qui viennent discuter. Je dois avouer que ça m'arrange. Au moins, personne ne sera là pour nous déranger, je pourrai enfin passer un moment en tête à tête avec elle – même si ce ne sera pas dans les conditions rêvées. Je dois mettre à profit ce temps passé tous les deux pour tenter des avances. Même si je n'approuve pas la méthode de Bakugo, je me dois d'essayer quelque chose. Après tout il a fait ça pour m'aider, faire avancer les choses entre Momo et moi serait comme un remerciement pour lui, alors il faut que j'y arrive !

J'arrive devant la fameuse chambre et toque à la porte, tout en songeant à ce que je pourrais bien faire pour changer l'opinion trop amicale que Momo a de moi. Je l'entends me crier d'une voix lointaine qu'elle arrive et quelques secondes plus tard, la poignée s'abaisse. L'entrebâillement de la porte la révèle alors à moi. Comme à chaque fois que je la vois, mon cœur sautille dans ma cage thoracique. Elle s'est changée : un simple T-shirt rose pâle et un pantacourt blanc ont remplacé l'uniforme scolaire.

- Coucou, Todoroki ! Entre, je t'en prie.

Elle se décale et m'invite chaleureusement, en bonne hôte. Je lui souris en rentrant dans sa chambre, exiguë à cause de son luxueux mobilier personnel. Dans un premier temps je ne remarque rien... avant de me rendre compte en balayant la pièce du regard qu'il y a quelqu'un d'autre. Un certain type aux cheveux rouges.

...

Attendez, c'est sérieux ? Je reste interdit devant la scène.

- Je n'ai pas pu tout expliquer à Kirishima tout à l'heure, alors comme tu venais, je lui ai dit de passer aussi, pour faire d'une pierre deux coups ! déclare alors Momo pour m'expliquer la présence du pote de Bakugo dans sa chambre.

Son visage est décoré d'une expression satisfaite. Elle a l'air tellement fière de son initiative que je me sens obligé d'esquisser un petit sourire pour lui faire plaisir. Au fond, pourtant, je suis abattu. Les Dieux ont-ils décidé de tous se liguer contre moi aujourd'hui ? Je dois être maudit, ce n'est pas possible autrement car honnêtement, est-ce que Kirishima pouvait avoir un timing encore plus mauvais que celui-ci ? Je ne pense pas. Ce dernier est assis sur le lit de ma bien-aimée avec un sourire forcé, l'air très mal à l'aise. Je lui lance un regard qui ne doit pas être très aimable. Pourquoi faut-il qu'il se retrouve toujours sur mon chemin ?