Malencontreuses mésaventures d'un garçon amoureux. (TodoMomo)

Jamais deux sans trois... et jamais trois sans quatre

Je passe la fin de la journée du jeudi assis dans un agréable recoin que j'ai découvert entre un mur extérieur de l'internat des 2-A et un grand arbre. Posé en tailleur sur l'herbe, le dos contre le mur, cela fait presque une demi-heure que je reste là en silence, perdu dans mes pensées. Ces dernières dérivent sans cesse vers des sujets différents. Je pense à mon père, et à ce qu'il dirait s'il me voyait ainsi immobile et inactif ; il déclarerait sans doute que je perds mon temps et que je ferais mieux de m'entrainer. Je pense aussi à Momo, comme d'habitude ; je me demande si cet endroit calme serait un bon lieu pour passer un petit moment romantique. Puis, je pense à mes amis, Midoriya, Iida et Uraraka ; je me dis que ça fait longtemps que je n'ai pas passé de temps avec eux. Durant tout ce début de semaine, je suis resté avec, au choix, Bakugo, Kirishima, Momo, ou encore moi-même. Depuis l'année dernière, j'ai été habitué à passer chaque jour de la semaine avec Midoriya et les autres, mes premiers amis, alors ne pas être avec en leur compagnie, ne serait que pour quelques jours, me dérange. Ce sont mes meilleurs – et seuls vrais – amis. Je dois bien avouer qu'ils me manquent un peu. Peut-être devrais-je aller les voir ? Non. Uraraka doit être avec les filles ; Iida et Midoriya en train de travailler. Moi, j'ai déjà fini mes devoirs pour lendemain. Je ne veux pas aller les déranger pour mon propre plaisir.

Soudain, comme pour répondre à mes pensées, j'entends quelqu'un m'appeler au loin.

- Todoroki !

La voix de Midoriya parvient jusqu'à mes oreilles – cette journée promet d'être agréable. Puisque je ne suis pas venu à lui, c'est visiblement lui qui vient à moi ; je l'aperçois s'approchant de moi, tout sourire. Lorsqu'il arrive à ma hauteur, son ombre s'étale sur l'herbe, puis sur moi ; il me cache du soleil. Ainsi en contre-jour, je ne distingue plus ses traits, seulement ses cheveux sombres en bataille. Je le salue :

- Ah, Midoriya.

- Je te cherchais ! déclare-t-il.

Je ne vois pas bien son visage mais je le devine souriant. L'entendre ainsi joyeux me fait aussi sourire. Je pense que c'est un don, chez lui, de rendre heureux les gens. C'est pour ça que je l'apprécie ; il est une bonne personne et je suis heureux de le compter parmi mes amis.
Il s'installe à côté de moi – le soleil m'éblouit de nouveau, tout comme sa gentillesse – et sert ses genoux contre son torse tandis que je demande :

- Ah ? Pourquoi tu me cherchais ?

- Je ne sais pas, comme ça, répond-t-il en haussant les épaules. J'ai l'impression que ça fait une éternité qu'on ne s'est pas vus !

Depuis vendredi soir, exactement. Soit, bientôt une semaine.

- C'est vrai. Je suis désolé pour ça d'ailleurs, je... tenté-je de m'excuser.

Midoriya me coupe immédiatement, sans me laisser le temps d'inventer une excuse mêlant devoirs et famille.

- Ce n'est pas grave ! On peut rattraper ça maintenant.

Son visage sympathique me fait esquisser un sourire. Changement de programme pour cette après-midi, donc : je ne la passe plus tout seul, mais avec l'un de mes meilleurs amis. Pour essayer de faire oublier mon absence des derniers jours – Midoriya ne semble pas m'en vouloir par rapport à ça mais moi, les remords m'étreignent – je lance le premier sujet de conversation :

- Au fait avec Uraraka... ça va ?

Cela fait environ deux semaines qu'ils se sont avoué leur attirance réciproque. C'est elle qui a fait le premier pas. Toute la classe l'a rapidement su mais heureusement pour eux, ils ne cherchaient pas à le cacher. Je ne suis pas sûr qu'ils soient en couple, mais ils s'aiment et apprécient passer du temps ensemble. On peut parfois les apercevoir se tenir la main timidement ou se câliner avec tendresse. Quand je les vois comme ça, je suis content de voir deux de mes plus proches amis aussi heureux, mais je me demande aussi si un jour, je pourrai toucher à un bonheur similaire.