Malencontreuses mésaventures d'un garçon amoureux. (TodoMomo)

Main dans la main

La main de Momo est dans la mienne.

Bon sang. Comment ai-je fait pour en arriver là. Je crois que je vais mourir. Est-ce que le cœur peut exploser quand on est trop amoureux – attendez, est-ce que le cœur peut seulement exploser ? J'ai l'impression qu'il va sortir de ma poitrine... Oh non, ce serait trop bête de mourir maintenant alors que je tiens enfin la main de celle que j'aime...

Non. Non, non, non. C'est trop beau pour être vrai. Il va forcément se passer quelque chose qui va tout gâcher. C'est certain. Ou alors, est-ce que je commence enfin à être chanceux... ?

Tout a bien commencé. Quelques jours après avoir rendu visite à ma mère, j'ai envoyé un message à Momo. Rien d'extraordinaire, un simple « Salut. :) » à propos duquel j'ai longtemps hésité (« Faut-il que je mette un point ? Je mets toujours des points, ce sera suspect si je n'en mets pas. Mais Ashido dit que ça fait trop froid et trop sérieux. En même temps, Momo en met aussi... Elle trouvera ça sans doute impoli si je n'en mets pas. Mais, bon sang, quel est mon objectif ? Je veux me rapprocher d'elle. On ne met pas de points avec les personnes dont on est proche. Je l'enlève. Attends. Non. C'est peut-être trop tôt. Un peu trop proche. Notre relation n'est pas assez intime pour que je me permette de ne plus mettre de point. Momo ne va pas apprécier. Je vais mettre un smiley. Comment on met un smiley ? »).

La réponse de Momo n'a pas tardé, un gentil « Salut, Todoroki ! » (J'aurais peut-être dû mettre un point d'exclamation aussi... Quoique, ça aurait été un peu trop familier... Bon sang, pourquoi est-ce que tout sonne bien quand ça vient d'elle, alors que j'ai juste l'air ridicule quand je m'y mets ?). Les banalités échangées, je lui ai fait part de mon idée : passer l'après-midi du lendemain en ville. Elle a poliment accepté. Tout fier de moi, je commençais tout juste à me détendre quand...

Hum. En fait non. Je reviens sur ce que j'ai dit. Tout a presque bien commencé. Je reprends.

Tout fier de moi, je commençais tout juste à me détendre quand j'ai senti une présence moqueuse dans mon dos.

- Sérieusement, Shoto ? « Salut, POINT, smiley qui sourit » ? Mais t'as dix-sept ou soixante-sept ans ?

(Mince. Le point était bel et bien en trop.)

Ai-je été surpris en devinant à qui appartenait cette voix ? Non. Suis-je en train de m'habituer à ce que mon grand-frère mette son nez dans absolument toutes mes affaires ? Malheureusement, oui.

J'ai éteint mon téléphone rapidement, espérant cacher toute preuve alors qu'il était évident que c'était déjà trop tard. Sans grande conviction, j'ai ensuite maigrement protesté :

- Natsuo. Ça ne se fait pas de lire par-dessus l'épaule des gens.

- Tu n'es pas « des gens ». Tu es mon petit frère, a-t-il répliqué avec un sourire dans la voix.

Quelle répartie incroyable, si incroyable que je n'ai même pas eu la force de lui répondre. Je ne me suis pas retenu de souffler, et mon frère a ri – depuis quand est-il si discret d'ailleurs ? Ne me dites pas que c'est encore l'amour qui me déconcentre...

Nastuo s'est planté devant moi avec un regard connivent – que je ne lui ai certainement pas rendu – et a entreprit de jouer son rôle de grand frère un peu lourd.

- Alors comme ça tu as proposé à ta chérie un petit rencard ? m'a-t-il lancé avec un grand sourire. C'est bien, tu prends les devants. Je vois que tu appliques mes conseils.

- Tes conseils ? Quels conseils ?

- ... Je vais faire comme si je n'avais pas entendu et ne pas me vexer.