Chapitre 6

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Je regardais par la fenêtre depuis ma chambre, la ville paraissait très calme avec des lumières qui scintillaient mais bizarrement il me manquait quelque chose et c'était inexplicable.

Je venais d'avoir Suzy au téléphone qui m'avait rassuré que tout était rentré dans l'ordre du côté de sa demi soeur et qu'elle allait rentrer le lendemain dans la matinée.

J'avais failli lui dire de faire attention à elle mais je craignais d'éveiller des inquiétudes en elle et préférait laisser tomber. Lui parler de Nina n'était pas une bonne solution car ça pouvait retomber sur moi. Connaissant Suzy, elle n'allait pas le cautionner.

Debout dans ma chambre avec pleins de sujets taraudant mon esprit, je restais impuissant voir interdit de faire quoi que ce soit. Je n'aimais pas vraiment cette attitude.

L'angoisse me gagnait tellement que j'avais résolu de joindre mon père et de tout lui expliquer pour qu'il puisse voir dans son carnet d'adresses s'il avait quelqu'un de fort à Dolisie pour veiller à Suzy jusqu'à son retour.

Au moment même où je voulais composé le numéro de mon père, je recevais un appel où le numéro s'affichait inconnu. Le coeur battant, je décidai de décrocher malgré moi. Si Nina osait faire quelque chose à ma femme, je le tuerais avec mes dents.

Au bout du fil, une voix d'homme que je ne semblais pas maîtriser. Tellement que la colère me gagnait, j'ai dû mal répondre à la personne avant de comprendre que ce n'était autre que le papa de Isis donc le mari de ma belle-mère.

- Toutes mes excuses papa, en fait il y a une personne qui m'appelle en privé depuis tout à l'heure mais pour ne rien dire.

- Pas grave Bruce, c'était juste pour avoir de vos nouvelles. Il y a Lucie qui ne cesse de s'inquiéter pour vous depuis ce matin, voilà pourquoi on a appelé.

Rien qu'à entendre ces mots, mon sang se glaça dans mes veines et je balbutiais des mots que moi-même je ne comprenais pas.

- Elles est là, attends je te la passe.

L'inquiétude me gagna encore de plus belle quand j'entendis maman Lucie me dire de faire attention et de prendre soin de ma petite famille car elle avait un mauvais pressentiment depuis ces deux jours.

Si j'avais su, j'aurais accompagné Suzy que de la laisser aller à la découverte de l'inconnu toute seule. Comment je n'avais pas pensé à ça? J'allais de mal en pis rien qu'en y pensant et mon estomac ne faisait que se nouer de plus en plus.

Yeux hagards, regard dans le vide, j'essayais d'égrener une petite prière mais les mots ne venaient pas. C'est vrai que j'étais catholique, je croyais vraiment en Dieu mais je n'avais jamais été pratiquant. C'est ce côté de moi qui deplaisait à ma mère malgré tout l'amour qu'elle me portait.

J'ai fait le catéchisme trois fois et à chaque fois, je trouvais des excuses. Ce n'est qu'après sa mort que j'avais décidé de faire tout ce qui lui plaisait pour honorer sa mémoire. Vous me direz que c'est faire le médecin après la mort mais je me sentais fier à chaque fois que j'accomplissais quelque chose qui plaisait à ma mère. Je me disais tout au fond de moi, ça y'est Bruce, elle est fière de toi.

En pensant à elle, je décidais donc d'invoquer son nom pour la première fois depuis sa mort. Aussi vrai que les morts ne sont pas morts et qu'ils veillent sur nous, je te prie de prendre soin de Suzy et de veiller sur elle comme sur ton propre enfant car elle est une partie de moi maman.

Bizarrement, aussi anodin que cela paraissait, ces mots m'ont apaisé et j'avais réussi à trouver le sommeil après avoir ingurgité une dose de doliprane.

Trou D'air Tome IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant