Chapitre 13

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Chapitre 13

Au fur et à mesure que Gnali avançait dans son propos, le public désagréablement surpris affichait une mine d'enterrement si bien que le silence s'est imposé sans coup férir. Les yeux hagards, le mari de Gnali se leva et fit allégeance au roi comme pour lui demander la permission de quitter l'assemblée. Mais le roi, concentré aux propos de Gnali lui demanda de s'asseoir en lui faisant signe avec son balai.

Gnali faisait son récit les pupilles dilatées comme si elle était en transe. Tout a commencé il y a une quarantaine d'années, il y avait dans la contrée voisine une reine très belle, tellement belle que la renommée de sa beauté avait traversé les frontières et tout le monde la surnommait Mamie Wata ( sirène en français ). Beaucoup d'hommes et même les femmes venaient de différentes régions avec des présents rien que pour contempler et vénérée cette beauté tant adulée.

Ilongo qui veut dire Beauté était son véritable nom. Elle était la seule et l'unique épouse du roi mais n'avait pas eu la chance de satisfaire au besoin de ce dernier qui voulait à tout prix d'un garçon pour pérenniser sa lignée.

En voyant son foyer menacé, la reine Ilongo fût obligée de donner sa demi soeur au roi pour lui faire d'enfants. Hélas, Bouna n'avait pu donner au roi qu'une fille (Gnali) à son grand désarroi ce qui le poussa à prendre deux autres épouses en plus de Ilongo et Bouna pour combler son envie de garçon.

Ce qui fut fait dans les années qui suivirent car les coépouses d'Ilongo ont pu donner au roi toute une ribambelle de garçons. Au total, la cour du roi avait six garçons et une fille (Gnali) l'aînée.

Gnali qui avait déjà été présentée au trône comme héritière valable et successeur légal du roi vu sa position dans la fratrie, grandissait dans l'arrogance et nourrissait l'idée de gouverner un jour cette contrée de Mayoka. Elle participait aux courses d'équitation avec les hommes, faisait les batailles, se rendait à la chasse et accomplissait avec brio tout ce qui était dévolu aux hommes.

Le premier garçon grandissant, le roi édita une autre loi comme quoi, seuls les enfants issus d'une union légale avaient la chance de succéder au trône. Gnali étant né suite à un rapport adultérin était alors destituée au profit de son frère cadet.

La nouvelle tomba alors que l'on assistait à la cérémonie des dix huit ans de la future reine (Gnali), le roi le présenta à l'assemblée en tant que représentant légal et successeur en lieu et place de Gnali. Cela a soulevé un grand mécontentement chez Gnali qui était devenue furax avant de s'enfuir dans la forêt.

Le soir venu, elle revint au village, demanda pardon à son père le roi mais la malice ayant pris le dessus, elle s'est résolu à mettre du poison dans le diner royal exterminant ainsi toute la famille avant de prendre la fuite avec sa véritable mère Bouna qu'elle considérait jusque-là comme nourrice.

Après plusieurs jours de marche, traversant monts, vallées et collines, les deux femmes épuisées, s'arrêtèrent dans une clairière et installèrent leur tente pour se reposer quelque jour avant de continue la marche. À la tombée de la nuit, un groupe de trois hommes qui rentraient de la chasse, s'arrêtèrent à la clairière. Le chef de gang ordonna à ses sbires de retenir la plus vieille par les mains afin qu'il puisse assouvir ses envies d'hommes en prenant de force la jeune Gnali. La besogne finie, les trois hommes prirent leur chemin laissant Bouna se lamenter au chevet de sa fille.

- Tout ça c'est à cause du péché que tu viens de faire, il ne fallait pas les tuer. La malédiction risque de tomber sur nous pour toujours... Il ne fallait pas.

La bonne dame n'avait pas terminé son propos lorsque sa fille se leva et lui donna une bonne gifle.

- Ne fais jamais cette mine de chien battu en ma présence, femme. Je suis Gnali la reine et aucune chose ne peut m'échapper. Je te promets que je retrouverai ce malheureux qui m'a violée et je lui réglerai son compte comme il le mérite.

Trou D'air Tome IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant