chapitre 11

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Dans ma torpeur, je contemplai silencieusement Junior qui dormait à point fermé tout en souhaitant qu'il se réveilla mais en vain.

Je restai debout au milieu de la chambre comme une statuette puis tout d'un coup, une force surréaliste me prit et me poussa à secouer vivement Junior qui finit par se réveiller tant bien que mal tout en baillant.

- Eh qu'est-ce qu'il y a?

J'essayai de lui expliquer la situation tout en balbutiant de peur. Il me demanda de me calmer, que ça pouvait être quelqu'un d'autre que Suzy. Puis il se leva, s'étira, mis son tee-shirt et me prit la main comme à un enfant pour qu'on descende ensemble en expliquer à papa.

Entraîné par Junior, nous descendions quatre par quatre les marches de l'escalier menant au salon quand nous tombons nez à nez avec le chef de police et deux de ses éléments assis dans le séjour avec papa.

Je me rendis compte qu'un conciliabule se tenait sans pour autant que l'on pense à nous mettre au courant Junior et moi. Vu l'heure, mon sang bouillona dans mes veines et mon intuition s'envola aussitôt sur l'information que je venais de lire il y a quelque temps à la télévision.

Une stupeur silencieuse et morne m'envahit soudain lorsque je crus apercevoir un morceau de la plaque d'immatriculation d'une voiture dans les mains d'un des deux policiers qui accompagnaient le commissaire.

J'ouvris la bouche comme pour invectiver le chef de la police qui a fait passer le temps et n'as pas voulu m'associer à l'enquête, faute de quoi l'irréparable a été commis, mais aucun mot ne put sortir.

Je voulus m'approcher mais il y avait comme une force qui me retenait là. J'avais tout d'un coup des envies de meurtre et une grande rage se tordait dans ma poitrine et ne cherchait qu'à sortir.

Je criais de toutes mes forces comme un lion rugissant, puis, papa qui donnait le dos, se tourna, me vit et se précipita pour me prendre dans ses bras mais il était trop tard, j'avais déjà tout compris. Ma tête tourna au quart de tour et je m'écroulai sur place puis trou noir.

J'entendais de très loin la voix de papa qui m'appelait mais j'étais incapable de revenir en moi comme si quelque chose me résistait. Je fis tout mais rien puis je décidai de me laisser emporté par un sommeil profond.

Réveillé par les chocs et impulsions électriques libérés par le défibrillateur, je constatais que j'étais allongé dans une ambulance sûrement en direction de l'hôpital général. Je voulus bouger mais je me rendis compte que j'avais les mains liés.

Junior assis à côté avait un regard abattu ce qui me fit que confirmer mes soupçons pour Suzy. C'était fini pour elle et sûrement pour moi aussi car je ne pensais pas en ce moment survivre après ce coup.

Le secouriste ayant constaté que j'étais réveillé, se précipita pour me poser un masque d'oxygène qui me fit plonger dans une léthargie.

*Voix Off*

Il était vingt et une heures environ quand la fourgonnette suivie de près par la voiture rouge quittait le grand demeure du bas quartier pour se lancer en direction de la route nationale numéro 2 tout en prenant le soin d'éviter les barrages érigés sur l'autoroute.

La jeune femme ligotée à l'arrière de la fourgonnette bougeait tellement que les deux gars à l'avant ont jugé mieux de l'installer sur le siège passager de la petite voiture rouge pour ne pas attirer l'attention des curieux.

Cheveux en bataille et yeux bordés d'Anchois, elle savait que son sort était lié mais essayais tout de même d'égrener une prière au fond d'elle tout en espérant qu'un miracle se produise.

Trou D'air Tome IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant