Trou D'air Tome II

Chapitre 1: Bruce

Trois jours passés sans Suzy me paraissaient tellement longs, si longs que je m'ennuyais tout seul à la maison ne sachant plus quoi faire, DJ étant chez Lydia, la maison me paraissait très grande du coup et j'errais dans toutes les pièces à la recherche de je ne sais quoi.

Tout me semblait triste et vide d'un coup. Je me rendais alors compte à quel point ces deux êtres, à savoir ma femme et mon enfant m'étaient tellement indispensables et comptaient plus que tout pour moi.

J'essayais d'imaginer ma vie sans eux, ce que je serais devenu à ce jour si je n'avais pas rencontré cette femme qui, telle une fée, a su changer ma vie d'un coup de baguette magique par une rencontre des plus hasardeuses.

Suzy avait su combler ce vide qui depuis longtemps n'avait cessé d'habiter mon coeur. Elle avait su me faire oublier la perte de ma maman, l'être le plus cher de ma vie, en veillant sur moi comme sur son propre enfant.

Le point primordial du quotidien de Suzy, depuis que je la connais, était de prendre soin de moi sur tous les aspects de la vie à mon grand bonheur de l'avoir comme femme.

J'étais tellement content que je pensais devoir amorcer le processus de l'officialisation de notre union dès son retour de Dolisie car on risquait de me la prendre. Surtout que la toute récente histoire avec Edgar me mettait sur mes gardes et me laissait comprendre que Suzy ne m'était pas encore acquise. Je me devais de me dépêcher de lui mettre la bague ai doigt, au moins j'aurais l'assurance que personne ne s'aviserait.

Les six derniers mois ont été épouvantables et riches en émotions non seulement pour notre couple que pour Suzy. En bon mari, il était de mon droit de le lui faire oublier en y apportant de la joie, de la paix et du bonheur. Mais comment allais-je procédé aussi impulsif et maladroit que j'étais ? À chaque fois que je voulais faire du bien, je gachais tout par colère alors que Suzy elle, elle faisait tout à la perfection.

Malgré le fait qu'elle venait de vivre des moments troubles et allait de situation en situation, et de découverte en découverte, elle n'avait pas baissé les bras, s'occupait de nous comme toujours et souffrait en silence.

Heureusement qu'elle avait une grande force de caractère que même quand elle persistait à chercher à résoudre telle ou telle chose que satan lui même ne voudrait pas avoir affaire à elle. Suzy était une dure à cuire dans le sens où même que c'était elle qui me motivait chaque matin pour aller à la recherche du pain quotidien.

Ma femme ne reculait jamais devant une difficulté. Elle affrontait chaque épreuve avec bravoure et s'en sortait toujours haut les mains malgré les difficultés et les péripéties qu'elles pouvaient rencontrer.

Et pourtant elle n'allait pas régulièrement à l'église mais sa foi était inébranlable et son coeur pur comme si elle était l'incarnation même de la sainte vierge. À tel point que je ne savais pas d'où elle tirait cette force de caractère.

Une rencontre hasardeuse dans un avion banal avait pu transformer la vie d'un ex chaud lapin que j'étais. À chaque fois que j'y pensais, je croyais de plus à Dieu et au destin.

Je me souvenais même avoir été choqué par les circonstances de la mort de maman et la manière dont on l'avait enterrée m'avait beaucoup traumatisé. Heureusement qu'au sortir de la guerre, papa avait tout fait pour l'exhumer et l'enterrer dignement. On lui devait au moins ça, un bel hommage pour une personne qui avait beaucoup compté dans notre vie.

On venait d'avoir quinze ans, Boris et moi, lorsqu'elle est décédée. Junior lui n'avait que 11 ans et Lydia, quant à elle, avait 18 ans et elle était en classe de terminale.

Nous étions comme abandonnés à notre triste sort, Lydia étant occupée par les études, nous faisions ce que nous voulions à la maison sauf Boris qui s'était recroquevillé depuis la tragique.