Chapitre 15

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- Je n'ai jamais tué personne! S'amusais à répéter Nina sans scrupule aucun devant cette noble cour qui réunissait un parterre des hommes dignes et responsables.

- Son propre mari a voulu s'en débarrasser et j'ai quelqu'un qui peut témoigner. Ajouta-t-elle tout en me fixant candidement.

J'eus la nausée et déglutis péniblement rien qu'en écoutant cette folle pondre ses balivernes. Son regard sur moi était le coup fatal qui avait failli me sortir des mes gongs mais je ne perdis pas confiance pour autant. Retiens-toi Bruce, m'intimais-je intérieurement pour ne pas faire fi à l'ire qui me gagnais au galop.

À la fin de son interrogatoire, son avocat appella donc son témoin pour venir démontrer et confirmer avec des preuves les allégations qu'elle venait de porter en ma personne. Exténué, je regardais vaguement le gars avant de distinguer, lorsqu'il était à mon niveau, qu'il ne s'agissait autre que de Willy, le nouvel homme de main de Nina, avec qui nous avions échangé sur Facebook pendant que Suzy était à Dolisie.

Il s'assit confortablement dans le box, regard rivé sur le public tout en évitant le mien, tel sa patronne, Willy se mit lui aussi à débiter les mensonges sur ma personne comme quoi dans notre conversation, je me plaignais du comportement soi disant odieux qu'affichait Suzy et que je regrettais Nina. Willy sortit un papier imprimé qu'il tendit à leur avocat qui ne manqua pas de la lire à haute et intelligible voix.

Au début, tout me semblait normal jusqu'à ce que j'entende des choses que je ne me souvenais pas avoir écrites. D'aussi loin que je me souvienne, Suzy n'avait jamais été de trop dans ma vie comme le prétendaient mes dires dans cette lettre. Au contraire, ma femme a toujours été cette bouffée d'oxygène qui m'a toujours manquée depuis que j'étais né. Elle était la dernière pièce de mon puzzle sans laquelle le jeu était nulle. Alors où et pourquoi j'aurais pensé de telles énormités sur ma femme?

Ne me reconnaissant pas dans ces propos, je fis signe de la tete à Junior de me ramener mon téléphone qu'il détenait depuis le drame. Je le déveroullais et en entrant dans mon Facebook, qu'elle ne fût ma surprise de constater que malheureusement tout était vrai? J'avais dit des trucs du genre je n'aimais plus Suzy et que je cherchaisvà tout prix de m'en débarrasser car Nina était soi disant la seule femme qui mr comblait de bonheur. Balivernes!

Je me demandais où avais-je la tête au moment où j'écrivais ces choses ou qu'avais-je bu ce jour là. Mais je ne trouvais pas de réponse. En deux coups de cuiller à pot, j'avais failli perdre l'équilibre mais ce qui me rassura fut mon écriture que je ne reconnaissais pas du tout. Je n'étais pas du genre crack de SMS, je prenais toujours le soin de terminer mes mots en les écrivant en toutes lettres. Ce qui n'était que normal car j'avais fait littérature au lycée et mes professeurs à Cotonou y tenaient scrupuleusement. Au fil des temps, l'habitude aidant, j'avais développé cette manie si bien que j'avais en horreur des gens qui écorchaient les mots. Ce n'était guère élégant, c'était pour moi comme assassiner la langue.

Le speech de l'avocat de la partie adverse avait bizarrement l'air de convaincre le grand jury qui, à travers leur regard, se réjouissait des preuves percutées par Nina et son acolyte. Elled étaient assez suffisantes pour m'accuser d'autant qu'il n'y avait aucun moyen pour les contrecarrer ni aucun témoin pour les refuter.

Il était bien clair qur Willy s'était permis de traficoter mon Facebook pour continuer notre discussion et enfin me faire retourner les torts. Tout conspirait désormais contre moi, même ma belle mère qui était assise juste à mes côtés, avait maintenant la respiration saccadée et me regardait bizarrement à croire qu'une part d'elle croyait en ces balivernes.

Voyant cela, Junior perdit son sang froid et s'emporta comme un lui rugissant sur Willy qui était encore assis au box jusque-là. Il fut rapidement rattrapé par les flics présents dans la salle qui l'arrêtèrent net dans son élan. Furax, le juge avait tapé son marteau sur la table afin d'attirer l'attention et il avait voulu nous coller un outrage à la magistrature puis s'était ressaisi lorsque mon avocat s'est confondu en excuse.

Trou D'air Tome IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant