Trou D'air Tome II

Chapitre 16

Bien que papa ait voulu qu'on prenne un verre en face, histoire de souffler après ces moments pénibles; et aussi mettre au clair la situation avec les enquêteurs, je n'étais plus dans mon assiette. Les propos dits par la maman de Suzy devant le palais de justice ne faisait que revenir dans ma tête. En plus elle avait l'air très sérieuse en le disant, ce qui ne pût me mettre dans un état inextricable.

Désemparé, gorge sèche et voix nouée, je m'asseyais malgré moi dans un des fauteuils juste a côté de Suzy, qui depuis le petit discours de sa mère, était devenue de plus en plus distante et avait abandonné tout geste affectueux qu'elle me faisait il n'y a pas longtemps. Mon regard passait de maman Lucie à mon père, comme si j'implorais leur pitié mais papa était sans expression et fuyais presque mon regard.

Le serveur passa prendre les commandes, je décidai de prendre du Gin, j'en avais grand besoin pour évacuer le trop plein de stress qui régnait dans ma caboche. À peine nous étions servis, Lucie commençait sa lithanie. Je la regardais parler sans broncher tout en lisant l'incontinence dans le regard de mon père qui était à la fois en colère et très gêné de voir la situation se retourner contre moi alors qu'il y a des jours, il fut témoin de mon mal être et de ma souffrance en apprenant la disparition de Suzy.

Mais où avait-elle la tête bon sang, je ne cessais de me demander si la mère de Suzy était sérieuse ou si elle faisait semblant de ne pas comprendre que sa fille était la personne que j'aimais le plus au monde? Je regardais mon père impuissant et quand nos deux regards se croisèrent, il haussa les épaules en guise de réponse, sûrement avait-il compris que j'avais besoin d'aide, puis il se tourna vers la maman de Suzy.

- Êtes-vous sûre madame de vouloir retirer votre fille de son foyer alors qu'il vienne de traverser une si dure épreuve ?

- Monsieur Denis, avec tout le respect que je vous dois, je préfère la prendre même pour quelques temps puisque je ne suis plus ici, la savoir auprès de moi me rassurerait énormément. C'est vrai que j'ai deux enfants mais Suzy est en ce moment ce que j'ai de plus cher au monde vu que son frère est un peu distant depuis qu'il s'est mis au service de Dieu. J'aime vraiment votre fils et j'étais contente de son union avec la prunelle de mes yeux, mais je rends compte qu'auprès de lui, ma fille n'est pas en sécurité. Voilà pourquoi je préfère la retirer que de la laisser mourir aussi bêtement.

- Je comprends parfaitement vos inquiétudes, mais Bruce n'y est pour rien. Il est aussi victime que Suzy...

Il n'avait même pas fini sa phrase lorsque son interlocutrice lui coupa la parole toute en colère, j'avoue que je n'avais jamais vu cette dame sous cet angle. Elle était tout simplement méconnaissable !

- Vous ai-je dit que j'avais du respect pour vous monsieur Denis?

- Oui c'est vrai, vous l'avez dit mais n'empêche qu'on puisse se contredire sur un point. Pour moi, tous sont des enfants, Bruce comme Suzy, et en tant que père, je ne puis permettre une telle chose alors que je sais que les deux s'aiment à mourir et ne peuvent vivre l'un sans l'autre. En plus, vous semblez oublier un détail madame, Bruce et Suzy sont liés coutumièrement même si aux yeux de certains, ça ne vaut pas grand-chose mais pour moi ça compte énormément. Vous avez vu comment toute la famille, moi en l'occurrence, étions mobilisés lors de la disparition de votre fille. Madame, j'ai fait des nuits blanches et cela parce que je porte votre fille dans mon coeur de père. Sans vouloir comparer, il n'était pas de même lorsque je perdais mon autre bru, la maman de Evie. Vous étiez la et vous aviez dû constater. Ce qui est arrivé, c'était à cause de la méchanceté d'une personne qui en voulait à Bruce mais c'est fini. Elle a été reconnue coupable et croupira en prison pendant je ne sais combien de temps. Accordons leur une seconde chance et si ça ne marche pas, je vous promets venir la déposer moi-même peu importe là où vous vous trouverez.