Ma raison me crie de repartir rapidement, mais une curiosité morbide prend le dessus. Je m'approche doucement, hésitante, du corps inanimé de ce qui semble être un jeune homme. Il est couvert de sang et de griffures en tout genre et ses vêtements sont à moitié déchirés.
Quand j'arrive à sa hauteur, je l'observe plus en détail : ses yeux sont clos, sa tête légèrement tournée, comme s'il dormait. Son torse se soulève à un rythme régulier, signe qu'il respire encore. Je suis soulagée de voir qu'il est encore en vie. Il n'a pas de blessure grave, juste des égratignures, cependant celles-ci sont assez profondes. Je ne sais pas ce qui peut les avoir provoquées, mais cette chose doit être très dangereuse.
Je remonte les yeux jusqu'à son visage, ses yeux sont encore fermés, mais ses narines remuent frénétiquement : je prend peur et recule d'un pas, sans le lâcher des yeux.Il est réveillé. Ses paupières s'ouvrent doucement, me faisant voir ses yeux sombres dont les pupilles sont exagérément dilatées. Je recule encore, manquant de trébucher et ramasse un bâton que je brandis devant moi, sur la défensive.
Le garçon ne bouge pas, je réalise qu'il est paralysé par ses blessures. Je n'ai rien à craindre de lui. Il se contente de grimacer de douleur. Sa façon de se mordre les lèvres m'indique à quel point il souffre. J'hésite à l'aider : son état mériterait des soins, mais mes sens sont toujours en alerte : une partie de moi me dit de ne pas l'approcher. Je ne sais pas qui il est, comment il en est arrivé là et s'il est dangereux. Et s'il m'attaque ? La peur grandit de nouveau à l'intérieur de moi.
Pourtant, ma curiosité prend de nouveau le dessus : sans lâcher le bâton, je m'approche de lui. Son regard se dirige vers moi quand il entend le craquement des feuilles sous mes pas. Le mouvement furtif me fait sursauter ; je me fige sur place, n'osant plus faire un bruit. Mais l'angoisse rend ma respiration beaucoup plus forte, impossible de ne pas me faire remarquer.
Voyant qu'il ne fait aucun mouvement, je fais un pas en avant. Prudemment, je m'accroupis près de lui. Une lueur d'inquiétude s'illumine dans ses yeux, je comprends alors qu'il a juste peur.
- Je ne te veux pas de mal, je murmure.
Je regarde ses blessures plus en détail. Son flanc droit est violemment lacéré, ainsi que ses avant bras.
- Qui t'a fait ça ? Je lui demande.
Il baisse les yeux pour les regarder à son tour et sa respiration s'accélère brusquement. Quel genre de psychopathe a pu lui infliger ça ?
Sa voix faible se fait entendre :- Je...je ne sais pas.
Je déglutis. Est-ce qu'il aurait perdu connaissance ?
- Tu peux te lever ? Je lui demande, gardant les autres questions pour plus tard.
En guise de réponse, il se redresse doucement, ne pouvant pas retenir une grimace de douleur. Je passe un bras derrière ses épaules pour le soutenir et l'aide à se relever. Il prend appui sur mon bras et tente de marcher, boîtant cependant.
- Tu devrais rentrer chez toi. En plus il commence à pleuvoir, je constate en sentant des petites gouttes d'eau sur mes bras.
- Je ne veux pas rentrer chez moi, murmure-t-il en détournant le regard.
Je fronce les sourcils. Pourquoi il ne veut pas rentrer chez lui et que compte-t-il faire ?
- Alors viens chez moi, je vais te soigner. Mais tu n'y restera pas éternellement, je l'avertis.
Il me regarde longuement, comme s'il cherchait à me remercier mais qu'il ne savait pas comment s'y prendre. Il acquiesce finalement et me suis sans dire un mot. Si ça se trouve, je suis en train de proposer à un meurtrier de l'héberger. Mais son air hagard me fait pitié. Il paraît chamboulé et complètement perdu.
Je l'aide à marcher et on sort de la forêt par le même chemin par lequel je suis arrivée. Je suis toujours sur mes gardes et regarde tout autour de moi mais il semblerait que l'ombre de tout à l'heure a disparu. La forêt débouche sur un chemin entre plusieurs champs. La pluie commence à battre de plus en plus fort contre le sol. Le tonnerre gronde dans le ciel, de manière si surprenante que je sursaute. Celui-ci s'assombrit et devient de plus en plus terne : des épais nuages sombres le comble. On peut sentir le début d'une tempête, comme si l'air était chargé en électricité.
Mes mains commencent à trembler. Le garçon boite légèrement, ce qui ralentis notre rythme. Je l'aide à avancer, pressée de pouvoir rentrer chez moi. J'ai peur que mes parents soient rentrés plus tôt de leur travail. je ne saurais pas vraiment leur expliquer la situation...
Nous arrivons au bout de ce long chemin ou se trouve un immense champs de blé, chemin le plus court pour accéder jusque chez moi. Nous le traversons alors que l'orage devient de plus en plus violent et que des éclairs viennent déchirer le ciel, éclairant pendant un dixième de seconde nos visages effrayés. Le tonnerre suit, d'abord un craquement, puis un roulement bruyant. Je tente de presser le pas, malgré la lenteur du garçon.
Une fois le champs parcouru, on traverse une petite route et nous nous retrouvons devant un vieux portail en bois. Je le pousse pour accéder à mon jardin, à l'arrière de ma maison. Je dis au garçon d'attendre là, le temps que j'aille verifier s'il n'y a personne. Il obéis, restant les bras ballants derrière moi. Je m'avance doucement, ouvre la porte dans un craquement et jette un oeil à l'intérieur. Personne. Je soupire de soulagement et retourne chercher le garçon, qui n'a pas bougé d'un pouce. Je lui fais signe d'entrer et il obtempère.
Je l'accompagne jusqu'à ma chambre, où je le laisse s'allonger sur mon lit, puis je ferme systématiquement les rideaux, comme si j'avais peur qu'on le voit ici. Quand je me retourne, je le voit qui se tord de douleur. Une grimace vient animer son visage calme, puis il se crispe. J'allume le chauffage car il fait un froid glacial et je veux qu'il soit à l'aise. Je cours jusqu'à la cuisine chercher des médicaments et de quoi le guérir et je remonte rapidement jusqu'à ma chambre.
Je m'asseois par terre à côté du lit et attrape le bras du garçon le plus proche de moi. J'observe les blessures et commence à les panser doucement, puis recouvre les plaies avec les bandages.
- Comment tu t'appelles ? Je murmure.
- T-taeyong, il bégaye entre deux souffles bruyants.
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Mad City [Lee Taeyong]
FanfictionDans une petite ville perdue au fin fond de l'Angleterre se cache de nombreux mystères. La forêt abrite de curieuses ombres se faufilant d'un coin à un autre, cherchant leur proie. Leur secret est sur le point d'être révélé mais un destin tragique s...