Chapitre 2

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Je lui met quelques pansements sur le visage, tout en essayant d'être précise et de ne pas trembler. Son regard se dirige vers mes mains qui s'agitent.

Je soulève son tee-shirt, légèrement gênée, pour contempler la blessure qui se trouve sur ses côtes. C'est une immense griffure. Je suis stupéfaite de ce que j'ai sous les yeux... Quel est le genre de monstre qui a pu faire ça ? Cette griffures est beaucoup trop grande, trop profonde. Je comprend que c'est elle qui le fait le plus souffrir. Je fais ce que je peux pour le guérir, mais je ne sais pas y faire...j'aimerai pouvoir en faire plus.

Le désinfectant que j'applique pique un peu, il grimace. Je m'excuse pour ma maladresse et finit par couvrir sa griffure avec un tissu, l'entourant autour de son torse.

- Je suis désolée, je ne peux rien faire de plus. Il faudrait appeler un médecin.

- Ça ira, me coupe-t-il.

Il semble apaisé, sa respiration est plus régulière. Je baisse son tee-shirt et le couvre d'une couverture.

J'ai pleins de questions à lui poser, mais il n'a pas l'air d'être sur le point d'y répondre. Il a l'air épuisé.
Ses paupières se ferment lentement, il se tourne vers moi et replie ses jambes pour s'installer confortablement.

- Merci, souffle-t-il.

Un petit sourire vient se former sur son visage. Comme il devient silencieux, je crois qu'il est endormi. Pourtant, dans son demi-sommeil, je l'entend murmurer :

- C'est la première fois que je me sens vraiment en sécurité.

Puis il s'endort. Je le regarde un moment, sans bouger, ni penser à rien.
Je me lève et ferme ma porte à clé. Si mes parents rentrent, je leur dirait que je suis malade et que je suis couchée. En plus, ça expliquera pourquoi j'ai quitté le lycée tout à l'heure. Il suffira que Taeyong reparte demain, une fois qu'il se sera reposé. Même s'il ne risque pas de guérir en une nuit...

Je le fixe de nouveau. Qu'est ce qui a pu lui arriver ? Est-ce qu'il se serait fait attaquer par une bête sauvage ? C'est le plus probable, vu sa griffure.

Mais le plus étrange, c'est sa présence dans la forêt. Personne n'y va jamais, sauf moi. Tout ça à cause des rumeurs qui circulent en ville, concernant les étranges créatures et les éventuels psychopathes qui y roderait.
Je sais que c'est faux, bien sûr. J'y suis allé un certains nombre de fois, et elle est plutôt calme, malgré l'ambiance sombre qui peut y régner la nuit. J'aime bien cette tranquilité, c'est pour cela que je m'y suis rendue aujourd'hui.

Mais pourquoi lui y est allé ? Est-ce qu'il a été si stupide, pour vouloir aller vérifié la véracité des rumeurs ? Ou peut-être, fuyait-il simplement quelque chose ? Cette possibilité existe aussi, ça expliquerait pourquoi il se serait rendu dans un endroit aussi reculé. Il a peut-être fugué ? Si c'est le cas, ses parents doivent déjà le chercher à l'heure qu'il est. Je dois me calmer...personne ne peut savoir qu'il est ici.

Je sors un matelas qui se trouvait sous mon lit, que je reservais pour des amis qui viendraient dormir. Un simple coussin et une couverture me suffisent.

J'ai chaud, je crois que je commence vraiment à être malade. La pluie de tout à l'heure me glace encore les os. Je tousse, j'eternue, je renifle. Je me cache sous la couverture pour éviter de réveiller Taeyong. J'essaye de dormir, mais je n'y arrive pas. La chaleur monte, j'ai mal à la tête. Mes pensées sont occupées par la présence de l'étrange garçon dans mon lit mais étrangement, je n'ai pas peur de lui.
Le fait qu'il soit là me rassure même : si je ne l'avais pas trouvé, il aurait peut-être dormir dehors.

En revanche, j'appréhende quand même un peu ce qui va arriver. Ai-je bien fais d'agir comme je l'ai fait ? Ne vais-je pas le regretter ?

J'essaye de me calmer et de respirer lentement. Rien ne sert de paniquer. Je regarde le visage paisible de Taeyong, dans la pénombre, pour pouvoir me détendre. Je finit par m'endormir, épuisée par mes émotions de la journée.

Lorsque je me réveille, il fait encore plus chaud dans ma chambre. La lumière à travers le rideau m'indique qu'il fait déjà jour depuis un moment. Je me lève et vais baisser le chauffage, puis je déverrouille le verrou. Le craquement de mes pas sur le parquet réveille Taeyong qui dort dans mon lit, enroulé dans une couverture. Il ouvre un oeil après l'autre, puis me fixe, le regard vitreux.

- Bonjour, me salue-t-il timidement.

- Bonjour. Tu veux quelque chose à manger ?

Il acquiesce mollement tout en se redressant. Je descend en bas et commence à nous préparer un petit déjeuner avec des tartines et des oeufs. Mon estomac gronde quand l'odeur se fait sentir. J'en profite pour prendre des médicaments contre la douleur. Je remonte dans ma chambre et posé le plateau sur la table de chevet.

- Tiens, mange un peu, ça te fera du bien.

Il me remercie du bout des lèvres et attaque son petit déjeuner. Je suis stupéfaite par la vitesse à laquelle il mange : il a un appétit féroce. Il avale tout en cinq minutes, sans s'arrêter. Quand il a fini je lui fait remarquer en riant :

- Ça fait combien de temps que t'as pas mangé ?

- J'ai toujours un grand appétit.

Incroyable vu sa minceur. Pourtant, en repensant à l'état dans lequel il était hier, c'est plausible qu'il n'ait pas mangé depuis un moment.

- Tu devrais rentrer chez toi, je le conseille.

- Je n'en ai pas envie. Pas pour l'instant.

Il remonte les genoux jusqu'à son torse et baisse la tête. Son visage s'assombrit brusquement, il tremble légèrement.

- Désolée, je ne voulais pas te rappler de mauvais souvenirs...

Sa respiration est de nouveau anormalement irrégulière.

- Mais tu ne peux pas rester. Je ne peux pas te garder, mes parents ne voudront pas.

- C'est pas grave, c'est déjà très gentil de m'avoir laissé dormir chez toi.

Que compte-t-il faire ? Je n'ai pas le temps de lui poser la question, car il se lève avec hâte. Il semble plein d'energie, il est difficile de croire qu'il se sentait mal hier.

Je le raccompagne jusqu'à la porte, presque à regret de le quitter si tôt. Avant qu'il ne parte, je lui pose quand même la question me brûle les lèvres :

- Pourquoi tu es parti de chez toi ?

Il ferme brièvement les yeux, et quand il les rouvre il fixe les miens.

- Il y a des choses que les gens ne devraient pas savoir, dit-il simplement, presque sur un ton de reproche.

Pendant un millième de secondes, je suis happée par son regard, profond et sérieux à la fois.

Il se retourne et part, sans jeter un seul regard en arrière. Je regarde son dos s'éloigner, devenant de plus en plus petit. Où va-t-il ? Une brusque envie de le rattraper me prend. J'ai encore tellement de question à lui poser. Pourtant, je me résigne à rentrer chez moi. J'ai tellement mal à la tête que je me recouche, je suis incapable de rester debout. Je passe un certain temps à ressasser les mots de Taeyong. Pourquoi ne puis-je pas arrêter d'y penser ? Plus j'y pense plus ma tête me fait mal. Je finit par me rendormir, oubliant ma tourmente pendant un certain moment. Je suis tellement bien, enroulée dans ces couverture. Il y a comme une odeur masculine dans les draps.

Mad City [Lee Taeyong] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant