Chapitre 5

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Alors, comme si ma vie en dépendait, je pose mon sac dans l'entrée et ressort rapidement de chez moi. Je marche vite, je cours presque sur le chemin du lycée. Si je me dépêche, j'arriverai avant la sonnerie de fin des cours. Je connais l'emploi du temps des terminales littéraire, je sais ou il sera. La musique m'aide à accélerer le pas et j'arrive cinq minutes avant la fin des cours. Maintenant, il me suffit d'intercepter celui que je veux voir. Je vais me poster à côté de la salle d'espagnol et j'attend. Quand la sonnerie retentit, la porte s'ouvre et plusieurs élèves ressortent, visiblement pressés.

Quand j'aperçois la chevelure brune de celui que j'attend, mon coeur se met à battre plus fort. Qu'est-ce que je suis censée dire ? Je n'y ai pas vraiment réfléchis, trop obnubilée par l'idée de le revoir. Quand il me voit, un léger sourire se dessine sur son visage. Mon coeur rate un battement à ce moment-là.

- Salut, me lance-t-il, enjoué.

- Salut, je répond plus timidement.

- Tu as besoin de quelque chose ? Tu m'attendais visiblement.

- Heu...oui...

Mon cerveau tourne à cent à l'heure pour trouver une excuse.

- J'ai...besoin d'aide pour un devoir de littérature. Tu voudrais bien m'expliquer pour la dissertation ?

Il semble étonné pendant une seconde, puis aquiesce.

- Désolée, je ne veux pas te prendre ton temps.

- Non ça va.

- Je ne connaît personne qui y arrive. Alors je me suis dit que peut-être toi...

- Pas de problème. Je te suis redevable de toute façon.

Je suis gênée qu'il reparle de ça. J'ai encore tellement de questions à lui poser, mais je n'ose pas trop. Peut-être qu'il réagira violemment, refusant de me dire la vérité ?
Tandis qu'on marche jusqu'à la bibliothèque, je jette des regards furtifs sur lui, comme si j'allais avoir des réponses à mes questions. Il finit par le remarquer et me fixe, le regard interrogateur. Je l'évite pour ne pas avoir à m'expliquer. On s'asseoit à une table l'un à côté de l'autre et je sort mes affaires.

- Vous travaillez sur quoi en ce moment ? Me demande-t-il.

- Les poèmes de Byron. Le sujet c'est le romantisme au dix-neuvième siècle. Je t'avoue que je comprend pas trop le symbolisme...

Il se penche sur la feuille que je lui tend, sur laquelle sont écrits les poèmes sur lesquels on doit travailler.

- Regarde...il y a un contraste avec les mots "dark" et "light". Là il y a une assonance avec "grace" et "waves". Les champs lexicaux aussi...de la passion et de la beauté...

Il m'explique tout ça avec une fluidité et un naturel presque iréel. Alors que je bloque sur le texte, lui en a compris toutes les thématiques, ça me rend bouche bée. Au bout d'un moment, alors qu'il ne s'arrête pas, je décroche mon regard de la feuille pour le poser sur lui.

Il est tellement concentré sur le texte qu'il ne remarque pas que je le regarde.

- Ça va, je murmure au bout d'un moment, le coupant dans ses explications. Je crois que j'ai compris.

- T'es sûre ? Me demande-t-il.

J'aquiesce, puis je lui fais la remarque qui me brûle les lèvres depuis tout à l'heure :

-Tu as l'air très passioné par la littérature.

- Oui, quand on me lance je ne peux plus m'arrêter. Désolé si j'ai été un peu long...

Pourquoi est-ce qu'il s'excuse pour tout ?

- J'aime beaucoup Byron, rajoute-il. Ses poèmes sont très beaux. Ils inspirent l'idéal romantique...

- Tu aimes le romantisme ?

- Et alors, c'est mal ? demande-t-il innocemment.

- Non, bien sûr que non. Personnellement, je n'ai jamais vraiment aimé la poésie. Je trouve ça trop perché.

- C'est vrai que certains poèmes ne sont pas très compréhensibles...mais tu devrais quand même t'y intéresser, il y a bien un style qui te plairais.

Une fois mes devoirs terminés, on se lève et on continue à discuter tout en marchant. Taeyong est très interressant et vraiment passioné. Ça me fait du bien de discuter avec lui et je suis à l'aise. Comme on habite pas loin l'un de l'autre, on prends le chemin du retour ensemble. Je n'ai pas envie de rentrer, mais j'y suis contrainte. Heureusement, mes parents ne seront pas encore là. J'ai encore un peu de temps devant moi pour être tranquille avant qu'ils ne rentrent. Je salue Taeyong quand on passe devant chez moi et rentre rapidement à l'intérieur, gelée par le froid. Je me fais un chocolat chaud et monte dans ma chambre. Je prend mon ordinateur et lance youtube, histoire de me détendre un peu. Et d'oublier que mes parents vont me passer un savon.

Mad City [Lee Taeyong] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant