Chapitre 18

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J'ai l'impression de voir les choses différement depuis que je connaît le secret de Taeyong. Plus rien ne m'étonne. J'ai remarqué que ses petites canines ressortent quelquefois, surtout quand il a soif. C'est plus mignon qu'effrayant. Il est également souvent dans des endroits sombres. Avant je n'aurait pas vu ces détails, mais maintenant ils me semblent évidents.

Je reste avec lui à la bibliothèque pendant notre temps libre, et je continue mon livre sur la poésie. C'est étonnant, mais même après avoir découvert ce qu'il est, je ne veux pas qu'il soit loin de moi. Je n'ai pas peur de lui. Et peut-être que j'ai encore l'impression que tout ça est irréel...
Et puis la pluie commence à tomber sur la ville. Je ne sort plus du tout, passant toutes mes journées à la bibliothèque. Taeyong vient de plus en plus chez moi, et je vais aussi chez lui, on dirait presque qu'on habite ensemble. Parfois il m'aide à étudier, mais le plus souvent on parle juste ou on lis pendant des heures. Je lui fait part de mes doutes et de mes angoisses et il me fait part des siennes. Je suis heureuse qu'il me dise enfin tout ce qu'il ressent...

Un jour, alors que je regardais une photo représentant Lucas et Taeyong quand ils étaient petits, leur mère arrive derrière moi et me dit derrière mon épaule :

- Ils sont mignons, hein ? Ils étaient très proches...quand on a dit à Taeyong qu'il allait avoir un petit frère, il était tellement heureux ! Il prenait toujours soin de lui... Mais ils ont vite commencer à se battre, rit-elle. Lucas gagnait toujours, malgré le fait qu'il soit le plus jeune. Taeyong éclatait en sanglots, alors c'était Lucas qui se faisait sermonner.

- Oh...il pleurait beaucoup ?

- Oui...Taeyong avait la larme facile. Il suffisait d'une petite frustration pour qu'il se mette à pleurer sans pouvoir s'arrêter !

- Il est sensible aussi...

- Oui, et puis nous ne l'avons jamais empêché de pleurer. Je sais que ça lui fait du bien.

- Oui, je comprend.

- Et puis il n'a pas eu une enfance facile. À l'école, il y avait un groupe d'enfants qui se moquaient de lui à cause de ses origines et de son prénom.

- Quelle bande d'idiots.

- Des enfants qui répètent les conneries de leur parents...

- Il en pleurait beaucoup, et les enfants disaient qu'il était une fille.

- Ça me fait mal de savoir que des enfants aient pu lui dire des choses comme ça...

- Oui...on a même été convoqués par le directeur tellement c'est allé loin...le problème à finit par être réglé, mais cela l'a marqué. Il est devenu plus fort. C'est peut-être parce que c'est mon fils que je dis ça, mais sous son apparence se cache un coeur fragile. Pour moi il restera toujours un enfant...

- Oui, il est fort. Il s'en sortira, lui souris-je.

C'est vrai que Taeyong est sensible, enfin il a tendance à le montrer. Je préfère qu'il extériorise ce qu'il ressent, ça lui permet sûrement de se sentir mieux.

La pluie tombe ce jour-là. Elle frappe doucement les vitres, produisant un son relaxant. Je monte au premier étage et vais m'allonger sur le lit. Taeyong est à côté de moi. Il lit un roman et je fais de même, jusqu'à ce que la fatigue se fasse sentir et que je pose mon livre. Mes paupières sont lourdes, le bruit régulier de la pluie m'endort. Je me tourne légèrement vers mon ami et regarde attentivemet son expression sérieuse et concentrée. Ses sourcils sont fronçés et ses lèvres bougent un petit peu alors qu'il lis. Je ferme les yeux, assomée par la fatigue, et me blottis encore plus contre la couverture. J'ai chaud, c'est confortable et il y a une bonne odeur. Une odeur sucrée, comme de la cerise. Des rêves sous la forme d'images evahissent mon esprit, mais cette fois ils sont très doux. Je dort à moitié, du coup j'entend encore les bruits auour de moi, dont le bruit de la pluie contre la vitre et de la respiration lente de Taeyong. Je ne me suis jamais sentie aussi bien que maintenant. Je sommeille pendant une vingtaine de minutes, puis je me reveille et me rends compte de l'endroit où je me trouve. Je me sens étrangement comblée, pour la première fois depuis un moment. Je suis attirée par la même odeur que tout à l'heure, cette délicieuse odeur fruitée. Sans réfléchir, je me colle à Taeyong et passe un bras autour de sa taille. Je me rendort comme sur un nuage. La pluie tombe toujours, quand je me réveille, trente minutes plus tard. Je commence à croire qu'elle ne s'arrêtera jamais. Je me redresse doucement et mon regard vague se pose sur Taeyong, aussi rouge que moi.

- Pardon. Je me sentais fatiguée...

- C'est pas grave.

- On va manger ? Je lui propose.

Il aquiesce et me suit en bas, toujours gêné.

- Ça va, Allison ? tu as l'air abscente, fais remarquer la mère de mon ami.

- Oui, je me suis endormie...

Lucas nous regarde étrangement, comme les parents. Peut-être parce qu'on est tous les deux très rouges ? J'essaye de ne pas les regarder et m'installe à table. Après le repas nous montons dans la chambre et discutons un peu :

- Et tu peux te transformer en chauve souris ?

- Allison, arrête...

- Et tu n'aimes pas l'ail ?

- Non ! Mais c'est juste à cause de mes allergies et-

- Et c'est pas pénible de manger avec tes canines ?

- Bon ça suffit ! Je t'expliquerai tout ça plus tard.

Je ris en voyant son visage blasé.

- Oh aller ! Je suis trop curieuse...

- Chut, sinon je te mord.

J'ai envie de lui dire que je veux bien, mais ça me paraît un peu déplacé. Nous regardons un film avant de nous endormir l'un contre l'autre. C'est la meilleure soirée que j'ai passée depuis un moment.

Mad City [Lee Taeyong] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant