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Harry

Malheureusement, le simple bonheur dans lequel j'avais réussi à me plonger ne dura que quelques heures. Vers 1h, je fus réveillé par des cris et des coups. Mon réflexe premier fut de regarder vers le lit de Louis. Je le vis assis sur son matelas, me lançant un regard inquiet. Les autres détenus sortirent de leurs lits et tout le monde se dirigea vers l'origine des cris. On se retrouva bientôt dans la salle des douches. Je retins un cri. Le spectacle qui s'offrait à nous était horrifiant. Lucas gisait au sol, évanoui, tandis qu'un autre homme, qui devait être Daniel, se faisait frapper par un soldat nazi. La scène qui suivit me sembla alors se dérouler au ralentis. Louis me pris par la main et m'emmena dans le dortoir. Il prit un sac en toile, y posa deux chemises, deux pantalons et quelques sous-vêtements et me jeta d'autres habits au visage.

Louis: Habille-toi ! Vite !
J'obéis, perplexe. Une fois habillé, Louis me fit signe de le suivre. Les gardes avaient oublié de refermer la porte du dortoir et plus personne n'était là pour surveiller.

Louis
Dès l'instant où j'avais vu Lucas et Daniel, j'avais su que si on ne partait pas tout de suite, il allait nous arriver le même sort. Sans vraiment réfléchir, j'avais entraîné Harry au dortoir. Nous nous trouvions désormais à l'extérieur, près d'une des barrières en barbelés. Je fouillai longtemps dans mon sac avant de trouver ce que je cherchais. Quelques jours plus tôt, j'avais réussi à voler une pince pour couper les fils de fer à l'usine. Je sectionnai le barbelé, les mains tremblantes. Après quelques longues minutes d'effort, j'avais réussi à créer un passage à peu près convenable dans la barrière.
Louis : Harry passe devant, dépêche-toi !

Il passa rapidement et me tendit la main. Je l'attrapai et me faufilai dans le passage. Une lumière se braqua alors sur moi et j'entendis des cris en allemand résonner au loin.
Louis : Harry cours !! Il ne se fit pas prier et, me tenant toujours, détala.
Nous courûmes longtemps, très longtemps. Et bientôt mes poumons menaçaient d'exploser. Ne pouvant plus faire un pas de plus, je me laissai tomber dans la neige. Harry s'écroula près de moi. Après quelques minutes d'halètements, Harry posa ses doigts sur ma joue et murmura contre ma bouche.
Harry : On a réussi mon cœur. On a réussi.
Le baiser qu'il déposa alors sur mes lèvres fut de loin le meilleur qu'il m'avait donné depuis que nous étions ensemble. Ses lèvres caressaient les miennes avec une douceur infinie et un sourire étirait les coins de sa bouche. Une forte chaleur prit possession de moi et, à ce moment-là, j'étais certain que la neige qui m'entourait n'allait pas tarder à fondre.

Une heure plus tard, nous avions réussi à faire un feu plutôt correct à l'aide d'allumettes que j'avais réussi à voler lors de notre séjour au camp de travail. Cela faisait déjà plusieurs jours que j'avais préparé notre sac pour un éventuel départ précipité, et j'avais bien fait. Mais je n'avais pas pu me procurer de manteaux, seulement des pulls. Nous étions donc, Harry et moi, serrés l'un contre l'autre, tentant de se réchauffer avec les flammes qui crépitaient devant nous.
Louis : Je te promets que je nous trouverai un toit.

Harry me regarda en souriant faiblement et entrelaça ses doigts avec les miens.
Harry: Ne t'en fais pas pour ça, on trouvera demain.

J'observais ses yeux verts dans lesquels se reflétaient la faible lueur du feu. Ses longs cils ombraient ses joues si douces. Je me penchai en avant et embrassai ses lèvres avec douceur. S'écartant de mon visage pour reprendre son souffle, Harry posa sa tête dans mon cou et y déposa ses lèvres avant de bailler. Il devait être dans les environs de 4h30 du matin et la fatigue qui avait disparue à cause des récents événements me regagna.
Louis : Tu es fatigué mon cœur ?

Harry hocha la tête. J'étendis une couverture sur le sol après avoir retiré la fine couche de neige pas encore fondue. Je fis signe à Harry de s'allonger près du feu et une fois qu'il fut installé, je déposai une autre couverture sur son corps. Je me blottis ensuite contre lui et il m'enlaça en collant encore plus son corps contre le mien. Je sentais son souffle tiède sur ma nuque et ne pus m'empêcher de frissonner de plaisir. Je m'endormis là, dans ses bras, loin du camp de travail, oubliant un instant la terreur et l'horreur qui ne m'avaient pas quitté depuis quelques jours.

WAR LOVE [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant