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Louis
20 novembre 2024 – Paris

21h. La police politique venait d'entrer dans mon appartement. Dès que j'ai entendu les pas dans les escaliers, j'ai su qu'ils venaient pour moi et qu'un de mes voisins m'avait dénoncé. Je me suis alors précipité dans l'escalier de secours menant au toit de l'immeuble quand ils ont enfoncé la porte. Ils me cherchaient en criant des insultes et en me menaçant. Je savais qu'ils finiraient par me trouver mais je ne voulais pas leur rendre la tâche facile. Perché sur le toit bétonné, je les entendais retourner mes meubles. Un silence se fit, puis les pas résonnèrent sur les marches métalliques de l'escalier de secours. Je me levai, prêt à partir en courant. Mais il était trop tard. Un soldat était déjà debout face à moi tandis qu'un autre me tenait les poignets derrière le dos.

Soldat : Toi bouge pas !

Son accent allemand était très prononcé et il s'exprimait dans un français approximatif. J'envisageai alors de lancer mon coude dans les côtes du soldat qui me tenait mais je me ravisai en voyant les cinq fusils pointés sur moi. Je baissa la tête en signe de soumission.

Louis : c'est bon, c'est bon. Je me rends. Vous pouvez me tuer maintenant parce que je n'irai pas dans vos camps de séquestration massive.

La moitié des soldats me dévisagèrent, n'ayant pas compris ce que je venais de dire mais les autres me lancèrent des regards noirs.

Soldat : à ta place je me tairais. Le führer a d'autres projets. Nous n'avons pas le droit de t'exécuter.
Louis : baissez vos armes alors, elles ne me menacent pas, dans ce cas.

Un soldat me tira alors dans l'épaule. Une vive et insoutenable douleur m'envahit le côté droit de mon corps et je me retins de crier pour ne pas paraître faible.

Soldat : coriace la tarlouze ! On a dit qu'on n'avait pas le droit de tuer. Ça ne nous empêche pas de te blesser.


Des tâches brouillaient ma vision tandis qu'ils m'emmenaient dans un camion. Ils me firent asseoir près d'autres prisonniers et je me laissai tomber contre la paroi du camion militaire. Le véhicule se mît en marche et les remous accentuaient ma douleur. Mon épaule me lançait. Je ne tarda pas à perdre connaissance.

Harry
21 novembre 2024-Paris

Il était 8h24 quand je me réveilla en sursaut. Les coups frappés à ma porte réveillèrent ma famille. Ma sœur Gemma se jeta sur moi, paniquée.

Gemma : Harry il faut que tu te caches ! D'accord ? Ils te cherchent toi ! Pars ! Vite !
Harry : mais je ne peux pas vous laisser !
Gemma: si ! Allez ! Va-t-en !

Mais il était trop tard. Les soldats venaient de pénétrer dans mon appartement. Aussitôt, ma mère se posa devant moi, me faisant un barrage de son corps.

Soldat : pousse-toi madame ! Faut qu'on l'embarque !
Anne  : hors de question !
Soldat : bien. Dans ce cas, nous n'avons pas le choix.

Avant que je puisse réagir, le corps inerte de ma mère s'écroulait déjà dans mes bras. Ses lèvres s'écartèrent pour laisser s'échapper un soupir.

Anne : Desm..

Et je su qu'elle parlait de mon père qui était mort quelques jours plus tôt parce qu'il n'avait pas accepté de rejoindre l'armée. Elle allait le retrouver dans la mort. Des mains se saisirent de mes bras et me sortirent de chez moi, laissant ma sœur autour du corps sans vie de ma mère.

Un déclic se fit en moi. Elle était morte. Et je hurla. Les larmes s'arrachèrent de mes yeux et éclaboussèrent mes joues. Je me débattais dans les solides poignes des soldats qui m'emmenaient dans un camion militaire sale, rempli d'autres prisonniers. Ces derniers m'observèrent et quand ils virent les larmes sur mon visage, ils comprirent que je ne pleurais pas parce que je me faisais embarquer mais parce qu'on venait d'assassiner un être qui m'était cher. Et ils baissèrent tous la tête en signe de respect, de condoléance et de compréhension. Je m'assis près d'eux et ceux qui se tenaient assis à mes côtés me prirent chacun une main et bientôt on forma une chaîne. Une chaîne soudée de personnes qui allaient mourir ou qui allaient souffrir.

WAR LOVE [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant