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Louis

Cela faisait deux heures que j'avais découvert le vêtements de Matthieu. Je me doutais qu'il était mort mais jusqu'ici, j'avais toujours eu un peu d'espoir. Et cet espoir s'était échappé en même temps que mes larmes qui s'étaient écoulées sur l'épaule de Harry. Ce dernier m'avait aidé à passer rapidement au-dessus de la mort de Matthieu comme je l'avais fait pour lui avec la mort de sa mère. Il m'avait vite consolé et son regard m'avait apaisé.

15h34

Nous nous retrouvions à présent dans une ancienne usine de fabrication d'armes désaffectée. Harry se tenait à ma droite et cirait des bottes militaires en me regardant m'atteler à la dure tâche qui était de recoudre des tonnes de pantalons de treillis. Je n'étais pas un grand couturier mais le mouvement régulier de l'aiguille m'aidait à rester calme et à écarter Matthieu de mes pensées. Je me laissais plutôt rêver à différentes stratégies d'évasion, me mettant en scène à la tête d'un groupe de rebelles, forçant les montagnes de barbelés, Harry me soutenant pendant que je coupais le dernier fil de fer avant la liberté.

Harry: À quoi tu penses ?
Louis : Au jour où on sortira d'ici.
Harry: Si le bon Dieu nous permet de vivre jusqu'à ce grand jour.
Louis : J'ai déjà commencé à mettre des stratégies au point. À ta place je ne serais pas aussi pessimiste. Harry, je te promets qu'un jour on sortira d'ici. Tu retrouveras ta sœur.

Harry posa une main sur la mienne et sourit.

Harry : Merci pour tout ce que tu fais Louis.
Je lui rendis son sourire et on se remit au travail.

Harry
20h00
Le soldat éteignit la lumière du dortoir et le noir complet engloutit la pièce. Le silence se fit pendant quelques minutes, puis j'entendis du bruit du côté de la couchette de Louis. Quelqu'un approchait de lui. Je reconnus dans la pénombre la voix d'un de nos codétenus : Lucas. Il parla à Louis mais pas assez distinctement pour que je puisse comprendre. Louis m'appela alors à les rejoindre et je vins m'asseoir sur sa couchette. Lucas me présenta alors la situation.

Lucas : Je vous ai entendu discuter tout à l'heure à l'usine. J'ai laissé toute ma famille derrière moi en me faisant emporter ici et je leur ai juré que je les reverrai dès que possible. Je pense que ce serait plus drôle de s'échapper à dix qu'à deux, je me trompe ?
Harry: À dix ?! Comment ça ?
Louis : Lucas en a parlé à d'autres gars qui seraient ravis de venir avec nous.
Harry: Mais on a aucun plan pour le moment. Comment veux-tu qu'on planifie quelque chose de cette ampleur si tout le monde est au courant avant qu'on ai même pu avoir le temps d'y penser ?
Lucas : Personne d'autre ne saura. Mes amis sont des hommes de confiance, je vous en donne ma parole. Je réfléchirai à un plan et vous tiendrai au courant.
Louis acquiesça et je l'imitais avec un enthousiasme éteint. On retourna à nos couchettes respectives et je m'endormis en pensant à un moyen d'évasion.

Louis :

Le silence se fit à nouveau dans le dortoir et les pleurs silencieux de mon voisin du dessus s'y mêlèrent. Ils se transformèrent en une plainte aiguë et déchirante. Si seulement il pouvait se retenir comme tout le monde le faisait ! Je me bouchais les oreilles mais la plainte continuait d'habiter ma tête et je me résigna à attendre qu'il s'arrête. Il s'endormit finalement une heure plus tard, faisant taire ses gémissements de détresse en même temps que le sentiment d'impuissance qui m'avait habité quelques minutes plus tôt. Je me laissai alors plonger dans un sommeil agité, rempli du simple souvenir des plaintes de mon voisin mêlées de l'image de Matthieu.

WAR LOVE [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant