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Louis :

Quand je repris connaissance, la balle avait été retirée de mon épaule. Cette dernière était bandée et mon bras était en écharpe. Je regardai autour de moi et remarqua que je n'étais plus dans le camion mais dans le wagon médical d'un train. La porte du wagon s'ouvrit et un soldat entra.

Soldat : t'es réveillé ? Tant mieux. On va t'emmener voir tes nouveaux amis. Allez bouge toi.

Le soldat m'accompagna jusqu'à un autre wagon. Mon épaule me lançait toujours mais la douleur était moins présente qu'avant.

Soldat : voilà on y est. Le moindre geste de travers, la moindre tentative d'escapade et je t'exécute sur le champ et tant pis pour les ordres du führer ! Compris ?

Je hocha la tête et m'assis sur un siège.

Soldat : allez je te laisse avec tes potes tarloozes.


Sur ces mots il sortit, accrochant une pancarte à la porte du compartiment. Je me leva et lu "homosexuels - groupe 3" ainsi que les noms des personnes figurant dans le compartiment.

...: assieds-toi ou bien ils vont te frapper

Je me tournai vers la voix et vit qu'elle venait d'un garçon d'environ 14 ans. Je m'assis en face de lui et l'étudia. Son corps était frêle et fragile. Il ne méritait pas d'être enfermé dans un train qui l'amenait à une mort presque certaine.


Louis : comment t'appelles-tu jeune homme ?

...: Matthieu. Et toi ?
Louis : je m'appelle Louis. Quel âge tu as ? 14 ans ?
Matthieu : non j'en ai 15 en fait.
Louis : et comment se fait-il que tu sois ici ? À ton âge, moi je ne savais même pas quelle était mon orientation sexuelle. À l'adolescence, c'est toujours confus.
Matthieu : j'ai embrassé un gars une fois. Ça leur suffit pour m'enfermer ici. Mais ils n'ont qu'à me tuer je m'en fout.
Louis : et pourquoi ?

Harry :

J'étais assis dans ce wagon depuis une heure déjà. Un gars était entré d'après ce que j'avais entendu et s'était joint à nous. Je ne l'ai pas regardé. Ma tête était collée contre la vitre et refusait de bouger. Le gars discutait avec un jeune garçon du nom de Matthieu. D'après ce que j'entendais, le nouveau venu s'appelait Louis. J'écoutais des bribes de conversation.

Louis : et comment se fait-il que tu sois ici ? À ton âge, moi je ne savais même pas quelle était mon orientation sexuelle. À l'adolescence, c'est toujours confus.
Matthieu : j'ai embrassé un gars une fois. Ça leur suffit pour m'enfermer ici. Mais ils n'ont qu'à me tuer je m'en fout.
Louis : et pourquoi ?
Matthieu : ils ont tué toute ma famille sous mes yeux. Je n'ai plus rien. Mais avant de mourir, je compte bien en tuer quelques uns de ces soldats.

                 À ces mots, je me tournai vers eux. Les paroles du jeune garçon m'avaient frappé. Si jeune, il avait vu sa famille mourir comme moi j'avais vu ma mère s'écrouler dans mes bras. Mon regard croisa alors celui de Louis qui venait de se lever pour faire je ne sais quoi d'interdit. Et je vis dans ses yeux une lueur sombre. Une lueur d'envie. Une envie de vengeance. J'allais lui parler quand un soldat entra. Le soldat prit Louis et le plaqua contre la paroi du train en dehors du compartiment. J'entendais les éclats de voix et les coups du corps de Louis contre le mur. Il revint au bout de quelques minutes, la lèvre sanglante mais il n'avait pas l'air de souffrir. Il avait l'air plus fort. Le soldat le poussa pour qu'il tombe au sol.

Soldat : désormais tu finis le voyage assis là, parterre c'est clair ?

Louis marmonna quelque chose mais je n'entendis pas quoi.
Soldat : t'as dit quoi ?
Louis : j'ai dit d'aller vous faire foutre !
Le soldat donna un coup de pieds dans les côtes du jeune homme et le saisi par le col.
Soldat : écoute-moi bien sale merde ! Si tu dis encore une chose de ce style, je te fais exécuter. C'est clair !
Louis se recula, s'arrachant à la poigne du soldat.
Louis : mmh.
Soldat : répète !
Louis : oui c'est bon.
Le soldat sortit non sans administrer une ultime claque à Louis. Le jeune homme sourit faiblement en s'asseyant au sol.
Et à ce moment là, je ne pouvais qu'admirer le courage dont il faisait preuve. J'étais visiblement plus âgé que lui et la seule chose que j'avais sue faire jusqu'à présent avait été de me soumettre et de pleurer alors que lui restait digne et provoquait les soldats sans montrer le moindre signe de faiblesse. Oui, il était admirable. Les autres passagers n'étaient visiblement pas tous de mon avis. Un homme d'une cinquantaine d'années rouspéta.

... : tu ne peux pas faire comme tout le monde gamin ? Là tu ne vas réussir qu'à nous attirer des ennuis ! On voit que t'es un gosse de la ville ! Toujours à chercher les emmerdes. De là où je viens, les hommes de ton âge savent se plier quand il le faut !
Louis dévisagea l'homme avant de lui répondre.
Louis : je sais que la manière dont j'agis n'est pas exemplaire mais à ce que je sache, il n'a menacé aucun d'entre vous à part moi. Alors je ne mets personne en danger. Maintenant, si vos frustrations dues au balais que vous avez sûrement dans le cul vous donnent envie de m'engueuler pour des choses qui ne vous regardent pas, continuez si ça vous amuse. Mais je vous dis que vous n'arriverez à rien comme ça. Ici, on est tous dans la même galère alors au lieu de s'insulter, je pense qu'on devrait se serrer les coudes. Merci donc de garder vos remarques stupides pour vous.

Un silence accompagna ses paroles et je retins le rire qui me montait à la gorge. Matthieu fut le premier à réagir en explosant de rire, tout en applaudissant Louis. Je le rejoignis aussitôt accompagné des autres personnes du compartiment. Bientôt, presque tout le monde applaudissait Louis sans se soucier des soldats présents dehors. Une heure plus tôt, j'aurais sûrement dit qu'il n'y avait plus aucun espoir. Mais désormais nous l'avions trouvé, ce meneur. L'espoir venait de se faire homme et cet homme c'était Louis.

WAR LOVE [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant