XIII

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Mourir. Rien qu'entendre ce mot, ça effraie les gens. Pour certains c'est la fin, pour d'autre c'est un moyen d'échappatoire. Mais en réalité, ce n'est ni une fin, une échappatoire, c'est juste sortir d'un état pour rentrer dans un autre état. Quitter une vie pour une autre, peut-être pire. L'au-delà. Ça existe ? Personnellement, j'y crois. Ma grand-mère me disait qu'il y avait forcément l'enfer et le paradis, car tout ce qu'on fait va être jugé. Avec tout ce que j'ai fait, je sais que je ne vais pas atteindre si facilement ce paradis dont parlait grand-mère. Mais rien n'est arrivé par ma faute, ça ne devrait pas compter. Enfin... C'était mes choix, c'est vrai.

J'ai aimé, c'est probablement la plus grosse erreur, l'amour. Mais je n'ai pas pu contrôler ce sentiment, ça m'a gâché ma vie, mais je n'ai rien contrôlé, je n'ai pas pu. Avec tout ces choix que j'ai fait, j'ai gâché ma vie...

Quand j'ouvre les yeux, je regarde autour de moi en fronçant les sourcils. J'ai une douleur au bras, je ne sais pas où je suis, mais j'entends des bip qui commencent à me faire mal à la tête. C'est ça l'enfer ? Pourquoi j'aurais un masque à oxygène sur le visage ? Une porte s'ouvre, je vois quelqu'un apparaître en blanc. C'est un ange qui m'accueille au paradis ? Mais non... Je n'ai pas vraiment ma place là-bas. Un monsieur avec les cheveux blancs me fait un sourire.

« - Bonjour, Maria. Nous sommes heureux de vous voir de retour parmi nous. Vous pensez pouvoir parler ? »

« - Je... Je peux. »

« - Très bien. Mais il faut que vous vous reposez encore. »

Je ne sais pas ce qu'il me fait, mais mes yeux se ferment tout seul, j'ai une énorme envie de dormir, je ferme les yeux volontairement cette fois-ci et je me laisse emporter par ce désir.

Cette fois-ci, quand j'ouvre les yeux, je n'ai plus de masque à oxygène sur mon visage, plus de bip non-plus, mais je vois mes parents et ma sœur, je fronce les sourcils. Je suis en enfer définitivement...

« - Maria, tu vas bien ? », demande ma mère.

Ou alors c'est encore un souvenir dont je ne me rappelle pas.

« - Laisse-la tranquille, elle est probablement épuisée. », répond mon père.

Non, ce n'est définitivement pas un souvenir, mon père ne m'a jamais défendu de toute sa vie. C'est la réalité pourtant, c'est ça qui m'étonne. Le médecin entre, il demande à nous laisser seul, je tourne mon regard vers la fenêtre pendant qu'il parle avec mon père. Ils sortent et le médecin se tire la chaise pour s'asseoir près de moi.

« - Maria, vous savez pourquoi vous êtes ici ? », je ne réponds pas, je ne le regarde pas non plus. « - Votre ami vous a retrouvé comme ça chez vous, il a appelé une ambulance et vous étiez déjà dans un coma. Vous avez fait une overdose à cause de l'alcool et de la drogue. Les deux consommés excessivement conduisent n'importe qui à la mort, mais vous avez eu de la chance. »

Je n'appellerai pas ça de la chance moi...

« - Nous allons vous envoyer dans un endroit où ils vous aideront à gérer tout ça. Votre père a fait en sorte de vous envoyer dans le meilleur hôpital psychiatrique, il a... »

« - Je ne suis pas folle. », je le coupe froidement sans le regarder.

« - Nous le savons. C'est juste que... Votre père a dit que vous n'étiez pas dépendante de ces substances, il a dit que vous vouliez juste mettre un terme à votre vie. C'est le seul moyen. »

Quand je ne lui réponds pas, il se lève et il sort. Mon père n'a pas voulu m'envoyer au centre de désintoxication parce qu'il ne veut pas que les gens pensent que je suis une droguée et une alcoolique, il préfère que les gens pensent que j'étais juste en dépression. Je le connais très bien, je sais ce qu'il va dire et faire. Mais il a eu raison, je ne suis pas dépendante de toutes ces merdes, je voulais juste crever mais même ça j'y arrive pas.

Shitty LifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant