Shitty Life

XIV

Bleta entre dans la chambre, mais aujourd'hui, elle a d'autres plans, elle me donne ma veste et on sort de la chambre. On va dans le jardin de l'hôpital, l'air frais me fait du bien, les poils se hérissent à cause du vent, mais ça m'est égal, ça m'avait manqué de sortir comme ça et de rester assise tranquillement, sans que quelqu'un ne vienne me balancer des horreurs en pleine figure. Bleta a remarqué comme j'étais bien d'un coup, je regardais au loin, il n'y a pas beaucoup de monde, tant mieux.

« - Vous êtes prêtes pour une autre séance ? Ou alors on peut attendre. »

Je ne réponds pas, je veux profiter du silence, je veux juste entendre le vent, rien de plus, je veux juste sentir l'air frais contre mon corps, le sentiment de tranquillité que ça me procure. Bleta remet ma veste correctement sur mes épaules, elle a dû remarquer que j'ai des frissons, je la regarde et je hoche la tête.

« - Vous m'avez parlé du coach la dernière fois. Est-ce que vous pouvez me donner plus de détail ? Me dire pourquoi il vous appréciait autant ? »

Mon coach. Je l'ai rencontré à ma première année de lycée, on était tous nouveau, on devait choisir une activité extra scolaire, j'avais choisi le football, ça me permettait de me libérer, bien évidemment, je n'avais pas des poumons pourrit comme maintenant. Le premier entraînement était très important, c'était le moment de faire ses preuves, j'avais très vite tapé à l'œil de mon coach, mon jeu était assez bon. Il m'avait prit dans l'équipe, c'était vraiment le plus beau souvenir que j'avais du lycée. Surtout que ma première année qui avait été catastrophique.

« - C'est quoi ton nom ? », avait demandé le coach.

« - Becker. Maria Becker. »

« - Maria, je ne sais pas où tu as appris à jouer ainsi, mais c'est parfait. Tu es dans l'équipe, si tu continues, tu pourras peut-être même être capitaine. »

J'étais vraiment très heureuse, pour une fois qu'on voulait me donner un rôle important, pour une fois qu'on reconnaissait mon talent, j'étais très contente, mais bien sûr, ils ont même gâché ce moment de plaisir que j'avais eu.

« - Après que le coach m'ait dit tout ça, j'étais partie dans les vestiaires, et là, les filles m'avaient rapidement énervé, elles avaient dit que le coach m'avait prit dans l'équipe pour voir mes formes et des trucs dans le genre. », Bleta réfléchit un moment.

« - Votre coach avait des gestes ou des regards différents sur vous ? »

« - Non, il était très protecteur avec moi, souvent quand les profs tentaient de me virer, il se mettait dans l'histoire et il m'aidait. Même quand je me disputais avec quelqu'un, il intervenait et il me défendait. Il voyait probablement qu'on me faisait du mal et que je ne disais rien. », Bleta réfléchit un moment.

« - Est-ce qu'il avait l'habitude de sourire en vous voyant ? », je hoche la tête. « - Est-ce qu'il était plus proche de vous que des autres ? », je hoche une nouvelle fois la tête. « - Il vous a déjà dit des bosses que d'autres ne vous ont pas dit ? Comme des paroles rassurantes, aimables ? », encore une fois, je hoche la tête. « - Quel âge avait-il ? »

« - Il avait 24 ans la dernière fois que je l'ai vu, il en a probablement 25 maintenant. Je l'avais vu dans un supermarché après avoir commencé ma nouvelle vie. »

« - Je vois. Vous pensez qu'il avait des sentiments envers vous ? »

Des sentiments ? Des sentiments... Tout ce que les gens voulaient de moi, c'était me faire du mal, personne n'a pensé à mes sentiments, mais c'est vrai que ce prof c'était pas le même. Il était très gentil, il était toujours là pour me soutenir. Peut-être qu'il m'aimait... Il avait rougit lorsque je lui avais parlé du fait que Brenda avait dit qu'on couchait ensemble lui et moi.