Sensual Pleasures

Chapitre 26

Chapitre 26 : « Non seulement la colère peut nous faire faire n'importe quoi, mais quand ça arrive, on peut entraîner un grand nombre de personne avec nous. »

05 mai 2010. Berlin.

Point de vue de Khiara.

- Vous n'avez pas pensé à faire un test de grossesse par hasard ?, dit le médecin.
- PARDON ?
- Eh bien, il semblerait que d'après les symptômes que vous me décrivez, et en plus, la durée de ceux-ci, vous pourriez bien être enceinte.
- Non, non, non, vous n'êtes pas sérieux là ?, m'inquiété-je.
- Entièrement. Ecoutez, allez faire un test, si c'est ça, prenez rendez-vous avec un gynécologue en urgence, sinon, revenez me voir et nous ferons des tests.

J'ai l'impression de m'être prise une claque en pleine tête, pire encore, je crois que si un ouragan m'était passé dessus, ça aurait été moins douloureux que cette nouvelle. Je me sens mal. Je ne bouge plus, je suis incapable de faire quoi que ce soit. Faites que ce ne soit pas cela. Je réussis enfin à me lever, règle le médecin, et sort en trombe. J'ouvre la voiture, me laisse tomber à l'intérieur, et pleure. Elaneha finit par me rejoindre.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? C'est si grave que ça ?
- Je suis peut-être enceinte, hurlé-je.

Silence total. Elle préfère prendre le volant vu le choc. Elle s'arrête à la pharmacie, autant être fixée tout de suite. J'attends dans la voiture, je pense à Tom, ce connard, comme s'il ne m'avait pas fait assez de mal comme ça.

Nous rentrons chez moi, Elaneha me tend le test, elle veut que je le fasse maintenant. Je me dirige vers les toilettes, tremblante. Je sors le test du carton d'emballage, lis la notice histoire d'être sûre, et fais ce que j'ai à faire. Attendre. Le pire. Cela me semble durer une éternité, je n'ose pas regarder le résultat, pourtant, il va le falloir. Je baisse les yeux, je m'effondre. Plus rien ne va. Le monde s'écroule encore. Positif. Je n'en veux pas moi de ce gosse. Surtout pas avec un « père » pareil. Je me laisse tomber sur le sol, Elaneha frappe à la porte, j'ouvre. Elle comprend tout de suite en me voyant.

- Ne t'inquiète pas, tout ira bien. Prends le temps de réfléchir sur ce que tu veux faire.
- Pas besoin. J'en veux pas.
- Sois-en sûre, c'est pas une décision à prendre à la légère...
- Parce que tu crois que je veux d'un gosse maintenant ? Et encore plus d'un gosse qui aura peut-être les gênes de son connard de père, homme qui va se marier avec une autre soit dit en passant !
- J'appelle ta gynéco alors ?
- Oui, s'il te plait...

Elle sort des toilettes, moi je me relève doucement, j'ai du mal à assimiler la nouvelle. Et surtout je m'en veux de ne pas avoir pensé avant que cela pouvait être ça ! Les symptômes correspondent, je n'ai pas été indisposée, mais quelle débile ! Je rejoins Elaneha, elle me dit qu'elle a expliqué le cas, et donc que j'ai rendez-vous dans une semaine. Dire que d'habitude il faut au moins six mois pour obtenir un rendez-vous ! J'espère seulement que Tom ne l'apprendra pas... Je demande à Elaneha de ne rien dire à Bill, à coup sûr il finirait par lâcher le morceau à Tom. Et l'avoir encore plus sur le dos, non merci.

Ma main passe sur mon ventre, dire qu'il y a quelque chose qui est là, dedans. Et j'ignore depuis combien de temps exactement. Je suis tétanisée, apeurée, en colère aussi. Je ne veux pas faire de mal à cet enfant, mais je n'en veux pas. Et de toute façon, avec un père pareil il ne serait pas heureux. Certainement pas. Il n'y a qu'une solution, l'avortement. Je ne veux pas penser à l'adoption, un jour il voudra savoir qui sont ses parents biologiques, et ça engendreraient beaucoup trop de choses. Et lui expliquer les raisons... « Je n'ai pas voulu de toi parce que ton père est un connard qui était fiancée mais a couché avec moi pour plusieurs raisons, m'a dit des trucs ignobles, et d'ailleurs il n'est même pas au courant de ton existence. Pauvre de toi si tu as chopé ses gênes à ce con. J'espère que tu auras appris le respect. » C'est juste horrible à dire, et impensable. L'avortement. Il ne reste que ça. Vivement dans une semaine. Qu'on me dise qu'on va me l'enlever, et que tout rentre à nouveau dans l'ordre. Pitié.