1- Je suis revenue, ils veulent que je reparte...

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Bonjour juste un petit mot pour vous dire que cette version est corrigée. Si vous avez des critiques constructives n'hésitez surtout pas, je suis preuneuse!!

Le manque de compresses se faisait ressentir, autant que le manque de sommeil. Je le voyais se déverser de son sang, la balle quoique tirée au hasard avait atteint son but ; l'artère fémorale était touchée, ça me coulait entre les doigts, je la pinçai. J'aurais pu lui procurer un soin digne de ce nom s'il n'y avait pas eu une dizaine d'autres soldats dans ce cas-là, et si peu de moyens. Les deux infirmiers à mes côtés se pliaient à mes demandes dans la mesure du possible. Ils se devaient de me prêter main forte ou trier des hommes selon la gravité de leurs blessures, ce qui en soit était particulièrement complexe en vue l'acuité égale qui se présentait à eux.

J'étais en retrait à seulement quatre cents mètres du bataillon duquel je m'occupais, installée dans un poste de secours fait sur le vif, j'entendais encore les tirs qu'ils essuyaient. D'un côté s'il y avait une riposte c'est qu'on était encore debout, de l'autre je me disais que chaque munition pouvait être fatale. Une halte sonore survint, je n'entendais plus que les gémissements des blessés, mon échine se hérissa.

Plus tôt dans la semaine, alors qu'on circulait comme chaque jour dans un village près de Madama, un de nos hommes avait été pris en otage par un Groupe Armé Terroriste, un de nos hommes avec qui j'étais la plus proche. Malgré la majorité Nigérienne des soldats qui vivaient au camp, l'otage était français pur souche, je l'avais connu dans la base où j'avais été entraînée, nous avions tous les deux été entraînés là-bas. Ainsi dans le cadre de l'opération Barkhane, nous travaillions avec les nigériens pour sécuriser la zone Sahélienne, nous leur fournissions des armes dignes de ce nom et les formions pour être plus efficaces. Après cet assaut inattendu, l'enquête avait duré trois jours, trois jours durant lesquels nuit et jour nous nous étions relayés pour protéger les civils et chercher des informations sur la détention de Ben, trois jours durant lesquels jour et nuit je n'avais pu dormir dans la peur de louper le départ d'une mission de sauvetage, car je voulais en être, je voulais savoir comment il allait, je voulais savoir qu'il était encore de ce monde.


Je ne pouvais pas y penser ou même imaginer combien d'entre eux n'allaient pas rejoindre leur famille. En plus d'être une opération dite "de sauvetage" cette opération visait aussi à démanteler une base terroriste. Je clampai l'artère puis m'assurai que le linge absorbait bien le sang qui s'était accumulé là.


_ Officier Conan?! L'avion d'extraction est arrivé!


Cela faisait bientôt deux heures qu'on avait demandé à la base aérienne de N'Djamena une extraction vers un hôpital et un renfort médical. Je m'activai, stabilisai mon patient du mieux que je pu, puis passai à un autre, celui-ci avait un pied déchiqueté, il fallait que je l'ampute. Autour de moi je sentais le monde se presser, je percevais des cris de douleur lointains. Le personnel de la base s'occupa des autres patients, prit ceux qui pouvait supporter le transport et les mena à l'avion. Pour les autres comme celui dont je m'occupais il fallait attendre la fin de l'intervention. Ça se bousculait auprès de moi, mais je discernai une tape rapide sur mon épaule, il s'agissait de l'officier Prevost qui me signalait sa présence. Elle était médecin elle aussi, on était sorties toutes les deux la même année de l'Ecole de Santé des Armées, une jeune femme brillante dont je n'allais aucunement refuser l'aide. Un homme l'accompagnait, âgé de la quarantaine, il me salua brièvement dans l'urgence et consulta les infirmiers pour être mis au parfum. Je discernai à son uniforme que j'avais affaire à un autre renfort médical. Avec trois urgentistes, les hommes et les femmes qui gisaient çà et là avait beaucoup plus de chance de s'en sortir. Bien que des blessés arrivaient encore, le flux s'était inversé et la tente infirmerie commençait doucement à se vider. Après une bonne heure et demie, quand j'eu fini l'ablation de l'extrémité du soldat, j'autorisai le déplacement de celui-ci vers le Lockheed C-130J qui nous attendait non loin. On me renvoyait chez moi. Avant de partir je tapai sur l'épaule de Prevost et la fixai dans les yeux, on n'avait pas encore retrouvé Ben, je ne pouvais pas aller à l'encontre des ordres, mais je savais que s'il était encore vivant – et j'en étais intimement persuadée – Prevost allait être celle en charge de son rapatriement. Une goutte de sueur dégoulina de mon front allant se loger au coin de mon œil. Je lui tapai dans le dos du médecin que j'avais connu il y a plusieurs années et murmurai 'Bonne chance Prevost', elle me décocha un regard approbateur heureuse de prendre le relais et de pouvoir me laisser partir :

Une victoire pour oublier la guerre | R.Varane & les BleusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant