4 - Je te prends au UNO

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On toqua à la porte. J'invitai la personne à entrer. Grégory passa sa tête et me demanda:

_ Je peux t'envoyer les ampoules?

Je mis un temps à comprendre ce qu'il entendait par là, puis lui rétorquai en haussant les épaules:

_ Si vous voulez mais ils devraient changer de chaussures.

Il rigola et me lâcha d'un air taquin:

_ Je t'envoie les égratignures alors...

Sur ce, il m'adressa un clin d'œil, conscient que les égratignures étaient le dernier de mes soucis il y a peu de temps. La porte se referma sur lui et s'ouvrit sur le capitaine des bleus quelques secondes plus tard. Il avait pris sa douche et s'était changé, il n'en restait pas moins en tenue de sport. Je me levai de mon siège pour le féliciter des deux premiers matchs qu'il avait mené à bien, j'ajoutai également:

_ Enchantée, si vous avez quoique ce soit à me demander surtout n'hésitez pas.

_ Enchanté Anna, et merci. Je l'invitai à s'asseoir et du regard lui demandai ce qui l'amenait.

_ J'ai fait un plongeon un peu fort. On peut vérifier ?

Je me remis vite dans le bain du football. J'avais légèrement oublié que toutes les blessures que j'allais avoir à présent étaient plus ou moins basées dessus. Je lui indiquai de rejoindre le lit et de se déshabiller. Son physique musclé ne me changeait pas vraiment d'avant, je savais reconnaître les bosses de muscles et les bosses anormales, ça avait été une partie de mes études, non pas primordiale mais au moins bien pratique.

_ Attention, j'ai les mains froides... Je peux tâter? il acquiesça, vous me dites ce que vous sentez.

J'approchais mes doigts de sa peau blanche, lorsque je le touchai, il crispa. Je parcourai au toucher ses omoplates puis descendai au niveau de ses cotes sur son flanc droit. Une fois de plus il se tortilla.

_ Sur une échelle de 1 à 10, 1 vous le sentez à peine, 10 c'est une douleur insoutenable.

_ 5, il se tourna ensuite vers moi et cherchai à me regarder dans les yeux, je levai la tête l'air de demander ce qu'il se passait. Vous pensez quoi de Benjamin Pavard? demanda-t-il spontanément.

_ J'en pense quoi? répétai-je. J'en pense qu'il est jeune, nouveau et que c'est un bon athlète étant donné qu'il est ici. Ma réponse n'avait pas l'air de le satisfaire. Vous ne parliez pas de ça, si?

_ Vous croyez qu'il se sent bien ici?

_ Je vous avouerais que je ne le connais que très peu, je l'ai même découvert cet après-midi, alors ce que je peux en penser pour le moment n'est qu'une hypothèse basée là-dessus. Il acquiesça pour m'encourager à poursuivre. Si Didier l'a choisi je suppose qu'il a totalement sa place, du moins techniquement. Après si vous me demandez ce qu'il ressent, il faudrait que je lui parle un peu plus, comme je vous l'ai dit, je ne lui ai quasiment pas parlé... Je louchai dans le vide, et j'hésitais, c'est nouveau pour lui l'équipe nationale, je suppose qu'il y a un temps d'acclimatation, surtout que vous n'enchaînez pas des matchs amicaux. De ce fait, il est sûrement très stressé, ce qu'il le rendrait, d'après moi, peut-être nerveux. Après une légère pause je poursuivis, le truc c'est que vous êtes pratiquement tous là depuis plusieurs années, vous avez, dans la mesure du possible déjà acquit une résistance et une carapace aux fans, à la presse, à la pression en général, lui est encore en train de se la créer, par le fait il a sûrement une concentration qui vacille. Vous vous inquiétiez pour quelque chose en particulier ?

Il ne me répondit pas, pensif.

Je continuais à déclencher sa douleur pour savoir jusqu'où elle s'étendait, puis arriva le troisième espace intercostal, il arrêta de geindre. Je lui passai un coup d'arnica et mon bureau s'emplit d'une odeur de fleur qui me rappelait mon enfance, je voyageais. Il n'y avait rien d'autre à faire.

Une victoire pour oublier la guerre | R.Varane & les BleusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant