Une victoire pour oublier la guerre | R.Varane & les Bleus

3 - Peur des ballons Doc'?

Une fois avoir raccompagné notre cuisinier à sa chambre, je traversais la salle où tout le monde mangeait, ils en étaient au dessert. Je regardais la table des joueurs, ça me rappela le collège, ils étaient tous là à se faire des coups dans le dos et à se charrier. Un sentiment m'envahit, celui d'être à la maison, du moins comme au Sahel, pour se détendre en moment stressant on passait notre temps à ça. Je me demandais ce que je pouvais bien faire pour eux, mise à part le côté psychologique qui déconnait un peu, ils avaient de l'énergie à revendre. Je souris, c'était une bien belle équipe. Au détour je croisai le regard de quelques-uns, notamment celui de N'Golo Kanté, il m'adressa un signe de tête discret que je lui rendis. Une place m'attendait aux côtés de Monsieur Propre, Grégory et d'autres collègues, j'allai m'y asseoir quand le dernier nommé se leva. Dans la salle tonna la voix d'Adil Rami:

_ Votre attention s'il vous plaît ! Le grand bruit qui régnait se réduit peu à peu, votre tarte aux fraises peut attendre quelques minutes non? Toujours dans la dentelle pensai-je. Je t'en prie Doc'!

Les regards se tournèrent vers nous. Je ne savais que faire, je survolais l'assemblée en quête d'un visage familier. Je tombai sur Raphaël, à l'autre bout de la salle qui m'adressa un sourire l'air de dire "Bonne chance", il était extrêmement attentif comme tous les autres au message qui tardait à venir.

_ Comme vous le savez notre ancien Doc' est parti en congés paternité car Lucas est né.

Une blague fusa à travers la salle, je n'aurais su dire de qui elle venait:

_ Je me disais bien qu'Hernandez n'était pas très mature... Des rires me parvinrent, j'esquissai un sourire, et me détendis un peu.

Grégory commenta:

_ Grizou... Grizou... Grizou... Puis il reprit plus sérieusement, il nous a donc fallut retrouver quelqu'un pour le remplacer, je vous présente Anna, elle sera à votre écoute et pour vous les gars en particulier, si vous avez un bobo aller checker ça avec elle. Et messieurs si vous pouviez aussi lui faire une visite des lieux ce serait bien. Pour finir il se tourna vers moi, bienvenue parmi nous!

Je glissai un faible "merci" plutôt pressée de me rasseoir et un applaudissement retentit. Lorsque je relevai le nez de mon assiette, le chauve à mes côtés me souligna:

_Je t'ai sauvé ce qui partait le plus vite, il me sourit, ici tout est une question de temps, d'ailleurs tu devrais aller choisir ton dessert.

Mes collègues du staff médical restèrent plus longtemps pour apprendre à me connaître. Je me sentais bien avec eux. Dans chacune de leur parole je sentais qu'ils prenaient soin du mieux qu'ils pouvaient des joueurs, c'était leur manière de les porter à la plus haute marche du podium. Les sujets de conversation divaguaient entre football et médecine et entre médecine et football. Je n'étais pas une experte pour ce qui était du sport qu'ils idolâtraient mais j'écoutais, apprenais, et les observais pour apprendre à les connaître. Monsieur Propre s'appelait en réalité Guy Stephan, ça m'arrangeai de le savoir car je trouvais le terme de 'chauve' plutôt dépréciatif, il était préparateur physique, je le devinais serein et perspicace, j'accrochai bien. En revanche je discernais en Grégory un autre caractère, il tenait beaucoup à ses opinions ; le voir en altercation était sûrement plus divertissant que se retrouver du côté opposé. Et finalement il y avait l'équipe de kinésithérapeutes, ils dégageaient une certaine expérience dans leur carrière, ils avaient de la bouteille comme on dit, l'un d'eux, Éric, avait une tendance amusante à insinuer qu'il aimait bien faire mal au joueur lors de ses séances ce qui me rappela à quel point toutes les séances devaient se ressembler. Ils me racontèrent les gros dossiers que j'avais loupés depuis le début de la compétition, des rares engueulades aux plus grosses chutes malheureusement pas enregistrées. Je commençais doucement à m'y plaire et à prendre des marques.