Q u a t r e

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Les jours passaient et j'aimais toujours autant être en ta compagnie. On parlait de tout et de rien jusqu'à pas d'heure. On s'en foutait d'être fatigués, on voulait seulement être ensemble.

Puis les premiers appels commencèrent. À vrai dire, je ne me souviens même plus comment j'étais la première fois et de quoi on a parlé. Mais me connaissant, je devais sûrement être timide, parce que ouais, bordel tu m'intimidais.

Ça me plaisait de te parler directement à travers un téléphone. J'entendais ta merveilleuse voix, cette voix qui ne faisait que me bercer.

Je t'écoutais attentivement me parler, je prêtais attention à chaque syllabe que tu prononçais comme si c'était la dernière fois que j'avais l'occasion d'entendre tes cordes vocales se manifester.

Encore aujourd'hui, lors de nos appels qui sont désormais si rares, ta voix m'emporte loin. Putain, c'est fou comme je l'aime. C'est juste un son et pourtant, j'pourrais l'écouter pendant des heures entières. Cette mélodie est digne d'un chant divin, j'n'en reviens pas.

À force de se parler chaque jour qui passait, notre amitié s'est renforcée et on est devenus meilleurs amis. C'est putain de niais dit comme ça, et Dieu sait combien les choses niaises c'n'est pas mon truc. Mais c'était le cas, tu étais mon meilleur pote.

Celui avec qui je partageais tout, à qui je confiais mes rêves et mes craintes, à qui je pouvais parler pendant des jours durants sans jamais me lasser.

J'ai commencé à avoir le mal de la distance, parce que ouais, c'est une putain d'amitié virtuelle. Pourtant tu n'habites pas si loin, peut-être à cinq heures de ma ville. Mais moi, j'aurais tout donné pour te voir en vrai, ne serait-ce qu'une seule fois.

Je rêverais de poser mes yeux sur les tiens, d'entendre ta voix au creux de mon oreille, de te sentir près de moi, de te voir tout entier. Et un an après, on ne s'est toujours pas vu. Pourtant, cet été on en a eu l'occasion. Tu passais dans ma ville en voiture pour aller en vacances plus au sud. Tu aurais pu t'arrêter pour me faire un petit coucou, mais tu venais le jour où je partais. À six heures du mat j'ai quitté ma maison, et toi tu venais en ville à seize heures. Putain, qu'est-ce que j'avais la rage. À quelques heures près on s'est loupé. Savoir que l'on était si près du but me rend malade.

En plus de cela, on était en vacances presqu'au même endroit. À seulement une heure de distance. Faut dire que l'on a beaucoup de chance dans notre vie hein.

Puis tu es repassé dans ma ville environ un mois après, mais la nuit, alors je n'aurais pu venir.

Si nous n'avons pu nous voir cet été, j'espère que l'on pourra au moins se voir un jour. Parce que cela fait bientôt deux ans que je te parle derrière un putain d'écran, et que j'rêverais de le traverser pour te rejoindre. Ouais, surgir dans ta chambre et te sauter dessus, te faire un câlin, des bisous partout. Me rendre compte que ça y est, tu es face à moi. Plus besoin de s'envoyer des textos et de communiquer grâce à Internet, ta voix fera le travail.

Sentir ton cœur battre contre moi, tes iris bruns réchauffant mon âme, ton timbre de voix me faisant voyager dans les tréfonds de ton cœur.

La seule chose que nous pouvons faire, c'est attendre. Attendre qu'une nouvelle occasion se présente à nous et continuer à vivre normalement.

Tu sais, j'ai parfois l'impression que tu es proche de moi, mais en même temps si loin. Comme si un vide nous séparait l'un de l'autre, et qu'il suffisait simplement de le surmonter pour se rejoindre. Mais j'ai peur de sauter. Parce qu'en-dessous, c'est le vide. Et qu'il y a une chance sur deux pour que je tombe dans les profonds ténèbres.

Et putain, que je hais la vie pour nous avoir créé une relation à distance. J'en ai vécu des amitiés virtuelles, mais toi et moi c'est plus que cela. C'est bien au-delà d'une amitié, c'est genre, indescriptible. Aucun mot n'est assez puissant pour décrire ce que je vis avec toi, ce que l'on vit. Les vingt-six lettres de l'alphabet ne suffisent même pas à composer un mot aussi long que l'amour que je te porte, bordel.

Je n'ai jamais vécu une relation aussi forte qu'avec toi, c'est tout nouveau pour moi. Mais putain que c'est beau. C'est beau de voir que sur Terre, une personne si différente de nous mais en même temps si semblable nous comprend.

Dis-leur que toi et moi ça ne date pas d'hier, et que ça ne se finira pas demain.

Promets-moi qu'un jour je pourrai te serrer contre moi, promets-moi qu'on se verra, promets-moi que tu ne partiras pas.

Parce que ça, je ne m'en remettrai pas.

À travers nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant