Chapitre 14 : Kaléidoscope Liquide (2)

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JE L'AVOUE, CHARLIE S'EST SURPASSE.

En à peine deux jours, il avait déjà réussi à me faire retrouver mes bonnes habitudes d'ancien guitariste et mes doigts avaient rapidement finis par ne plus avoir de problème pour trouver les cordes, suivant leur instinct. Au bout du troisième jour, ma voix retrouvait de sa couleur et je connaissais déjà presque par cœur tous les morceaux du groupe. L'effort était éreintant, les répétitions longues et moi épuisé, mais Charlie avait raison : tout allait bien se passer. Néanmoins, à une heure du concert, après notre dernière répétition générale, il faut tout de même bien que je m'avoue que ce ne sera jamais parfait. Je ne peux m'empêcher de remarquer toutes les imperfections de mon jeu, et encore plus celles de ma voix. Intérieurement, j'ai l'impression de massacrer le répertoire de Justice Without Lies à chaque accord. Si Charlie a fait des prouesses en m'aidant à réussir de nouveau à jouer et à chanter – et je mentirais si je disais qu'en plus il ne m'a pas donné envie de refaire de la musique – il n'en reste pas moins que je suis humain et que personne ne peut jouer à la perfection en cinq jours. Et Cheyenne, qui a assisté à toutes les répétitions malgré son état, ne pourra pas dire le contraire même si elle a déjà tout faire pour m'assurer et m'encourager.

Assis tous quatre derrière le rideau, nous nous concentrons sur notre future entrée en piste, tandis que nous entendons notre audience arriver dans la salle. Je sais que parmi eux se trouve ma sœur et Astrid, toutes deux plutôt surprises que je me relance dans la musique, bien que je leur aie précisé plusieurs fois qu'il ne s'agissait que d'un remplacement exceptionnel. Je n'ai pas osé envoyer un message à Jonathan de peur de me ridiculiser devant lui : seul son avis m'importe désormais.

-Bon, prêts les gars ? lance Ryan en nous regardant tour à tour.

-Plutôt deux fois qu'une ! lui répond un Charlie plus que jovial. Je sens l'adrénaline s'engouffrer dans tous mes veines !

-Euh, personnellement, ça pulse moins, mais on va dire que je suis prêt, avancé-je hasardeusement.

-Ne t'en fais pas, me glisse Ryan avec un clin d'œil. Après notre cocktail spécial concert, tu seras prêt pour tout !

-Votre cocktail quoi ?

Ryan se redresse et va farfouiller dans son sac, tandis que Cheyenne sort trois gobelets d'un sachet plastique. Tous deux moins l'air bien trop joyeux à mon goût.

-Chaque groupe à son rituel d'entrée sur scène. Nous, on boit un coup, ça décontracte, explique avec difficulté Cheyenne.

-Oh, ne fait pas ta sainte nitouche, Alex, s'exclame Charlie el levant les yeux au ciel, tu verras, ça fait du bien !

-Mais il y a quoi dedans ? osé-je demander en voyant mon futur verre se remplir.

-Rien qui ne soit dangereux, réponds gentiment Ryan en me tendant le liquide alcoolisé. Enfin, pas à ma connaissance, ce n'est pas moi qui enterre des cadavres dans les bois.

Je lance un regard soupçonneux à la boisson avant de me raviser : après tout, un verre n'a jamais fait de mal à personne.

-Cul-sec ! lancé-je.

-Cul-sec ! répètent mes deux camarades en chœur.

Sachez d'avance que je ne suis pas du genre à boire. J'aime bien prendre un ou deux verres avec des amis pour s'amuser, occasionnellement, mais je ne suis clairement pas un grand fan d'alcools forts. Alors, forcément, quand je sens le mélange âcre sur ma langue, bien plus puissant que je ne le pensais, je suis incapable de m'empêcher de faire la moue. Néanmoins il semblerait que même pour mes amis, plus habitués, le goût ne soit pas très appréciable, puisqu'un faciès peu charmeur vient animer leur visage

Le Chant des arbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant