OUIJA

XXXVI

Les monstres ne se cachent pas sous votre lit, ils se cachent dans votre tête.
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Point de vue Luke

Je dépose calmement les sacs de courses sur le plan de travail tandis que Paul et Cassandre me rejoignent dans la cuisine, venant à peine de finir leur sieste.

- Léa s'est réveillée ? Me demande Paul en s'étirant

- Aucune idée, elle doit être dans la chambre si tu veux aller vérifier. Lui dis-je en rangeant le lait dans le frigo

Je l'observe un court instant se diriger nonchalamment vers le couloir menant à ma chambre puis porte mon attention sur Cassandre qui examine minutieusement tous les aliments que j'ai acheté. Elle saisit un paquet de pâtes et s'apprête à me parler lorsqu'on entend Paul émettre un cri me procurant une énorme vague de frisson.

Je me précipite vers les hurlements qui se mélangent peu à peu à des sanglots, mes pas se font de plus en plus lourds lorsque je me rapproche de lui, en ayant la sensation de m'enfoncer dans un énorme précipice malheureusement sans fin.

Je pousse faiblement la porte de la salle de bain et entrevois la scène, Paul est agenouillé sur le sol et tient son visage entre ses mains.

Peu à peu je relève la tête et aperçois Léa submergée dans l'eau rouge, sans réfléchir une seule seconde je m'élance dans la baignoire, passe mes bras sous son dos, la soulève puis la pose délicatement sur le carrelage.

Je me redresse pour examiner rapidement un quelconque signe de vie de sa part mais après quelques secondes qui me paraissent une éternité, sa cage thoracique n'a pas fait un seul mouvement traduisant une respiration. Instinctivement, je pose mes deux mains sur son thorax et commence à exercer des compressions sans m'arrêter une seule seconde.

Mon regard diverge sur ses poignets ensanglantés qui ne cessent de couler, je ne sais compter le nombre de coupures qu'elle s'est infligées tellement elles sont nombreuses. Ma respiration se fait de plus en plus suffocante dans cette minuscule pièce, ma tête commence à tourner et me renvoie à des moments aléatoires passés en sa compagnie. De notre premier échange lors de l'enterrement jusqu'à aujourd'hui, ce n'est pas ton tour Léa me dis-je intérieurement avant de prier.

Subitement, je suis tiré par les épaules et projeté violemment en arrière, Cassandre me tend la main pour m'aider à me relever et transmet des informations aux trois personnes qui s'empressent de mettre Léa sur le brancard.

- Nous avons besoin de l'un d'entre vous !S'exclame l'un des hommes en nous regardant tour à tour

- Je viens. Dis-je fermement en coupant la parole à Paul

Je monte à l'arrière du camion et regarde une dernière fois Paul puis Cassandre avant qu'une femme referme les portes du véhicule.
Un homme saisit rapidement le défibrillateur, se munie des électrodes et les positionnent sur le torse de Léa, un premier choc électrique soulève brusquement le haut de son corps, sans résultat.
Je n'ose pas bouger, souffle coupé, regardant sans une once d'émotion ce qu'il se déroule juste en face de moi, je n'ai qu'à tendre le bras pour l'effleurer mais je ne suis pas conscient de la situation.
Soudain un son très faible nous fait instantanément tourner la tête vers le cardioscope,

Ce sont les battements de son cœur.

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