8

4K 235 67
                                    

A travers la paroi de verre, je regardais Chloé. Elle était allongée dans un lit d'hôpital et son teint blême la faisait à peine ressortir sur les draps blancs, les murs blancs, le sol blanc. Une perfusion de balançait doucement au bout d'un crochet, un écran émettait un léger bip discontinu, un imposant dispositif respiratoire masquait presque tout le visage de la jeune fille.

Il y avait à peine 10h, Chloé était pleine d'entrain, de projets, de vie. Maintenant, elle était dans un sommeil profond entre la vie et la mort. Dans le coma.

Après son opération à Boston, elle avait été transférée à l'hôpital de New York, plus apte aux soins des personnes dans le coma. C'était aussi plus simple pour sa famille qui habitait New York.

J'avais croisé ses parents adoptifs ainsi que les miens, dans le couloir, un peu plus tôt. Je pensais que ma tristesse était infinie mais leur peine était inégalable. On a peu parlé tout les cinq... Le regard et les larmes suffisent parfois à se faire comprendre.

- Tu lui as sauvé la vie.

Je sursautais légèrement : je n'avais entendu personne arriver. Je me retournais, m'attendant à faire face à un médecin ou un infirmier.

- Mais si je n'avais pas été là, tu n'aurais même pas eu à le faire...

J'adressais un triste sourire à Tony puis fis de nouveau face à Chloé. J'étais bien trop morfondue pour éprouver la moindre étincelle de joie à l'idée qu'il soit à côté de moi.

- Personne ne pouvait savoir, personne ne pouvait rien faire, dis-je autant pour le rassurer lui que pour me réconforter moi.

Il pausa une main sur mon épaule afin de m'obliger à lui faire face. Je le regardais alors vraiment pour la première fois. Il n'était plus le même. Le Tony Stark sûr de lui, prenant toujours tout à la légère avait laissé place à un homme culpabilisé et rongé par le remord. Je plongeais mon regard dans le sien.

- Si. J'aurais pu prévoir tout ça, j'aurais pu... agir. J'aurais dû me douter que ça pouvait arriver mais je n'ai rien fait. Et maintenant, à cause de moi, cette merveilleuse jeune fille n'aura peut-être jamais l'occasion de vivre sa vie.

- S'il vous plait je...

Je n'arrivais pas à finir ma phrase. A aucun moment il ne m'était passé par l'esprit que Tony pouvait être le responsable de l'état de Chloé. Mais selon la façon dont il l'annonçait, c'était claire et simple : c'était sa faute. Et il m'aurait été tellement facile de le croire, de pouvoir mettre tout ça sur le dos de quelqu'un, de trouver un coupable à mon malheur, même lui ! Mais c'était faux. Ce n'était pas sa faute, pas plus que le mienne.

Il continua :

- Je... je sais à quel point cela est dur mais je ferais mon possible pour-

Il savait ? Il savait à quel point avoir l'état de Chloé sur la conscience était invivable ? Comment pouvait-il seulement être aussi désespérer et anéanti que moi ? Il ne connaissait même pas Chloé depuis une journée !

- Comment pouvez-vous juste imaginer un seul instant ce que cela représente de perdre un être chère ? Vous ne connaissiez même pas Chloé ! Si vous vouliez me présentez vos excuses, voilà elles sont acceptées, merci !

Les larmes me montèrent aux yeux et je détournais le regard afin de les cacher tout en me mordant les lèvres. Je n'aurais peut-être pas dû lui parler comme ça, je n'étais qu'une stupide gamine à ses yeux et je devrais sûrement considérer comme un honneur le fait qu'il se soit déplacé pour venir me voir.

- Vous pouvez vous en allez ?

- ...

- S'il vous plait ?

J'attendis quelques instants pour lui laisser le temps de partir, mais non. Il prit doucement ma joue et ramena délicatement mon visage brouillé de larme face à lui.

- Ecoute... Je sais que tu souffres beaucoup... Que ma peine ne peux pas un instant rivaliser avec la tienne ou avec celle de n'importe quel membre de sa famille mais... Laisse-moi me racheter.

Je reniflais pitoyablement et hochais la tête même si je ne voyais pas vraiment comment il pouvait se racheter. Ce n'était pas sa faute, et il ne pouvait rien faire pour Chloé : il n'était pas médecin putain ! Il était... je sais pas moi ! Ingénieur, mécanicien, surdoué, génie, playboy, milliardaire, scientifique, mais pas médecin !

Face à mon silence, il reprit :

- Pour commencer, que dirais-tu d'un dîner ? Il se fait tard et il est important que tu te gardes en bonne santé, que tu continues d'avancer, OK ?

Je crois que je n'avais jamais entendu pire excuse pour m'inviter au restaurant mais les circonstances étaient particulières et puis... C'était Tony Stark bordel !

- OK.

*

Bien évidemment, Tony m'avait emmené dans un restaurant étoilé malgré mes protestations. Je ne savais plus combien de temps on était resté autour de cette table, l'un en face de l'autre. 30 minutes ? 1 heure ? 2 heures ?

Il se montra très compréhensif vis-à-vis de ma petite « perte de contrôle » dans l'hôpital et fut très curieux de mieux connaitre Chloé. Il voulait connaitre ses habitudes, ses passions, ce qu'elle aimait, ce qu'elle détestait.

- Vous savez, à la base, Chloé et moi sommes de grandes fans de vous, lui expliquais-je alors que j'énumérais tout ce qu'elle aimait.

J'aurais peut-être pas du dire, ça... Dit comme ça, c'était étrange...

- A la base ? me fit-il avec un sourire en coin, légèrement amusé.

- C'est toujours le cas, je vous rassure, rajoutais-je précipitamment, une peu gênée.

- Je ne t'en voudrais pas si ce n'étais plus le cas. A cause de moi, une bombe a grièvement blessé ton amie... Je pense qu'il serait tout à fait compréhensible que tu m'en veuilles.

- Mais ce n'est pas le cas. Ce n'est pas votre faute donc je n'ai pas à vous en vouloir pour quoi que ce soit.

Je vis ses épaules s'abaisser de soulagement. Pardon ? Il était anxieux à l'idée que je puisse lui en vouloir ? Cela me gênait au fond, qu'il me porte tant d'intérêt, mais me touchait également beaucoup.

- Dans ce cas...

Il sortit un bout de papier et griffonna quelques mots en vitesse puis me le tendit. Je le lus et reconnu instantanément l'adresse.

- Voici l'adresse ou je vis... enfin, non pas toujours, ça vari mais... Bon on va dire que c'est ici que tu auras le plus de chance de me trouver. Si tu as un jour, je ne sais pas... besoin de mon aide ou de quoi que ce soit : viens ici, tu seras toujours bien accueillit.

- Merci, merci beaucoup, je ne sais pas comment vous remercier... soufflais-je.

- C'est tout à fait normal voyons ! Ah, j'oubliais !

Il me reprit le bout de papier des mains et y écrit à nouveau quelque chose avant de la plier soigneusement et de me le remettre, affichant un air malicieux. Je le pris délicatement et le mis dans ma poche en suivant mon intuition me disant de ne pas l'ouvrir maintenant.

Quand il m'eu déposé devant chez moi en voiture (magnifique Audi au passage) et que je me retrouvais seule sous la lumière jaunâtre du lampadaire, je dépliais doucement la petite feuille de papier et un grand sourire illumina mon visage. Naaan ? Sérieusement ? Il se foutait de moi là ?

Un autographe. Il m'avait donné un autographe. Ou bien il avait signé son adresse, selon le point de vue.

***
Un petit chapitre "pause" 😋
Donnez moi vos avis ! 💖

COMA ~ Marvel [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant