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La nuit tombait quand j'entrais enfin dans l'hôpital. J'étais allée rendre visite à mon père puis à ma mère et enfin, aux Johnson. Je n'avais même pas essayé d'évoquer le sujet de Chloé quand j'étais allée les voir : ils m'avaient bien fait comprendre qu'ils avaient déjà prit leur décision. Je m'étais donc contentée de m'assoir avec eux autour de la table basse à boire de la tisane, en essayant de faire come si tout allait bien (ce qui n'était évidemment pas le cas).

- Excusez-moi ?

Je n'aurais jamais cru me faire interpeller dans ce couloir vide, et encore moins par LUI.

- Ecoutez, je n'ai pas vraiment envi de recommencer un débat avec vous. Désolé, passez une bonne soirée, soupirais-je en continuant mon chemin.

Le jeune infirmier aux cheveux noirs me rattrapa et se mit à marcher à ma hauteur :

- Non, non, non ! Je suis venu m'excuser pour mon comportement de... la dernière fois. Je suis sincèrement désolé de vous avoir répondu de la sorte : je traversais une mauvaise passe et-

- Et bien je traverse aussi une mauvaise passe en ce moment même donc vous comprendrez que je ne sois pas forcément très encline à parler avec vous.

Il ne répondit rien mais ne partit pas pour autant.

- Vous êtes venu voir votre amie ?

- Non je suis venue jouer au scrabble. S'il vous plait, laissez-moi.

- Monsieur et madame Johnson ont pris une décision difficile qui n'est pas approuvée par tous. Néanmoins, en tant que membre de la famille, ils sont prioritaires et personne ne peut remettre cette décision en cause. Ils venaient tous les jours voir Chloé, ils passaient des heures assis à ses côtés. Je ne les ai jamais vu parler ni pleurer. Ils n'arrivaient plus à avancer dans leur vie donc ils ont fait en sorte d'apporter du changement.

- C'est un meurtre.

- Pour eux, c'est une délivrance.

- La leur ou la sienne ?

- Les deux je pense.

Je tournais enfin la tête vers lui et je fus heureuse de constater que ce n'était pas de la pitié qui habitait son regard. Je ne savais pas s'il pensait ce qu'il disait ou s'il essayait simplement de me faire comprendre le point de vue des parents de Chloé. Sur ce dernier point, il aurait beau tout essayé, rien ne me fera jamais accepter ce qu'ils allaient faire. Ils voulaient tuer leur fille parce qu'ils n'étaient pas assez forts pour aller de l'avant ? C'était un choix égoïste.

- Des centaines de gens meurent tous les jours, certain trop tôt. Et pourtant, leurs proches surmontent cette épreuve. Mais eux, non ?

- Là est le problème mademoiselle Erick : elle n'est pas morte à leurs yeux.

- Donc ils savent qu'ils vont la tuer en la débranchant ? Il n'y aura plus aucun espoir de retour.

- Vous savez tout comme moi que la probabilité qu'elle revienne parmi nous est faible à nulle.

Il n'avait pas tort. Il y avait quelques heures encore, je croyais dur comme fer à la réanimation de mon amie. Désormais, alors que le projet du nano drone ne représentait plus aucun espoir, j'avais accepté que son état comateux serait définitif. Mais était-ce une raison pour lui ôter la vie ?

J'arrivais devant la porte 401 et posais la main sur la poignée. Je vis du coin de l'œil le jeune infirmier s'éloigner, il n'y avait plus que nous deux maintenant : Chloé et moi. Le temps semblait ne jamais s'être écoulé dans cette pièce : son expression était la même, sa position aussi, ainsi que sa coiffure et ses vêtements.

COMA ~ Marvel [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant