Chapitre 38

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Je venais de comprendre... de comprendre que pendant ces cinq dernières années je m'étais voilé la face. J'aurais dû me réveiller plus tôt, me rendre compte que tout ça était faux. J'ai tout inventé et à la seconde où j'ai ouvert les yeux, tout ce que j'avais cru construire s'est évaporé comme un lointain mirage.

Et le pire de tout c'est que je l'avais trahi, je n'ai pas su tenir ma promesse, jamais mon frère n'aura connu les strass et les paillettes. Je n'avais même pas été capable de veiller sur lui et si aujourd'hui il n'était plus là, c'était entièrement de ma faute... et je devrais vivre avec ce poids sur les épaules.

Quand j'ai enfin pu sortir de l'hôpital, je me suis promis d'y laisser tout ce qui se rapportait à la musique. J'ai enfoui le rêve de mon frère au fond d'une boîte et je l'ai fermée à clé. Le rap n'avait plus aucun sens sans lui, vivre n'avait plus aucun sens sans lui. La vie était fade et les couleurs moins vives, les rires me paraissaient silencieux, les sourires forcés. Mon cœur battait et c'était bien le dernier signe qui attestait que j'étais vivant.

J'ai vécu comme ça pendant des années, des années passées à me lamenter et à m'en vouloir, à rêver d'un autre part... mais j'ai fini par me battre et par m'accrocher à la vie pour toi, Olivio. Je savais que tu aurais voulu me voir heureux et me voir passer à autre chose alors c'est ce que j'ai fait. J'ai appris que chacun fait son deuil à son rythme et que faire son deuil ne veut pas dire oublier mais se relever et avancer...

Jamais je n'oublierai mais grâce à la force que tu m'as donnée, j'ai pu reconstruire ma vie et reprendre là où tout s'est arrêté. Je n'ai pas eu le temps de te dire adieu et de te dire combien tu comptais pour moi, c'est pourquoi cette histoire t'est léguée.

La réalité n'est qu'illusion Où les histoires vivent. Découvrez maintenant