A l'aube, quand tout s'éclaire enfin, il ne reste que les stigmates du chagrin passé. Celui qu'on peine à oublier et qui fait à présent parti de soi. Le même sur lequel on porte un regard attendri. C'est fini. La boucle est bouclée. Ce qui est devant n'est qu'un nouveau challenge à relever.
Ce soir-là, Louis s'en est allé avec les fragments de mon cœur en miette. Il l'avait réparé soigneusement après l'avoir jeté par terre. Comme un enfant turbulent qui casse un verre et s'empresse de recoller les morceaux entre eux. Le verre est ébréchée, mais peu importe. La vie est ainsi.
J'ouvrais enfin les yeux. Des mois d'errances et de peines inavouées, partirent comme un lambeau de fumée. Le soulagement. Ma vie venait d'être rapiécée. Le train se remettait en marche. Et hors de question, cette fois-ci de rester sur le bord du quai. Il n'y avait plus d'excuses valables. Il n'y en avait jamais vraiment eus.
J'accueillais la fin de cette histoire comme une renaissance soudaine. Pas parce que c'était fini, mais parce que je n'avais plus d'autres choix que de l'accepter.
Nos chemins avaient véritablement déviés. Ce qui ne changeait rien à mes sentiments. Mais il fallait être clairvoyants, parfois les histoires d'amour ne sont pas faites pour durer. Nos dissemblances, nos modes de vies, venaient de mettre un terme à tout le reste. C'était ainsi. Le laisser filer. Et l'accepter. Sans heurt cette fois.
Si il avait marqué ma vie ? Oui. De la plus belle des manières d'ailleurs. Je savais qu'une partie de moi ne s'en déferait jamais. J'allais chérir cette parcelle de mon âme comme une pierre précieuse. Parce que Louis avait fait de moi ce que je suis. Je lui devais plus qu'à n'importe qui. Il m'avait fait croire que la vie n'était qu'une succession de possibilité. Durant les mois d'obscurité, j'avais terriblement oublié de m'en rappeler. J'avais cru stupidement que mon égo morcelé prévalait sur le reste. Louis m'avait rendu ma liberté parce qu'il ne pouvait plus combler le trou béant que je fabriquais entre nous. Dans un certain sens, il m'avait rendu service.
Ma fuite à Paris semblait alors le meilleur remède contre le manque. La distance devait entrainer celle du cœur. Au lieu de cela, cette fichue distance avait juste rendue les choses plus compliquées.
À présent, je voulais qu'il soit heureux. Et si ça voulait dire sans moi, j'étais d'accord de me résigner. Parce qu'au fond de moi, une petite lueur me faisait croire que je pouvais l'être aussi. Sans colère, sans morsure.
Au-revoir Louis. Prends bien soin de toi. Continue de m'aimer, au moins un tout petit peu. Parce qu'on n'enterre jamais vraiment une jolie histoire. Elle flotte dans l'air. Toujours. Et fait grandir. Apprends beaucoup sur soi, sans même le savoir. Et endurcie aussi. Fatalement.
Accepter de s'être fait mal, c'était déjà un pas en avant. Personne n'est infaillible. Ça aussi, c'est la grande mésaventure de la vie. Tout le monde finit un jour par tomber.
Ma chute avait été lancinante. Mais les égratignures restaient les mêmes. Un jour, j'avais simplement décidé de les soigner. Au bord des quais, je tolérais enfin que le chapitre se referme. Les pages avaient étaient réécrites mille fois. Nos vies venaient de subitement changer d'itinéraire. Et nous étions déjà trop loin pour rallier nos sentiers bosselés.
La rupture se créée. Il est à jamais trop tard pour rattraper l'autre. Avec un regard entendu, le générique de fin prend place à l'écran. La musique en découle. Des notes de démission, les mêmes qui chantent la fin d'un amour et peut-être le début d'un autre. Game Over.
Louis venait de partir. J'observais sa silhouette s'enfoncer dans la nuit. Et je ne sais plus combien de temps, je suis restée figée contre la rambarde donnant sur la Seine. En rémission, j'avais besoin du silence apaisant de l'eau qui stagne en surface pour faire le point.
Quand on arrive au pied du mur et qu'il faut lâcher les armes pour de bon, il ne reste plus grand-chose à part le silence. Cet imperceptible murmure qu'il est temps d'apprécier à sa juste valeur.
Quand ma raison refit surface, le ciel n'était plus qu'une toile noire pavée d'étoiles. Soudain, le bruit de la ville fit écho en moi. À ce moment précis, j'eus l'infime conviction, que je venais de réapparaitre pour de bon parmi le vacarme ambiant.
"La rupture est faite, l'amour s'est envolé : bon voyage !" - George Sand
Note de l'auteur :
Petit chapitre cette semaine, mais pour autant particulièrement compliqué à écrire.
Voilà, Emma a enterré Louis. Ou Louis a permis à Emma de l'enterrer, je ne sais plus... Toujours est-il que c'est fini. La page se tourne joliment cette fois.
Mais, on ne va pas en rester là n'est-ce-pas?
Il se pourrait que quelqu'un fasse une réapparition ... des idées ? :P
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Et ma nouvelle fiction "Soisek" est en ligne (il n'y a que 4 chapitres) mais un peu d'aide de votre part et je suis sûre que j'aurais envie d'écrire la suite très très vite !
À la semaine prochaine (ou peut-être même avant, qui c'est ?)
Em.
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20 ans et quelques | Terminée |
ChickLitEmma a 25 ans et traverse les méandres de la crise du quart de siècle. Obstinée à ne pas voir l'éléphant dans la pièce, elle continue son chemin se heurtant souvent à l'ennui et aux regrets en tout genre. C'est sans compter l'aide de ses amis, une r...