Vingt cinq !

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J'entrepris de faire le tour du quartier, tentant vainement de me familiariser avec les lieux. Je laissais mes pieds me guider au gré de leur envie, laissant mon cerveau divagué perdant le fil de mes pensées. Je venais d'être embauchée, et pour autant je n'arrivais pas à me réjouir à la hauteur que la nouvelle aurait dû provoquer à ma fierté. Je ne ressentais pas grand-chose, si ce n'est qu'une aigreur malsaine logée au fond de ma gorge. J'étais entrain de me demander à quel moment j'avais déconné.

« J'avais invité l'ensemble de ma famille et mes amis les plus proches à fêter ce qui allait être le dernier anniversaire du reste de ma vie : mes 25 ans. J'ai détesté cet âge à la minute où j'ai basculé dans l'autre moitié de la vingtaine. 25 ans, ça pousse les gens à te souhaiter tout un tas de conneries, réussite professionnelle, mariage, enfants, achats immobiliers, à peu près tout ce qui te file la gerbe quant ta seule préoccupation pour l'instant c'est de trouver un sens à ta vie. C'est à partir de ce moment là que j'ai basculé dans le côté obscur de cet âge traitre et incompris. J'étais déjà submergée de doutes depuis le début de mon existence que j'avais tenté de refouler en faisant l'autruche, mais il s'avérait à présent beaucoup plus difficile de ne plus y faire abstraction. Qu'est-ce que j'allais faire de moi ?

Félicitations, je venais de rentrer dans l'ère où tout ce que l'on croit... n'est plus !

Si je pensais jusque là avoir traversé le plus dur, l'ironie de la situation n'en aurait été que plus drôle. Je venais à peine de mettre les pieds dans ce que je qualifierai d'hégire la plus désagréable qui soit. Enfin je me regardais telle que j'étais vraiment. Sans le moindre signe de compassion à mon égard, sans la moindre bienveillance.

Je venais de faire le point sur ma situation, et le bilan me décevait. J'avais la déplaisante sensation de m'être réveillée d'une longue sieste.

Pour moi, ça a sonné comme un glas et j'entends encore ce bruit strident résonner dans mes oreilles.

Après avoir levé des coudes toute la soirée de mon anniversaire faisant semblant de me sentir dans mon élément, il était clairement l'heure d'aller se coucher, moi, mon alcoolémie et mon pote à deux chiffres. J'avais la désagréable impression que le sablier venait de s'enclencher, provocant en moi un sentiment d'urgence.

J'ai donc commencé ma « nouvelle » vie de pseudo adulte, bourrée et dépressive (à peu de choses près).

Le lendemain matin suivant le jour du chaos intérieur, j'aurais pu décider de passer cette journée au lit avec des mouchoirs en papier, mon chien et une série B à l'eau de rose mais comme ça se passe rarement comme je le voudrais, j'ai passé l'intégral de ma sordide journée à lire le mode d'emploi de ma machine à laver avec comme désagréable impression que quelqu'un quelque part se foutait bien de moi. »

Sans m'en rendre compte je venais de stopper ma marche pour me remémorer cet infâme moment. J'entrepris donc de continuer ma course, chassant de mon esprit les brides de cette réminiscence. Je n'étais jamais aussi seule que dans les rues de Paris.

20 ans et quelques | Terminée |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant