Chapitre 11 - Tu es différent.

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Les jours qui suivirent, ses amis firent de réels efforts afin de prendre en compte Aurélien dans leurs discussions. Il voyait à quel point ils faisaient des efforts pour se mettre à son niveau et pour comprendre le fonctionnement de ce langage. Guillaume était heureux de les voir autant s'appliquer à lui démontrer qu'ils voulaient être ses amis de même. Et en même temps... Il ne pouvait pas s'empêcher de ressentir un petit pincement au cœur. Peut-être qu'Aurélien le laisserait une fois qu'il aurait comprit qu'il n'avait plus besoin de lui. Une fois qu'il aurait de nouveaux amis. Il observait ses amis tristement, se faisant cette réflexion, lorsqu'il sentit la main d'Aurélien se poser délicatement sur son avant-bras et il croisa le regard interrogateur de Matthieu.

Ça va pas ? signa Aurélien et il se reprit, forçant un petit sourire sur ses lèvres.

Si, si, tout va bien. Ne t'en fais pas... signa-t-il précipitamment afin de le rassurer.

Guillaume, signa Aurélien en le regardant d'un air légèrement inquiet. Tu peux tout me dire, je te l'ai déjà dit. Je vois bien que ça ne va pas...

Guillaume baissa les yeux et il entendit Matthieu lui parler de l'autre côté de la table.

« Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

— Rien, c'est bon.

— Non, sérieux mec, dit Ablaye à son tour et il se leva alors, commençant à ne plus supporter leurs questions inquisitrices.

— Rien, j'vous dis. C'est bon, lâchez-moi maintenant. J'vais aux chiottes. »

Lorsqu'il se leva, il croisa le regard confus de Aurélien et il lui adressa un petit sourire en voyant une expression inquiète apparaître sur ses traits.

Je reviens, signa-t-il. On se rejoint en cours.

Aurélien fronça les sourcils et fit mine de se lever.

Non, reste avec eux Orel. S'il-te-plaît.

Aurélien ouvrit la bouche pour lui parler avant de s'arrêter, se rappelant qu'ils n'étaient pas seuls. Guillaume tourna les talons et partit en direction des toilettes. En fait, il commençait à comprendre ce qui n'allait pas avec lui. On n'est pas jaloux de ses amis, pensa-t-il. Surtout que ce sont mes meilleurs amis. Il n'y a aucune raison de s'inquiéter par rapport à eux, on pourra toujours être nous quatre ensemble. Aurélien n'aura pas à me quitter. Et surtout, on ne ressent pas ça pour un ami... Il sentit ses yeux se mettre à le piquer et s'assit sur la cuvette des chiottes, prenant sa tête entre ses mains.

***

Lorsqu'il rejoignit ses amis plusieurs minutes plus tard devant la classe, il fut surpris de trouver Ablaye en train de menacer Jean, les mains agrippées à son col. Il fronça les sourcils et se rua vers Matthieu qui se tenait près d'Aurélien, une main sur son dos.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-il d'une voix paniquée à Matthieu alors qu'il posait une main sur l'épaule d'Aurélien.

— Ce connard l'a insulté, expliqua Matthieu en désignant Jean. Et il l'a poussé contre les casiers pendant qu'on regardait pas. Alors Ablaye s'est vénèr et c'est pour ça qu'il est en train de le démonter depuis tout à l'heure. »

Orel, ça va ? signa-t-il rapidement en passant une main sous son menton pour qu'il le regarde.

Aurélien hocha la tête silencieusement et il soupira en voyant qu'il avait les larmes aux yeux.

Tu es sûr ? Tu as mal quelque part ?

Aurélien secoua la tête alors il s'éloigna pour rejoindre Ablaye.

« Ablaye, arrête. C'est bon. »

Ce dernier lâcha Jean et le regarda d'un air surpris. Il serra la mâchoire et fit mine de tourner les talons avant de se retourner brusquement et de décrocher une droite à l'autre garçon. Ablaye recula, surpris.

« Ça c'est pour t'en prendre à Orel. Espèce de lâche. »

Jean le regarda d'un air déboussolé et il tourna les talons, rejoignant Aurélien et Matthieu. Ce dernier le regardait les yeux écarquillés et il prit Aurélien par les épaules, entrant dans la classe avec lui.

***

« Pourquoi tu as fait ça ? lui demanda le plus jeune le soir, après qu'il ait mangé chez lui.

— Fait quoi ? dit-il en s'affalant sur la chaise de la chambre du plus jeune.

— Jean, répondit Aurélien sur le ton de l'évidence en venant s'asseoir sur son lit. Tu sais de quoi je veux parler.

Il a pas à te toucher, signa Guillaume en fermant les yeux.

— Je ne veux pas que tu te battes, Guillaume. Et surtout pas pour moi. » dit tristement Aurélien et il ouvrit alors les yeux.

Il l'observa, assis sur son lit, et il lui fit penser à un petit garçon apeuré à ce moment-là. Il se leva et vint s'accroupir devant lui, venant chercher ses yeux.

« Orel, t'es le seul pour qui je me battrai. Je ne veux pas qu'on te fasse du mal, c'est tout. »

Aurélien rougit légèrement à ça et il le vit avancer timidement une main vers son visage. Il faillit reculer mais se força à rester immobile et bientôt Aurélien glissa une main dans ses cheveux, venant caresser son visage tendrement.

« Ne te bats pas pour moi.

— Je ne peux pas, Orel.

— Pourquoi tu es parti à table ? demanda alors Aurélien, le surprenant.

— Parce que... j'ai eu peur, avoua Guillaume en fermant les yeux. J'ai pensé au fait qu'un jour tu partiras. Qu'un jour tu te feras d'autres amis et que je ne te suffirai plus. Je suis égoïste à ne penser qu'à moi comme ça, je sais...

— Pourquoi tu penses ça ? s'étonna Aurélien. Je ne partirai pas, peu importe combien de personnes je rencontrerai.

— Tu te feras d'autres amis dans le futur.

— Ce sera jamais pareil, souffla Aurélien et il ouvrit les yeux.

— Comment ça ?

— C'est... différent. Tu es différent. »

Guillaume le regarda d'un air surpris et Aurélien lui sourit tendrement sans rien rajouter de plus. Il ferma alors les yeux à nouveau et se concentra sur les caresses d'Aurélien dans ses cheveux. Oui. C'était différent. Ce qu'ils avaient tous les deux, c'était différent. Et alors ? Pourquoi devrait-il mettre un nom sur ce qu'il ressentait ?

Fiction OrelxGringe - A Silent Voice.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant