Chapitre 18

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Nous continuons de courir à travers les ruelles sombres de la ville, Levi me tenant par la main. La faible lumière des lampadaires permet à peine de nous indiquer le chemin. Au bout de quelques minutes de course sans s'être arrêté, Levi me tire dans un petit cul de sac très étroit, à l'abris des lumières.

Il m'attire derrière une poubelle et s'assoit par terre contre un mur. Je m'accroupis devant lui, je le regarde avec tristesse. Je ne l'ai jamais vu aussi affligé. Tête baissée, ses cheveux retombent devant ses yeux. Un silence s'installe, laissant seulement le bruit de la pluie et des sirènes raisonner au loin. Je n'arrive pas à savoir ce qu'il ressent. Il redresse lentement sa tête et son regard sombre vient se plonger dans le mien.

Il me fixe, les yeux brillants. Il saisit doucement ma tête entre ses mains gelées, et dépose ses lèvres sur les miennes. J'approfondis ce baiser par la peur, par l'envie, par la tristesse, par le désir de l'avoir au près de moi. Il se retire et prend mes mains, avant de murmurer désespérément.

Levi: Tu vas plus pouvoir rester là pour longtemps. Tu ferais mieux de t'enfuir par cette échelle.

Eren: Non. Je te laisserai pas.

Levi: Tsk. Tu sais bien que tu peux pas me suivre, t'auras des ennuis comme moi, et je veux surtout pas t'emmener là dedans.

Eren: Je m'en fou, je te lâcherai pas, quoi qu'il arrive. Je... Je veux pas te perdre Levi... Je t'aime. Je te le dirai jamais assez.

Ma voix tremblote et j'en perds mes mots. Il resserre ses mains autour des miennes, et vient m'embrasser une seconde fois pour me rassurer et me calmer. Il me saisit le cou pour intensifier ce baiser. Sans doute le dernier baiser. La pluie coule sur nos deux corps chauds et si froids en même temps. Les larmes commencent à monter lorsque les sirènes retentissent de plus en plus fort. Je sens que c'est la fin d'un rêve. La fin de tout.

Levi: Vas t'en Eren. S'il te plaît. Vas t'en.

Eren: Je... Je peux pas... Non...

Levi: Je suis désolé...

Il se relève d'un bond et sort de la ruelle en courant en direction de la route. Les voitures de police débarquent au même moment, et j'aperçois Levi lever les bras et s'agenouiller à terre. Je reste figé sur place. Je n'arrive pas à réagir, pas à bouger. Mon cœur se serre. Les policiers le pointent de leurs armes et l'embarquent avec eux.

La dernière chose que j'arrive à percevoir, c'est le regard de Levi. Son regard sombre rempli d'affliction et de désespoir. Ses yeux gris perçants qui me distinguent pour la dernière fois. J'entends les claquements des portes et les moteurs qui ronflent. Puis en un claquement de doigts, ces sons disparaissent aussi vite qu'ils ne sont arrivés. Ça y est, c'est terminé. Je me retrouve seul. Dans la nuit. Sous la pluie. Dans un silence des plus total. Je suis détruit. J'ai très mal. Mon cœur veut crier, il ne supporte plus.

Eren: LEVIIII !

Je n'en peux plus, je craque. Je fond en larme en hurlant son nom. Je cogne mes poings au sol, je n'arrive plus à me contenir. Je cris, toujours plus fort. Jusqu'à ce que ma voix ne puisse plus supporter. Pourquoi est ce que je ne suis pas parti avec lui ? Pourquoi ? Même dans le danger, j'aurai pu être à ses cotés. C'est la seule chose qui comptait pour moi. Je me frotte les yeux d'un revers de manche et renifle un bon coup.

Je ne peux plus rien faire. Je n'ai plus de force. J'ai besoin de repos. Je dois avoir une mine complètement décomposée. Je veux me réveiller en espérant que tout ça n'est qu'un cauchemar. Mais malheureusement, ça ne l'est pas. Je me redresse, collé contre le mur, et enfoui ma tête dans mes genoux. Je reste assis là, dans le froid, n'arrêtant pas de le pleurer, jusqu'à ce que mes larmes se vident entièrement.

Soudain, j'entends un bruit de voiture se garant devant la ruelle. Je relève lourdement la tête et mon regard se perd vers ce bruit. Je la reconnais. C'est la voiture de Mikasa. Je l'aperçois sortir du véhicule avec Armin. Tous deux courent en ma direction, paniqués, et des parapluies à la main.

Mikasa: Eren !

J'arrive à peine à distinguer leurs voix. J'ai la tête ailleurs. Je sens qu'elle est lourde et j'ai très mal. Armin s'agenouille et pose ses mains sur mes épaules pour me secouer.

Armin: Eren est-ce que ça va ? Tu es blessé ?

Je les regarde sans rien dire. Je vois flou. J'essaie de reprendre mes esprits, mais c'est difficile. Mon regard alterne entre leurs deux visages. Je leur répond à voix très basse.

Eren: Comment vous m'avez retrouvé...?

Armin: On a utilisé la localisation sur ton portable. On t'a cherché partout ! Ta mère est super inquiète... 

Mikasa: Eren, qu'est ce qu'il s'est passé ?

Eren: Je... Tout est passé si vite... Je suis perdu...

Mon regard divague vers la route. Je me remémore ce moment. Ce dernier instant. Quand il est partit. Et qu'il ne reviendra plus. Une larme roule sur ma joue.

Armin: On te ramène à la maison, tu as besoin de repos. Tu dois être gelé !

Mikasa et Armin passent chacun un de mes bras sur leurs épaules et m'aident à avancer vers la voiture. Une fois dedans, je m'allonge sur la banquette arrière. Mon corps tremble comme une feuille. Mikasa me donne une couverture dans laquelle je m'enroule. Je suis extrêmement fatigué. Rapidement, je m'assoupis et toutes mes pensées malheureuses s'atténuent, pendant un cours instant.

Arrivé chez moi, mes deux amis m'aident à monter et à m'installer dans mon lit. Ma mère se réjouit de me revoir mais n'insiste pas pour m'adresser la parole, voyant mon état. Mikasa s'occupe de moi comme si j'étais son enfant. Elle a toujours était très protectrice avec moi, et là encore plus. Elle m'embrasse sur le front et me souhaite de bien me reposer.

Armin me dépose une boisson chaude sur ma table de nuit, et quitte ma chambre. Qu'est ce que je ferai sans eux ? Je ne sais pas. Mais ce n'est rien comparé à Levi. Il me manque déjà tellement. Je ferai tout pour le retrouver. Je ne pensais pas que la perte d'un être cher pourrait autant me détruire.

Je l'aime. Je l'aime tellement. Je me le chuchotte à moi même « Je t'aime Levi » tout en pressant contre mon nez son t-shirt que je porte sur moi. Je ne peux pas me libérer de son odeur, elle me rassure, c'est mon calmant. Elle me hante.

Amour aveuglant [Riren]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant