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"Fais ton autoportrait. Piste de travail : la façon dont l'aspect extérieur, physique, traduit l'intériorité (description en prose)„

Gni. Au secours.

Nan, en vrai c'est demain que je vais chialer toute ma vie x)


Je suppose que la première chose que l'on remarque -ou, à défaut, que l'on devrait remarquer- chez Héloïse, ce sont ses cheveux.

Tignasse controversée, elle est aussi emmêlée, touffue, épaisse, confuse, indomptable, discontinue et agaçante que le flux de ses pensées. À croire que sa masse capillaire prend directement racine dans le contenu de son crâne. Elle lui sert parfois de masque contre la réalité.

((Apparemment, ils sont plus jolis lisses, mais les pensées plates et ordonnées, c'est moins chouette.))

Deux fines et indistinctes lignes barrent son front, futures rides, témoins de trop de sourcils froncés, haussés, dubitatifs ou amusés qui remettent constamment tout son environnement en question.

Ensuite, il y a ses yeux. Je dois avouer que ses yeux en laissent plus d'un pantois de jalousie. Eux aussi changent de couleur, entre le bleu, le gris et le vert, et expriment encore plein d'autres couleurs dans un caléidoscope infini d'émotions. Yeux qui se plissent et se ferment souvent, conséquence d'une pensée trop intense, pour mieux voir à l'intérieur. Les iris auréolées de rayons jaunes sont là pour rappeler un soleil intérieur qui a tendance à se voiler. Ses yeux sont le trou du masque.

((Je peux vous assurer que c'est le matin qu'ils sont le plus beaux. Aubes qui se lèvent vierges des malheurs du monde, d'un bleu pur gorgé du sommeil. Gare à quiconque oserait lui adresser la parole à ce moment-là : ils deviennent rouges d'agacement et expriment un « ta gueule c'est le matin je suis pas encore prête à affronter les obligations de ma qualité d'humaine » bien senti.))

D'ailleurs, il faudrait croire qu'ils vont se coincer, ses yeux, parce qu'elle les lève trop au ciel. C'est pas sa faute, le ciel immense est toujours un grand réconfort contre la petitesse de la connerie humaine.

En-dessous, s'installent maintenant des hamacs de veines bleutées, militantes acharnées pour le droit sacré au sommeil.

Son nez... il est bizarre son nez. Je ne saurais expliquer comment. Il naît droit puis vers la fin, il a décidé qu'il préférait plonger plus à droite qu'à gauche. Malgré les vaines tentatives d'Héloïse pour le remettre droit -qui, à mon avis, ne font qu'empirer la chose-, il reste tout aussi bizarre. En plus il est couvert de vilains petits points noirs qu'elle a essayé de faire disparaître par TOUS les moyens sans succès. Il n'a pas non plus des supers pouvoirs olfactifs -du vin, c'est du vin, ce n'est bon que quand ça te réchauffe le cerveau- mais il a un flair non-négligeable pour certains parfums, l'appel de la nourriture, le chocolat et les bonnes séries.

Passons. Vous ne verrez jamais Héloïse sourire avec les dents. Et si vous le voyez, vous remarquerez qu'elle s'empressera de resserrer ses lèvres gercées. Depuis son enfance, elle a toujours fait comme ça et les rares fois où on l'a obligée à sourire avec les dents ouvertes, elle a eu l'air d'un babouin ((en plein sur l'affiche de son spectacle de danse)). Et puis, il faut savoir que ses dents longues et pas tout à fait alignées résultent de la torture longue de trois ans par une orthodontiste médiocre et du retranchement affolé de ses gencives débiles. Puis, d'une certaine manière, elles aussi préfèrent pencher sur la droite en une petite diagonale non expliquée jusqu'à présent. Héloïse aime à se dire qu'avec les cheveux, ça lui fait un point de plus en commun avec son héroïne Hermione.

Writober 2018Où les histoires vivent. Découvrez maintenant