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"Écris l'incipit d'un roman (travail sur l'accroche)„

Improvisons un truc parce que je peine à me lancer dans l'incipit d'un projet sans continuer le projet :')

C'est à cet instant que les plombs ont sauté.

« Connard qui a dit que pour être heureux fallait allumer la lumière, c'est bien un signe du destin ça, rah. » marmonnais-je en martelant rageusement l'interrupteur.

Au même moment, ma petite sœur s'est mise à crier.

« Bordel. » ai-je soufflé. Sa veilleuse avait dû s'éteindre. J'étais un bien piètre baby-sitter.

J'avais dégoté quelques bougies dans l'armoire que j'avais allumées sur mon bureau. Les parents ont beau nous répéter à quel point c'est mal de fumer, avoir un briquet à portée de main pouvait se révéler utile. Ma sœur installée contre mon col, j'essayais de me remettre à mon chapitre de maths. Coupure de courant ou pas, l'avenir de ma moyenne se jouait demain.

Malheureusement, je n'étais pas quelqu'un qui parvenait à rester longtemps concentré. Mes yeux étaient captivés par les petites gouttes de lumière qui semblaient flotter au milieu du néant. Ça m'aveuglait un peu, alors que c'était si petit. Les flammes s'agitaient, avaient de brusques soubresauts, des écarts soudains, comme prises d'assaut par des combats intérieurs. Elles me faisaient penser à mon esprit. J'avais l'air apaisé et calme, comme ça, mais parfois il y avait de brusques éclairs qui me criaient des pensées aussi aléatoires que  : « TU AS OUBLIÉ TES ÉCOUTEURS, MEURS ! », « nan laisse-moi tranquille je veux pas penser maintenant, chut. », « est-ce que les éléphants s'étouffent parfois en aspirant des cacahuètes ? ».

« Théooooo, j'arrive pas à liiiiire, on dirait du chinois, ça veut dire quoi ? » m'a rappelé à l'ordre mon adorable petite sœur en empoignant ma feuille de maths, un air consterné sur le visage.

« Ça ne veut strictement rien dire, Sophie, au moins là-dessus t'as raison. »

L'odeur m'a assailli en premier. Une odeur agréable et douce qui était vite devenue rance.

Réagissant un peu trop tard, j'ai frappé la main de Sophie pour qu'elle lâche la feuille et l'ai plus ou moins jetée hors de ma chambre -Sophie, pas la feuille. J'empoignai le papier et le secouai, ne réussissant qu'à le faire flamber un peu plus vite. Sous mon geste brusque, une bougie bascula et déversa ses larmes de cire sur le reste de mes cours. La petite flamme a continué un instant à brûler innocemment avant de se métamorphoser en monstre dévoreur et de s'attaquer à mon classeur.

« Sophie, va chercher de l'eau ! ai-je crié, la voix trop aigüe.

-Je vois rien ! Je sais pas où c'est ! J'ai peur Théo ! » pleurait ma sœur.

Je me suis précipité au dehors, fouillant frénétiquement dans toutes les armoires pour trouver un verre assez grand, renversant de la vaisselle qui alla s'éclater à terre avec un bruit d'étoile déchue.

J'ai ouvert le robinet trop brusquement. Une gerbe d'eau a jailli violemment, trempant mes vêtements, mon visage et le sol.

La panique commençait à m'étreindre, je n'arrivais plus à réfléchir, tout était sombre, sauf un éclat rouge depuis ma chambre. J'ai donc voulu y courir. Seulement, j'ai volé. L'espace d'une seconde le temps m'a semblé s'arrêter en un dérèglement de tous les sens. Ensuite, une douleur sourde a envahi l'arrière de mon crâne. Dans mon dos, sous mes pieds, de petites piques lacéraient ma peau. Tout mon corps cuisait.

J'ai perdu la notion du temps à nouveau, plongé dans un néant plus profond que l'obscurité ambiante.

Et encore, cette lueur rouge.

***

« ... Et c'est comme ça que je me suis précipité dans une maison en flammes pour sauver le bébé qui hurlait.

-C'est vraiment courageux de ta part, comme dans les films !

-T'es un peu un héros en fait ! Pourquoi on n'a jamais entendu parler de ça ?

-Ouais je sais... Oh, je crois que mon ami m'appelle, je reviens !

-Wow, mec ! Il lui est arrivé quoi à ta face ? »

J'ignore la remarque en m'écroulant sur un canapé à côté d'Arthur.

« C'est bon, je me casse.

-Quoi ? Non, mec, reste.

-Mais putain mais on peut pas nous traiter comme des jeunes normaux ? Regarde : on est à une soirée avec de la musique trop forte, on se trémousse comme des asticots et on se bourre illégalement la gueule. Merde, quoi ! qu'ils arrêtent de me regarder comme de bête de foire. Et mon profil de héros me permet même pas de pecho des filles !

-On n'est pas des jeunes normaux, Théo, je suis un geek et t'es un handicapé.

-Je suis pas handic-

-Mental, j'entends.

-Haha. Très drôle.

-Pourquoi vous êtes encore en train de déprimer tous les deux ! nous crie Gaëlle, déjà un peu (trop) éméchée.

-Théo nous refait une crise existentielle.

-Roh, Théo, tu peux pas juste t'amuser comme un jeune normal ?!

-On disait justement que... »

Mais Gaëlle ne veut rien entendre et nous entraîne de force dans les sombres méandres de la fête. Jusqu'à la fin de la soirée, elle arrive à nous faire oublier tous nos soucis. Gaëlle est un don du ciel.

Cependant, Arthur n'a pas tort. On n'est pas des jeunes normaux.

VOUS ÊTES ACCROCHÉS ? X)))))))

Writober 2018Où les histoires vivent. Découvrez maintenant