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J'en ai marre.

Mon poing heurte l'armoire avec force. Elle explose, répendant mes maigres possessions un peu partout dans la chambre vert feuillage. Je hurle.

— Lyka ! La ferme ! Y en a qui bossent ! s'époumone Irène depuis le rez-de-chaussée.

Mes doigts se serrent autour du tissu d'un t-shirt que je viens de ramasser. Je le place avec lenteur sur le lit défaut et inspire profondément.

Vivement la semaine prochaine... soupire Morrigan, contenant avec peine sa rage.

Je suis complètement d'accord. Vivre encore un mois avec eux me semble insurmontable. Je ne cesse de garder difficilement le contrôle sur ma colère et j'ignore ce que j'aurais fait si mon séjour dans la Meute ne m'avait pas apaisée durant deux mois mouvementés. Irène et son mari... Ils ont d'abord tenté de me sonder. Ne voyant aucune explosion de rage violente de ma part dans les premiers jours, ils ont cru que j'avais changé. Oui, c'était la cas mais pas comme ils auraient voulu. Ils ont commencé à m'ordonner toute sorte de choses, comme m'occuper de ma sœur adoptive. Comme le soir où je suis revenue. J'ai bien failli la balancer dehors avec les poubelles, celle-là ! Mais quelques cris ont suffi à lui faire comprendre que je ne plaisantais pas.

Je commence à ramasser mes habits en soufflant. Plus qu'une petite semaine.

***

— Dis, Lyka, tes notes sont en chute libre...

— C'est pas comme si elles avaient un jour été assez haut que pour chuter, rétorqué-je. Je fais ce que je peux.

Irène tremble de fureur. Entre nous, c'est elle qui a le plus de mal à garder son calme. Elle ne supporte pas que je reste stoïque face à elle. Elle déteste l'idée que sa fille adoptive soit aussi nulle en cours, aussi. Mais ce n'est pas ma faute si les profs ont décidé que j'allais avoir moins que la moyenne à chaque fois ! À croire que ce sont mes vêtements perpétuellement noirs qui me donnent la tête d'une rebelle.

Et puis, je dois avouer que ça m'amuse de les voir pincer leur sourire en me rendant ma copie presque couverte de rouge. Et quand j'ai l'audace de répondre correctement, ils trouvent toujours un moyen de me retirer des points.

Irène ne comprend pas ça. Elle est à fond pour les profs. Ce sont eux qui ont raison, tout le temps, pas la sale môme adolescente qui lui traîne dans les pattes, même si elle rapporte des sous.

— Je pense qu'un stage de remédiation s'impose. Tu as eu un sur vingt en mathématiques, ce n'est pas admissible.

— Mais quand est-ce que tu caserais ça dans ma semaine ?!

— Oh, les vacances de Noël, je pense que ça te ferait du bien, répond-elle avec un sourire sadique.

Mes paumes heurtent le bois de la table avec un choc sourd qui la fait sursauter.

— Alors là ! Pas question ! craché-je. Tu m'as déjà casée chez ta sœur !

— Mais tes notes en math ne peuvent pas attendre.

Son calme olympien n'est que façade, je le sais bien. Seulement, elle a trouvé un point sur lequel appuyer pour m'énerver.

— Et qu'est-ce qui te ferait changer d'avis ? fais-je avec une voix mielleuse.

Elle cligne des paupières et semble réfléchir rien que pour faire durer l'attente. Puis, elle claque de la langue et me lâche :

Prédation, L.2 : Le Sanctuaire [FINIE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant